Question de M. PELLEVAT Cyril (Haute-Savoie - Les Républicains) publiée le 14/06/2018
M. Cyril Pellevat attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur les réformes de l'orientation post-baccalauréat et du baccalauréat.
Depuis 1968, les réformes du baccalauréat se sont succédé. Entre la multiplication des filières technologiques et professionnelles avec les années et l'objectif de « 80 % d'une génération au niveau du bac » pour l'an 2000, le bac se veut accessible pour tous afin de donner accès à tout élève à l'enseignement supérieur, quel que soit le lycée d'où il vient.
Depuis janvier 2018, a commencé l'entrée en vigueur de la première réforme qui touche indirectement le baccalauréat : « Parcoursup ». En juin 2018, si plus de 600 000 candidats sur les 800 000 ont au moins un vœu accepté, des centaines de milliers de lycéens vont néanmoins passer les épreuves du bac sans savoir où ils étudieront l'année prochaine.
Surtout, une réforme qui prévoit la réorganisation de l'enseignement au lycée entrera en vigueur dès septembre 2018. Depuis la réforme de 2012, on constatait un affaiblissement du parcours scientifique, avec la suppression des mathématiques pour les classes de première et terminale littéraire. À présent, dès la rentrée 2018, les sciences et vie de la terre et la physique-chimie ne deviendront elles aussi qu'optionnelles, mais cette fois-ci pour tous les élèves. De plus, la disparition des filières littéraires, scientifiques et économiques au profit de « disciplines de spécialités » s'inscrit dans la continuité de la chute de l'enseignement des sciences. En effet, toutes les matières scientifiques vont devenir optionnelles puisqu'elles s'inscriront dans les « disciplines de spécialités ». Ainsi, tous les élèves de première se feront enseigner des matières obligatoires, appelés « socle de culture commune », qui sont au nombre de sept, contre trois matières de la discipline de spécialité. En terminale, ces nombres diminueront respectivement à six, et deux. Ainsi, l'élève qui a choisi un parcours scientifique dès la première, se verra devoir abandonner une matière en terminale.
Ainsi, il lui demande si l'entrée en vigueur de cette réforme du lycée ne va pas baisser le niveau scientifique des jeunes qui veulent entrer en classes préparatoires scientifiques ou qui veulent poursuivre des études de mathématiques ou de physique à l'université.
De plus, le baccalauréat de demain se veut plus sécurisant, avec moins d'épreuves finales et plus de contrôle continu. La France, qui a déjà un taux d'inégalité scolaire important par rapport à d'autres pays de l'OCDE, risque de voir ce taux augmenter puisque les contrôles continus des élèves seront corrigés par leurs professeurs respectifs.
Il lui demande si cette réforme, combinée à la dure sélection de « Parcoursup », va respecter l'égalité des chances et d'accès à l'université.
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Transmise au Ministère de l'éducation nationale
Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 23/08/2018
Le ministre de l'Education nationale est particulièrement attentif à la préservation et au développement de l'enseignement des sciences dans le cadre de la réforme du baccalauréat et du lycée. Précédée d'une large consultation menée par Pierre MATHIOT, professeur des universités à la demande du Ministre, les décisions prises ont pour objectif de « remuscler » le baccalauréat, le conforter dans son rôle de diplôme national de fin d'études secondaires et lui permettre de mieux préparer aux études supérieures. En classe de seconde générale et technologique, à compter de la rentrée 2019, les disciplines scientifiques et expérimentales conservent non seulement leur place actuelle, mais un nouvel enseignement de « sciences numériques et technologie » est introduit dans les enseignements communs à tous les élèves. En outre, les élèves auront la possibilité de choisir un enseignement optionnel d'une heure trente portant notamment sur les sciences de l'ingénieur, les sciences de laboratoire ou la création et l'innovation technologiques. En classes de première et de terminale, à compter respectivement des rentrées 2019 et 2020, la disparition des séries générales vise à limiter les effets d'une trop grande hiérarchisation entre les filières et à permettre aux élèves de se construire progressivement des profils d'études plus pertinents par rapport à leurs choix ; et, plus adaptés aux formations de l'enseignement supérieur, sans pour autant les enfermer dans des choix irréversibles. En premier lieu, il importe de noter que tous les élèves