Question de M. LEROY Henri (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 09/11/2018

Question posée en séance publique le 08/11/2018

M. Henri Leroy. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Nos forces de sécurité intérieure sont dans un état général très inquiétant. Pas un jour ne passe sans que nos policiers et nos gendarmes soient caillassés, insultés et molestés. Leurs agressions se comptent par centaines et leur moral est au plus bas : ils ne se sentent pas soutenus, ils sont peu considérés et mal équipés. La vague de suicides se poursuit et s'amplifie, jusque dans des lieux hautement symboliques, comme un appel au secours.

Le projet de loi de finances pour 2019 ne répond ni à leurs espoirs ni à leurs attentes. Il ne fait qu'entretenir une situation qui les a amenés là où ils sont.

Pourtant, la violence ne cesse d'augmenter dans les villes comme dans les campagnes. Elle devient habituelle, voire permanente. L'insécurité gagne sans cesse du terrain. Les missions de nos forces de sécurité intérieure se multiplient constamment.

La réponse pénale n'est pas en adéquation avec cette nouvelle forme de criminalité.

La commission d'enquête sénatoriale sur l'état des forces de sécurité intérieure a travaillé pendant plus de six mois, mené près d'une centaine d'auditions, effectué de nombreux déplacements sur le terrain et rédigé trente-cinq propositions concrètes qui sont le reflet des attentes de ces hommes et de ces femmes qui nous protègent.

Nos gendarmes et nos policiers attendent des réponses concrètes : il y va de leur sécurité et de celle de nos concitoyens.

Monsieur le ministre, ma question est simple : dans votre plan d'action, quels moyens comptez-vous donner aux forces de sécurité intérieure pour stopper ce climat de violence qui s'accentue de jour en jour ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Anne-Catherine Loisier applaudit également.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 09/11/2018

Réponse apportée en séance publique le 08/11/2018

M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Leroy, vous avez raison de faire ce constat d'inquiétude et de non-respect… (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) Je crois, mesdames, messieurs les sénateurs, que nous sommes tous d'accord : ce n'est pas la peine de réagir ainsi ! (Mêmes mouvements.)

Nous sommes tous d'accord : il y a aujourd'hui un non-respect des institutions et, notamment, une mise en cause, presque systématique dans certains quartiers, de nos forces de sécurité. Or, chaque fois que l'on met en cause un policier ou un gendarme, c'est la République que l'on met en cause ! C'est pourquoi il faut leur apporter tout notre soutien. Chaque jour ou presque, je rencontre des policiers ou des gendarmes ; je rencontre nos forces de sécurité pour être à leurs côtés.

Mais il faut traduire cela dans les actes. En deux ans, le budget du ministère de l'intérieur aura augmenté de plus d'un milliard d'euros. Dans quelques jours, je viendrai vous présenter un budget en augmentation de 3,5 %. Cela suffit-il pour régler tous les problèmes ?

M. Henri Leroy. Non !

M. Christophe Castaner, ministre. La réponse est non, nous en sommes convaincus, mais c'est déjà une augmentation de 575 millions d'euros. Je sais que j'aurai votre soutien, non pas forcément sur toutes les politiques, mais sur notre volonté de procéder au nécessaire réarmement de nos forces de sécurité, ainsi que pour nos plans d'action majeurs dans l'immobilier, dans le recrutement et dans l'équipement de nos forces de l'ordre.

On recrutera 2 500 personnes l'année prochaine. Rien que pour la police, nous allons ouvrir près de 4 500 postes dans nos écoles de formation, parce qu'il faut bien évidemment aussi remplacer les départs à la retraite, ce que nous ferons. Nous avons poussé au maximum les capacités de notre système de formation tout en préservant son caractère sélectif. Nous aurons les moyens de le faire, ce qui nous permettra d'ouvrir 2 500 postes en plus des 2 000 postes déjà ouverts cette année.

Cet effort sera poursuivi l'année suivante. En effet, nous voulons recruter sur le quinquennat 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires. L'effort a très vite été porté, dès les premières années ; les dernières années, il n'y aura donc plus besoin que de recruter 1 500 personnes par an.

Cela dit, il nous faut aussi travailler sur la question de l'équipement des forces de sécurité intérieure et sur la défense. Je veux vous dire, mesdames, messieurs les sénateurs, que nous devons nous retrouver pour exiger que jamais aucun incident, aucune mise en cause, aucune violence contre nos forces de sécurité – gendarmes, policiers, pompiers – ne soit acceptable dans ce pays ! Je sais pouvoir compter sur vous ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche ; M. Jean-Marc Gabouty applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. Henri Leroy, pour la réplique.

M. Henri Leroy. Monsieur le ministre, je vous ai écouté, mais n'oubliez pas d'entendre votre prédécesseur : selon lui, si les Français sont aujourd'hui côte à côte, demain ils seront face à face ! Ne semez pas la faiblesse : vous récolterez la violence ! (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains et du groupe Union Centriste.)

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