Question de M. MARCHAND Frédéric (Nord - LaREM) publiée le 18/10/2018
M. Frédéric Marchand attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur les conséquences des actions violentes des antispécistes envers les professionnels de la filière élevage et viandes.
La filière élevage et viandes regroupe plus d'un million de professionnels, forts d'un savoir-faire transmis depuis des générations et à l'écoute des évolutions sociétales.
Depuis plusieurs mois, des actions violentes et illégales sont menées à l'encontre des hommes et femmes œuvrant dans cette filière.
Les infractions s'aggravent : occupations de fermes et d'abattoirs, incendies criminels d'exploitations agricoles et dégradations de commerce et de boucheries, notamment celles de la métropole lilloise qui ont été la cible de nombreuses actions violentes et dégradations ces derniers mois.
Si les libertés de conscience et d'expression invoquées par des collectifs et associations anti-viandes et antispécistes sont tout à fait respectables, elles ne sauraient être les cautions de ces violences.
La lutte contre la maltraitance animale ou plus largement l'exploitation animale est une lutte louable qui trouve d'ailleurs un écho dans la société française à condition qu'elle reste dans un cadre légal. Par ailleurs, la liberté de consommation de chaque Français est tout aussi louable.
Or, une minorité de militants a opté pour des actions illégales. Elles consistent généralement à s'introduire dans des lieux d'élevage ou dans des abattoirs pour filmer ce qui s'y passe où libérer les animaux et, plus récemment, à dégrader les devantures de commerces.
Les auteurs présumés de ces dégradations sont le plus souvent issus de groupuscules mouvants, mobilisés rapidement via les réseaux sociaux, qui agissent hors du cadre traditionnel.
Face à la psychose qui s'installe chez les professionnels de la filière élevage et viandes, il lui demande de préciser les intentions du Gouvernement pour les rassurer et pour rétablir le dialogue entre eux et les représentants de la cause animale.
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Transmise au Ministère de l'intérieur
Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 22/11/2018
Les premiers signes d'activité des mouvements radicaux de défense des animaux sont apparus en France dans les années 1980. Épisodique dans les années 1990, le développement de cet activisme date des années 2000, avec l'augmentation du nombre d'actes de sabotage et de dégradations. Depuis plusieurs mois, l'activisme de ces groupuscules antispécistes - dont certains ne sont pas sans lien avec l'ultra-gauche - s'est intensifié et surtout radicalisé. Des associations et collectifs « animalistes » ont été à l'origine d'atteintes de diverse nature (intrusions, dégradations, etc.), parfois d'actions radicales, à l'encontre d'établissements professionnels de la filière de la viande (abattoirs, élevages, boucheries, etc.), de nature à déstabiliser un secteur extrêmement important pour la ruralité et pour l'agriculture. Ces actions, souvent à visée essentiellement médiatique, sont inadmissibles dès lors qu'elles sortent du cadre légal qui garantit la libre expression des pensées et des opinions. Dans une société démocratique, aucune menace, injure ou violence de quelque sorte ne saurait être tolérée sous prétexte d'exprimer des opinions. Elles constituent légitimement une préoccupation pour les professionnels de la filière de la viande, ainsi que pour d'autres secteurs parfois également visés (chasse à courre, cirques, etc.). Le Gouvernement est attentif à cette situation et a publiquement condamné avec la plus grande fermeté les agissements illégaux de ces groupuscules. Le président de la confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs (CFBCT) a été reçu au ministère de l'intérieur. Par ailleurs, des directives ont été adressées en juillet 2018 à l'ensemble des préfets de région pour qu'une coordination locale soit instaurée afin d'assurer la sécurité des sites d'exploitation et des commerces concernés et rassurer les professionnels. En tout état de cause, chaque fois que des actes délictueux et parfois criminels sont commis par les membres de tels groupuscules, tout est mis en uvre pour les réprimer et les sanctionner. Les services de police sont vigilants dans les agglomérations où les activistes sont les plus engagés et mobilisés pour mettre fin aux troubles à l'ordre public que peuvent provoquer les membres de ces mouvements. À titre d'exemple, des forces mobiles ont été déployées auprès de divers abattoirs lors de la « Nuit des abattoirs » du 26 septembre 2018. L'incendie d'un abattoir à Hotonnes, dans l'Ain, en septembre 2018, fait notamment l'objet d'investigations approfondies pour en identifier et interpeller les auteurs. Par ailleurs, des investigations menées par le commissariat de Lille ont conduit en septembre à l'interpellation de six activistes auteurs de nombreuses dégradations. En amont, les services de police et de gendarmerie, au premier rang desquels ceux du renseignement territorial (RT) de la direction centrale de la sécurité publique (DCSP), sont particulièrement attentifs aux agissements de la frange la plus radicale de ces mouvements et groupuscules, qui font l'objet de travaux actifs et coordonnés pour détecter et anticiper d'éventuelles exactions et identifier leurs auteurs. L'État et notamment les forces de l'ordre sont donc aux côtés des professionnels pour faire respecter la loi et réprimer, conformément au droit, les dérives dont peuvent se rendre coupables des groupuscules et activistes « animalistes ». Dans ce domaine comme dans d'autres, les maires ont également un rôle essentiel à jouer pour garantir le bon ordre public.
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