Question de Mme PERROT Évelyne (Aube - UC-R) publiée le 18/10/2018
Mme Évelyne Perrot attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la situation relative au métier d'aide-soignant en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et à domicile.
Le métier d'aide-soignant n'attire plus les jeunes et, pour la première fois cette année, les instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) comme celui de Metz présentent une offre supérieure à la demande.
Parallèlement, la population française vieillit. En 2050, nous devrions être 74 millions d'habitants dans notre pays, dont 20 millions de plus de 65 ans. La part des seniors va augmenter et le vieillissement de la population s'accentuer en raison de l'entrée des baby-boomers dans des âges avancés.
Même si les progrès de la médecine sont importants, il n'en demeure pas moins que tous les individus ne sont égaux face à la vieillesse. Les EHPAD sont une solution pour les personnes âgées très dépendantes, qui, très souvent, ont épuisé la possibilité de rester à leur domicile. Dans ce contexte, le travail du soignant, qui a reçu une formation initiale en IFSI, est prépondérant pour la qualité de l'accompagnement du résident.
Si demain, ce métier n'attire plus, qui s'occupera de nos anciens ?
Dernièrement, une étude a été menée dans 10 EHPAD auprès de 150 salariés. Il en ressort le constat suivant :
la première revendication de cette catégorie de professionnels n'est pas un allègement de la charge de travail (effectif supplémentaire) ou une augmentation de salaire, mais la reconnaissance de leur métier car celui-ci est très souvent dénigré. Dans les médias d'abord (affaire de caméras cachées etc..), les familles ensuite, qui remercient les soignants pour des raisons d'hygiène (déchets corporels).
Rappelons que le taux d'accident du travail est supérieur en EHPAD à celui du bâtiment.
Le second constat est le bâton du judiciaire : à force de vouloir protocoliser, notamment en matière de bientraitance, le soignant a peur de prendre des initiatives personnelles pour assurer un meilleur confort au résident, au risque d'être traité de maltraitant.
Si l'on ne fait rien, nous allons connaitre, dans les années à venir, la même crise que celle de la désertification médicale.
Face à cette situation, des pistes peuvent être explorées : une campagne médiatique d'envergure, à l'image de celle réalisée pour le recrutement dans l'armée ou dans les prisons afin de revaloriser ce métier, la mise en place d'actions de bien-être au travail (dans deux EHPAD urbains à Troyes, les soignants peuvent bénéficier de salles de relaxation, de sport
).
En conséquence, elle lui demande de bien vouloir lui préciser les intentions du Gouvernement pour lutter contre cette crise des vocations.
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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 15/11/2018
Les difficultés rencontrées par les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) sont avérées et sont une préoccupation prioritaire pour le Gouvernement. Cette préoccupation se traduit dans l'un des objectifs présidant à la définition d'une feuille de route « Grand âge et autonomie », présentée le 30 mai 2018, qui comporte plusieurs mesures de court terme pour améliorer la qualité des soins et des accompagnements en EHPAD, et ainsi renforcer l'attractivité et la capacité de recrutement pour ces établissements. Ainsi, les ressources financières des EHPAD seront maintenues au minimum à leur niveau actuel en 2018 et 2019 afin de neutraliser les effets monétaires de la réforme de la tarification. En outre, la montée en charge de la tarification des soins sera accélérée pour renforcer plus rapidement la présence de personnels soignants en EHPAD, grâce à un effort supplémentaire de 143 M en complément des 217 M déjà prévus sur la période, soit un total de 360 M pour la période allant de 2019 à 2021. Par ailleurs, 16 millions d'euros de crédits seront consacrés au financement d'actions pour améliorer la qualité de vie au travail des personnels. Cette démarche s'articulera avec les actions de la caisse nationale d'assurance maladie pour accompagner 500 EHPAD dans la réduction des risques de troubles musculo-squelettiques et des risques psycho-sociaux. Des actions seront également menées pour mieux former les professionnels exerçant auprès des personnes âgées, notamment par la révision des référentiels d'activités, de compétences et de formation des aides-soignants d'ici mars 2019. Plus généralement, des actions sont actuellement à l'étude pour mettre en place un véritable plan métiers et compétences pour le personnel exerçant auprès des personnes âgées. Au-delà de ces mesures, la qualité de vie des personnes âgées, l'accompagnement de la perte d'autonomie et son financement représentent des questions dont les réponses engagent l'avenir. C'est pourquoi, à l'occasion de la présentation de la feuille de route « Grand âge et autonomie », le lancement d'un débat associant l'ensemble des acteurs et des citoyens a été annoncé. Ce débat piloté par M. Dominique Libault, conseiller d'État, président du Haut conseil du financement de la protection sociale s'est ouvert le 1er octobre 2018. Les réflexions qui y seront associées, viseront à définir quelles sont les priorités, le socle de biens et de services qui doivent à l'avenir être accessibles à toutes les personnes âgées pour accompagner le vieillissement et la perte d'autonomie. Il s'agit également de proposer des grands scenarios de répartition des contributions de chaque acteur en matière de financement durable de la perte d'autonomie et dessiner les évolutions de la gouvernance qui en découlent. Cette concertation devra déboucher sur des propositions en vue de la préparation d'un projet de loi sur la perte d'autonomie, comme annoncé par le Président de la République.
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