Question de M. LAURENT Daniel (Charente-Maritime - Les Républicains) publiée le 03/05/2018
M. Daniel Laurent attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la future réforme du reste à charge zéro (RAC-0) dans le secteur de l'optique et les inquiétudes des opticiens. La profession a entamé une réflexion sur l'avenir de la filière avec la volonté de proposer des produits de qualité, dispensés par des professionnels mieux formés et assumant leur rôle de dépistage des pathologies oculaires. Les inquiétudes des professionnels de ce secteur portent sur le contenu des propositions gouvernementales et plus particulièrement sur la prise en charge d'un équipement optique RAC-O qui passerait de deux à trois ans, à cotisations constantes. La prise en charge serait ainsi subordonnée à l'acceptation de l'offre RAC-O, il n'y aurait plus de remboursement pour tous les patients qui souhaiteraient une offre différente, à cotisations équivalentes. Les opticiens craignent d'être contraints d'accepter de nouvelles charges administratives, sans compensation, dans la mesure où ils devront répondre aux exigences d'une certification AFNOR pour avoir le droit de délivrer ces équipements sans reste à charge. Ce système apparaît incompatible avec le principe d'égalité d'accès à des soins de qualité pour tous. De plus, la présence des opticiens dans les zones rurales est un atout en termes d'accès aux soins optiques et d'aménagement du territoire. En conséquence, il lui demande quelles sont les intentions du Gouvernement en la matière.
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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 24/05/2018
Après des échanges techniques qui ont débuté dès le mois de novembre 2017, la ministre des solidarités et de la santé a ouvert le 23 janvier 2018 une phase de concertation sur la réforme du « reste à charge zéro ». L'objectif du Gouvernement est de diminuer via cette réforme le taux de renoncement aux soins pour des raisons financières dans trois secteurs : la prothèse dentaire, l'audioprothèse, l'optique médicale. Plus précisément, il s'agit d'assurer un reste à charge nul après l'intervention combinée de l'assurance maladie obligatoire et de l'assurance maladie complémentaire. Le « reste à charge zéro » s'appliquera à un panier de soins nécessaires et de qualité, c'est à dire que les dispositifs de ce panier doivent permettre de répondre de façon médicalement pertinente aux besoins de santé et dans des conditions correspondant à une attente sociale légitime, par exemple en matière d'amincissement des verres pour les personnes très myopes. La liberté de choisir et de proposer sera préservée : il doit être possible à tout un chacun de s'équiper ou de recourir à des soins prothétiques sans reste à charge, mais il sera loisible à toute personne de faire un autre choix ; il s'agit de passer du reste à charge subi au reste à charge choisi. Les professionnels auront la liberté de proposer d'autres prestations en dehors de ce panier. Enfin, tous les contrats responsables devront proposer le reste à charge zéro, mais les assureurs complémentaires pourront continuer à proposer, au-delà de ce socle, d'autres offres de prise en charge. Au vu de l'importance du projet de reste à charge zéro pour les trois secteurs concernés, le Gouvernement privilégie une large concertation avec les acteurs concernés : les fabricants et distributeurs de dispositifs médicaux, les professionnels de santé, les organismes complémentaires de santé et les représentants des patients. Le cadre de concertation et de négociation pour les soins dentaires est le cadre conventionnel entre la caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam) et les représentants des chirurgiens-dentistes : les négociations ont débuté en septembre 2017 et se poursuivent. Dans le secteur de l'optique et de l'audioprothèse, dans le cadre des échanges techniques entamés en novembre dernier avec les services du ministère, chaque partenaire a été invité à produire une contribution sur les différents volets de la réforme. Les réunions de concertation ont repris début mars et se poursuivront jusqu'à la fin mai 2018. Le Gouvernement entend laisser la négociation se dérouler librement et chacun est amené à exprimer ses positions et propositions. Il n'arrêtera ses décisions qu'à l'issue de cette phase et mobilisera en conséquence les leviers conventionnels, réglementaires et législatifs qui s'avèreront nécessaires.
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