Question de Mme GATEL Françoise (Ille-et-Vilaine - UC) publiée le 08/11/2018
Mme Françoise Gatel attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur le financement des accompagnants d'enfants handicapés sur les temps périscolaires.
L'accueil à l'école des enfants handicapés progresse de manière significative. Les communes se sont pleinement engagées pour favoriser cette intégration en milieu ordinaire.
Le Conseil d'État a estimé que les auxiliaires de vie scolaire et les accompagnants d'élèves en situation de handicap relèvent de l'éducation nationale lorsqu'ils interviennent en temps scolaires mais également périscolaire.
Toutefois une note du ministère en date du 5 janvier 2018 a annoncé que leur financement devait être supporté par les communes. Sans doute y a-t-il un lien avec la décision du tribunal administratif de Pau d'octobre 2017 qui a considéré que la prise en charge financière de l'accompagnement incombait à la commune lorsque l'activité périscolaire ne pouvait être regardée « comme tendant à l'inclusion scolaire ».
Le plus souvent les équipes de suivi de la scolarisation qui répartissent les heures de travail des accompagnants les consacrent au temps scolaire. Les collectivités locales sont alors contraintes de financer les accompagnants en temps périscolaires.
L'accueil des enfants handicapés à l'école est un enjeu de société qui ne peut dépendre de la capacité financière éventuelle des communes.
Il appartient à l'État responsable de l'équité territoriale et de l'égalité des chances, porteur d'un projet ambitieux d'intégration d'assurer la prise en charge financière d'un service indispensable à l'intégration des enfants handicapés à qui on ne saurait dire : « tu peux être accueilli à l'école mais pas à la cantine ».
Aussi lui demande-t-elle de lui préciser si cet aspect sera intégré dans la réflexion que le Gouvernement a lancée en octobre 2018 pour « rénover » la scolarisation des élèves handicapés.
Elle lui demande s'il compte par exemple augmenter le quota d'heures des accompagnants financé par l'éducation nationale ou a minima consacrer expressément un minimum d'heures aux activités périscolaires.
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 21/11/2018
Réponse apportée en séance publique le 20/11/2018
Mme Françoise Gatel. Monsieur le ministre, je souhaite attirer votre attention sur le financement des accompagnants d'enfants handicapés scolarisés.
L'accueil à l'école des enfants handicapés progresse de manière très significative, et chacun de nous s'en réjouit. Les communes se sont pleinement engagées pour favoriser l'intégration en milieu ordinaire.
Le Conseil d'État a estimé que les auxiliaires de vie scolaire et les accompagnants d'élèves en situation de handicap relèvent de l'éducation nationale lorsqu'ils interviennent en temps scolaire, mais également périscolaire.
Toutefois, une note du ministère en date du 5 janvier 2018 a annoncé que leur financement devait être supporté par les communes. Sans doute y a-t-il un lien avec la décision du tribunal administratif de Pau d'octobre 2017, qui a considéré que la prise en charge financière de l'accompagnement incombait à la commune lorsque l'activité périscolaire ne pouvait être regardée « comme tendant à l'inclusion scolaire ».
Le plus souvent, les équipes de suivi de la scolarisation, qui répartissent les heures de travail des accompagnants, les consacrent au temps scolaire. Les collectivités locales sont alors contraintes de financer les accompagnants en temps périscolaires.
L'accueil des enfants handicapés à l'école est un enjeu de société, qui ne peut dépendre de la capacité financière éventuelle des communes.
Selon moi, il appartient à l'État, responsable de l'équité territoriale et de l'égalité des chances, porteur d'un projet ambitieux d'intégration, d'assurer la prise en charge financière d'un service indispensable à l'intégration des enfants handicapés, à qui on ne saurait dire : Tu peux être accueilli à l'école, mais pas à la cantine.
Aussi, monsieur le ministre, pouvez-vous nous préciser si cet aspect sera intégré dans la réflexion que vous avez lancée en octobre dernier pour « rénover » la scolarisation des élèves handicapés ?
Mme la présidente. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Comme vous le rappelez dans votre question, madame la sénatrice, l'accueil des enfants en situation de handicap constitue effectivement un immense enjeu de société, qui est au cur de nos priorités. Vous connaissez mon attachement au principe de l'école inclusive, et ma volonté que ce principe ne constitue pas un simple objectif, mais une réalité.
