Question de Mme PRIMAS Sophie (Yvelines - Les Républicains) publiée le 22/06/2018
Question posée en séance publique le 21/06/2018
Mme Sophie Primas. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Cette question est un cri d'alarme.
En 2010, la loi sur le Grand Paris a défini un objectif très ambitieux de production de 70 000 logements par an en Île-de-France.
Pour atteindre cet objectif, le triptyque logement-développement économique-transports était le fondement du contrat de confiance liant l'État et les collectivités territoriales. En confiance donc, les collectivités ont rempli leur part du contrat. Le département des Yvelines, que vous connaissez bien a ainsi produit de façon volontariste 12 000 logements par an depuis dix ans. Oui, nos maires sont tous des bâtisseurs !
De son côté, l'État s'était engagé à construire des infrastructures de mobilité : des routes, des parkings de rabattement, le Grand Paris Express, la ligne Eole pour la partie ouest. Où sont les promesses de l'État ?
Les infrastructures de mobilité sont tellement saturées qu'un léger dysfonctionnement fait basculer en enfer la matinée de millions de travailleurs pendulaires. La semaine dernière est emblématique : A 13 fermée car inondée ; gare Saint-Lazare en total black-out ; RER A en panne ; RER B déraillé ; grèves de la SNCF
Mais cette situation est en réalité notre quotidien : un simple accrochage sur l'autoroute ou un incident voyageur débouche sur une thrombose généralisée. Pourtant, nous devons continuer à construire, sans faiblir, sans solution de mobilité.
Alors, monsieur le Premier ministre, je ne vous rends naturellement pas coupable ou responsable de ce chaos. Mais vous incarnez l'État et êtes aujourd'hui comptable de ses engagements. Vous avez pris la décision de retarder la réalisation de grandes infrastructures de mobilité, alors allez jusqu'au bout et revoyez avec les élus le calendrier de leurs obligations à construire.
Je vous le demande sans esprit de polémique mais fermement, car ajouter la thrombose à la thrombose conduit à l'incompréhension, à la désespérance et peut-être à la révolte de nos concitoyens ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe Union Centriste. M. Richard Yung applaudit également.)
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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire publiée le 22/06/2018
Réponse apportée en séance publique le 21/06/2018
Mme Brune Poirson, secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Mesdames, messieurs les sénateurs, madame la sénatrice Primas,
M. Jean-François Husson. Sophie Primas !
Mme Brune Poirson, secrétaire d'État. je réponds au nom de mon collègue Jacques Mézard, qui ne peut malheureusement être ici aujourd'hui. (Exclamations sur des travées du groupe Les Républicains.)
Permettez-moi de rappeler que ce gouvernement s'est donné les moyens à la fois financiers et opérationnels de rendre possible ce futur métro.
Un sénateur du groupe Les Républicains. Ils y croient !
Mme Brune Poirson, secrétaire d'État. La confiance entre l'État et les collectivités, c'est se donner un calendrier qui soit réaliste et tenir les promesses, mais les tenir avec sincérité. (Protestations sur des travées du groupe Les Républicains.)
Le Premier ministre a confirmé l'intégralité du tracé du Grand Paris Express : ce sont donc 200 kilomètres de lignes automatiques et soixante-huit gares qui vont doubler le maillage de l'actuel métro en Île-de-France, sans passer par Paris, et ainsi permettre de désenclaver de nombreux quartiers.
Le Gouvernement souhaite également s'assurer du financement de ce projet majeur. À ce titre, il a confié une mission au député Carrez pour stabiliser les recettes de la Société du Grand Paris, maître d'ouvrage des opérations.
M. Roger Karoutchi. C'est nous qui payons !
Mme Brune Poirson, secrétaire d'État. Enfin, notre gouvernement a aussi pris le parti du réalisme en tenant compte des retards inéluctables dans le cours des opérations de construction. Ce réalisme participe de la confiance entre les parties. (Exclamations sur des travées du groupe Les Républicains.)
Vous évoquez également la question du logement. Le Grand Paris Express est un acteur majeur de la transformation urbaine : il doit participer à la mutation des quartiers et à la production des logements en Île-de-France. Ainsi, ce sont 600 000 mètres carrés de bâti qui sont prévus ou à l'étude autour des gares.
Mais, pour autant, à date, seuls huit projets immobiliers liés directement aux gares étaient déjà attribués. De nombreux autres projets sont à l'étude (Mme Laure Darcos s'exclame.) et seront installés autour des infrastructures que nous bâtissons.
M. Philippe Dallier. Et tout le reste ?
Mme Brune Poirson, secrétaire d'État. Comme je vous le disais en introduction, madame la sénatrice, le recalage du calendrier n'implique aucun abandon de desserte de métro. De la même manière, les projets de logements accompagneront ce nouveau calendrier. (Applaudissements sur quelques travées du groupe La République En Marche.)
M. François Bonhomme. Ce n'est pas la bonne fiche !
M. le président. La parole est à Mme Sophie Primas, pour la réplique.
Mme Sophie Primas. Madame la Première ministre (Rires.), je vous remercie de cette réponse, qui montre le mépris que vous avez pour les élus locaux. Vous répondez totalement à côté de la question ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe socialiste et républicain. Mme Nadia Sollogoub applaudit également.)
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