Question de M. GENEST Jacques (Ardèche - Les Républicains) publiée le 03/10/2018
Question posée en séance publique le 02/10/2018
M. Jacques Genest. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Il y a quelques années, Roger Gicquel ouvrait son journal télévisé en déclarant : « La France a peur ». Aujourd'hui, je peux vous l'affirmer, les ruraux en ont ras-le-bol. Ras-le-bol d'être oubliés, ignorés et, plus grave, méprisés.
La taxation du carburant atteint un niveau intolérable. Nos concitoyens vivant en montagne subissent donc une double peine entre la route et le coût du chauffage. Tributaires de leurs voitures, les ruraux sont donc les premiers ciblés par la limitation uniforme et aveugle de la vitesse à 80 kilomètres par heure.
Dans les territoires, les cabinets des médecins généralistes ferment, aggravant les déserts médicaux ; et ne parlons pas des spécialistes !
Le sentiment d'enclavement n'est en rien diminué par l'internet, qui constitue une nouvelle fracture. Déjà privés d'un niveau acceptable de couverture mobile, les ruraux se voient aussi régulièrement privés de téléphonie fixe sur de longues périodes : qui s'en émeut ?
Cette année, le Gouvernement a refusé de porter les pensions des agriculteurs retraités à 85 % du SMIC. Faire des cadeaux fiscaux aux super-riches et refuser une augmentation à ceux qui perçoivent 700 euros de retraite mensuelle est une bien curieuse manière de pratiquer la solidarité ! Les retraités ruraux, dans leur majorité, perdent du pouvoir d'achat. En effet, ayant pour nombre d'entre eux des revenus très faibles, ils sont déjà exonérés de la taxe d'habitation.
La colère gronde dans les campagnes. L'élément déclencheur sera certainement la taxation du transport routier, souvent le seul moyen d'approvisionnement et d'exportation des productions locales. Après la révolte dans les urnes, nous verrons, je le crains, la révolte dans les champs.
Les ruraux ne sont ni les premiers ni les derniers de cordée, mais les oubliés de la Macronie. Monsieur le Premier ministre, que comptez-vous faire pour redonner l'espoir aux millions de Français de la ruralité ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. Mmes Valérie Létard et Nadia Sollogoub applaudissent également.)
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Réponse du Ministère de la cohésion des territoires publiée le 03/10/2018
Réponse apportée en séance publique le 02/10/2018
M. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires. Monsieur le sénateur Genest, je sais votre attachement au monde rural, que vous représentez excellemment, attachement que je partage totalement, nul ici, je crois, ne pourrait dire le contraire.
Cela étant, nous devons éviter, les uns et les autres, une sorte de poujadisme rural. Nous avons aussi, et je le dis tel que je le pense, pour porter depuis longtemps ces dossiers, la nécessité de montrer que le monde rural avance, qu'il est source d'initiatives, d'innovations. Or ce monde, vous avez raison, considère qu'il est plus éloigné des centres de décisions qu'autrefois, qu'avant même la décentralisation. Cela, nous le vivons, et je dois dire que les fusions autoritaires de régions ou d'intercommunalités n'ont pas facilité les choses (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains, du groupe Union Centriste, du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe socialiste et républicain.)
Je vous le dis, au nom du Gouvernement, nous n'entendons pas changer une nouvelle fois les institutions. Nous entendons respecter les communes,
Mme Sophie Joissains. Très bien !
M. Jacques Mézard, ministre. car elles jouent un rôle fondamental dans nos territoires ruraux.
Néanmoins, je ne partage pas totalement votre bilan. En ce qui concerne la désertification médicale, le plan Santé de la ministre est, je le crois, excellent pour nos territoires et pour nos établissements de santé qui y sont implantés. Dans le domaine du numérique, l'action que nous menons avec plusieurs ministres représente un progrès important, et vous le savez bien puisqu'un nombre important de pylônes seront installés en Ardèche dès cette année. Enfin, vous avez raison, nous avons besoin de donner davantage de liberté aux services déconcentrés de l'État, parce qu'ils connaissent mieux le territoire que l'administration centrale.
Ce sont des voies essentielles pour progresser
M. le président. Il faut conclure.
M. Jacques Mézard, ministre. dans l'intérêt du monde rural, intérêt que nous partageons ! (Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)
M. François Grosdidier. Il faudrait renouveler le Gouvernement !
M. le président. La parole est à M. Jacques Genest, pour la réplique.
M. Jacques Genest. Monsieur le ministre, si défendre la ruralité, c'est être poujadiste, eh bien, je le suis ! En tout cas, je vous invite, avec le Premier ministre et le Président la République, à venir constater le désarroi des habitants des territoires très ruraux comme la Montagne ardéchoise. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe Union Centriste.)
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