Question de Mme DINDAR Nassimah (La Réunion - UC) publiée le 03/05/2018
Mme Nassimah Dindar attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur la situation à Madagascar.
« Tentative de coup d'État », comme le laisse entendre la présidence malgache, ou manifestation démocratique de l'opposition violemment réprimée : en tous les cas, le bilan de la manifestation, qui s'est tenue le samedi 21 avril 2018 à Antananarivo, est lourd. On déplore ainsi au moins trois morts et une vingtaine de blessés et les vidéos de la répression brutale menée par l'armée malgache ont choqué l'opinion publique, notamment à La Réunion qui compte plusieurs centaines de résidents malgaches et qui a des liens historiques et culturels très forts avec la Grande Île.
Depuis cette violente répression, le président malgache semble isolé, puisque le préfet d'Antananarivo, la capitale, et le ministre de la défense ont indiqué qu'ils refuseraient désormais d'utiliser la force pour réprimer les éventuelles futures manifestations.
Une médiation serait actuellement en cours entre le président, et les forces de l'opposition, sous l'égide des très influentes églises chrétiennes, pour trouver une issue rapide à cette crise.
Présidant également le groupe d'amitié France-Madagascar et pays de l'Océan Indien, elle souhaite connaître quelle position la France entend adopter dans cette crise malgache.
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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 31/05/2018
À six mois de l'élection présidentielle, un climat de tensions persiste entre le pouvoir et l'opposition malgaches et a conduit aux événements du 21 avril dernier que la France déplore. Dès le lendemain, l'ambassadeur de l'Union européenne à Tananarive et les ambassadeurs des États membres (la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni) ont exprimé leur compassion et leur solidarité avec les familles des victimes de la manifestation organisée par l'opposition le 21 avril dernier, à Tananarive. Ils ont également appelé tous les acteurs politiques à faire preuve de responsabilité et de retenue et à privilégier le dialogue. Avec ses partenaires européens, la France a, à plusieurs reprises, réitéré sa position de principe en faveur d'élections présidentielles en 2018, crédibles, transparentes et inclusives, et rappelant la nécessité de respecter les droits de l'Homme, notamment la liberté d'expression et le droit de réunion pacifique. Il est en effet vital, pour l'avenir de Madagascar, que le processus démocratique entamé fin 2013 soit consolidé par un nouveau cycle électoral démocratique et non violent, à la fin de l'année, conformément à la Constitution malgache. C'est la seule voie qui permettra d'éviter une nouvelle crise politique, dont le peuple malgache, confronté à de graves difficultés économiques et sociales, serait la principale victime. Le ministre de l'Europe et des affaires étrangères a reçu à Paris, le 2 mars dernier, son homologue malgache, M. Henry Rabary-Njaka. Le secrétaire d'État auprès du ministre s'est ensuite rendu à Tananarive, les 13 et 14 mars, où il a rencontré le président malgache et le ministre des affaires étrangères. Lors de ces entretiens bilatéraux, la France a rappelé l'importance d'un dialogue avec l'opposition et de la tenue d'élections libres, transparentes et inclusives. Afin d'apaiser le climat politique actuel, la mise en place rapide d'un dialogue constructif entre l'opposition, la société civile et le pouvoir, est indispensable, surtout depuis les violences du 21 avril, qui ont marqué les esprits des Malgaches et des partenaires de la Grande Île. Ces derniers sont en train de contribuer à ce dialogue politique. La France soutient ainsi sans réserve les missions de dialogue et de médiation menées par l'Union africaine (Ramtane Lamamra), les Nations unies (Haile Menkerios et Abdoudaye Bathily) et l'Organisation internationale de la Francophonie (Salou Djibo et Mme Michaëlle Jean), tout en appelant de ses vux une bonne coordination de ces initiatives. La France et Madagascar sont unies par des liens historiques, humains et culturels, anciens et très étroits. Elle n'a eu de cesse d'accompagner le développement de Madagascar depuis le rétablissement des institutions démocratiques fin 2013, à l'issue de la crise politique et économique de 2009. La coopération régionale apporte aussi une part très active à cet effort, comme en témoignent le partenariat nourri entre La Réunion et la Grande Île, ainsi que le succès des deuxièmes assises de la coopération décentralisée franco-malgache, qui se sont tenues à Tananarive en mars dernier. La France entend, bien évidemment, maintenir cet engagement au service du développement économique de Madagascar et du bien-être social de sa population.
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