de la voie générale bénéficieront désormais d'un enseignement scientifique commun de 2 heures, qui doit inviter l'élève à appréhender les différents aspects de l'approche quantitative. Il a également vocation à les initier à la contruction des vérités scientifiques, en les familiarisant avec le raisonnement hypothético-déductif et la méthode expérimentale. Par ailleurs, les mathématiques comme les sciences de l'ingénieur, la physique-chimie, les sciences de la vie et de la Terre ainsi que les sciences informatiques pourront être choisies par les élèves dans le cadre de trois enseignements de spécialité de 4 heures en classe de première et de deux enseignements de spécialité de 6 heures en classe de terminale. La diminution du nombre de spécialités pouvant être choisies entre la classe de première et celle de terminale ainsi que l'augmentation de leur horaire en terminale traduit le souci, déjà évoqué plus haut, de favoriser une détermination raisonnée de leur parcours par les élèves. L'organisation nouvelle des enseignements dans le cycle terminal permet donc de choisir des combinaisons d'enseignements scientifiques variées ; à titre d'exemple en classe de terminale : mathématiques-physique/chimie, mathématiques-sciences de la vie et de la Terre, mathématiques - sciences de l'ingénieur, mathématiques-numérique et sciences informatiques. Par ailleurs, les élèves ayant choisi la spécialité mathématiques et souhaitant approfondir leur formation dans ce domaine pourront choisir un enseignement optionnel de « mathématiques expertes » de 3 heures hebdomadaires. Au total sur l'ensemble du cycle terminal, l'horaire de mathématiques pourra atteindre 13 heures, soit davantage qu'aujourd'hui. Les élèves souhaitant centrer leur formation sur les sciences expérimentales pourront, quant à eux, bénéficier de 10 heures de physique-chimie ou de sciences de la vie et de la Terre choisies en tant qu'enseignements de spécialité. S'agissant des activités de laboratoire en groupes restreints, elles pourront être organisées au sein des établissements grâce à l'enveloppe horaire attribuée à cet effet et dont l'utilisation fera l'objet d'un avis du conseil pédagogique. Il convient d'ajouter que ces modifications dans la structure des enseignements s'accompagnent d'une rénovation des contenus de programme, qui est en cours d'élaboration par le Conseil supérieur des programmes. En tant qu'enseignement de spécialité, les matières scientifiques seront évaluées à l'écrit par une épreuve ponctuelle terminale. Cette discipline fera de plus l'objet d'une épreuve orale terminale qui permettra de mettre en valeur la capacité du candidat à présenter un projet travaillé préalablement en classe de manière collective ou individuelle. Cet oral comprendra, outre une présentation du projet lui-même, un échange avec le jury destiné à évaluer l'aptitude des élèves à mobiliser les connaissances acquises, leurs aptitudes au raisonnement et leur capacité à conduire et à défendre un projet. Les élèves seront ainsi mieux préparés à la poursuite d'études, la nouvelle épreuve permettant de mobiliser des compétences attendues dans la plupart des formations du premier cycle de l'enseignement supérieur. Pour ce qui est du contrôle continu, il ne sera pas évalué majoritairement par les enseignants de l'élève. En effet, les candidats aux baccalauréats général et technologique feront l'objet d'une évaluation qui se traduira par une note dite de "contrôle continu", comptant pour quarante pour cent (40 %) de la note totale obtenue à l'examen par le candidat. Cette note de contrôle continu est fixée en tenant compte d'une part, des notes obtenues aux épreuves communes de contrôle continu (concernant notamment l'histoire-géographie, les langues vivantes et l'éducation physique et sportive), portant sur des sujets issus d'une banque numérique nationale, donnant lieu à des copies anonymisées et corrigées par des enseignants qui ne suivent pas l'élève, à raison de trente pour cent (30 %) ; d'autre part, de la prise en compte, pour une part de dix pour cent (10 %), de l'évaluation chiffrée annuelle des résultats de l'élève au cours du cycle terminal, attribuée par les professeurs de l'élève et renseignée dans le livret scolaire. Compte tenu des évolutions décrites ci-dessus, le diplôme du baccalauréat voit son rôle conforté et réaffirmé grâce à des modalités d'évaluation moins aléatoires. L'enseignement des sciences dans leur diversité sera, quant à lui, consolidé et enrichi par la nouvelle réforme du baccalauréat et du lycée.
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