Je rappelle à titre liminaire que le ministère de l'éducation nationale consacrera 2,7 milliards d'euros à cette question en 2019, après y avoir affecté 2,3 milliards d'euros en 2018. Ce sont donc des efforts considérables.
Ainsi, 340 000 élèves en situation de handicap ont été accueillis à la rentrée 2018 dans les écoles et établissements publics et privés sous contrat. En matière d'accompagnement humain de ces élèves, le nombre d'AESH, les accompagnants des élèves en situation de handicap, qui est de 43 041, a dépassé pour la première fois le nombre des contrats aidés, lequel est de 29 000.
La question du financement de l'accompagnement des élèves handicapés pendant le temps périscolaire que vous évoquez est une question juridique complexe. (Mme Françoise Gatel opine.) Elle porte sur la répartition des compétences entre les collectivités, qui sont chargées de l'organisation des activités périscolaires, et l'État, qui a la charge du service public de l'éducation et du temps scolaire.
En pratique, lorsque l'accompagnant d'un élève en situation de handicap assiste également l'enfant pendant les activités périscolaires, il est mis à la disposition de la commune par le biais d'une convention signée entre l'État et la commune, qui assure sa rémunération au titre des activités périscolaires.
Certaines communes considèrent toutefois qu'elles n'ont pas à assurer la prise en charge financière de ces accompagnants durant le temps périscolaire.
Cette situation est à l'origine de plusieurs contentieux, qui ont donné lieu à des solutions divergentes de la part des juridictions administratives du fond, à savoir les tribunaux administratifs et les cours administratives d'appel.
Quant à la décision du Conseil d'État à laquelle vous faites référence, elle a été rendue dans le cadre d'un référé et ne saurait donc, en droit administratif, faire jurisprudence.
Aussi, afin de trancher définitivement cette question, mes services ont formé deux pourvois en cassation, qui permettront au Conseil d'État de se prononcer sur la question que vous posez et de clarifier les responsabilités de chacun État et collectivités territoriales quant au financement de l'accompagnement des élèves en situation de handicap.
Au-delà de cette question strictement juridique, nous travaillons de façon très constructive dans le cadre de la concertation que nous avons lancée, avec Sophie Cluzel, le 22 octobre dernier, au sein du Conseil national consultatif des personnes handicapées, le CNCPH, afin de garantir une meilleure continuité des temps scolaires et périscolaires pour les élèves en situation de handicap, parce que là est l'enjeu.
Cette concertation a également pour but d'explorer les pistes permettant de rendre le métier d'accompagnant plus attractif et de permettre à chaque AESH de voir sa situation financière s'améliorer par un temps de travail augmenté dans le cadre du décloisonnement entre temps scolaire et temps périscolaire.
Tel est l'objectif que nous devons poursuivre. Je suis sûr que nous parviendrons à des solutions positives et concrètes grâce à cette concertation, laquelle aboutira au premier trimestre 2019. Elle aura donc un impact à la rentrée 2019. Il s'agit, je le répète, de mettre en place une continuité des temps scolaires et périscolaires, que ce soit l'État ou la collectivité qui assume le financement du temps périscolaire.
Mme la présidente. La parole est à Mme Françoise Gatel, pour répondre à M. le ministre, en trente-neuf secondes.
Mme Françoise Gatel. Merci, monsieur le ministre. Je vous sais attentif à ce sujet. Le temps périscolaire particulièrement important pour les communes est celui de la cantine. En effet, les enfants handicapés scolarisés restent le plus souvent à la cantine, alors qu'ils participent beaucoup moins aux activités périscolaires du soir.
Je sais la complexité juridique du lien de subordination et la nécessité d'un temps de pause pour les accompagnants. J'insiste toutefois sur la nécessité, pour un enfant handicapé, de bénéficier du même personnel accompagnant à l'école et à la cantine.
Monsieur le ministre, l'effort budgétaire nécessaire pour rembourser aux communes le temps d'intervention des accompagnants durant la pause du déjeuner me semble peu eu égard à l'intérêt et à l'enjeu de la question.
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