Question de Mme DINDAR Nassimah (La Réunion - UC) publiée le 03/05/2018

Mme Nassimah Dindar attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur sur les violences dont sont régulièrement victimes les forces de l'ordre à La Réunion.

En un mois, 23 policiers ont été blessés à La Réunion, dont sept dans le seul week-end du 21 et 22 avril 2018. Les violences contre les forces de l'ordre se multiplient : échauffourées dans l'enceinte du tribunal de Saint-Denis le 20 avril (trois policiers blessés), agressions lors d'opérations de police (trois autres policiers blessés le dimanche 22 avril par exemple), jets de galets et d'acide contre des policières deux semaines auparavant, une dizaine de fonctionnaires blessés lors d'affrontements qui avaient suivi une manifestation culturelle de la ville de Saint-Denis en début de mois.

Les exemples sont légion et témoignent d'une recrudescence du nombre de cas et de l'augmentation de leur gravité.

Il convient d'éviter que des zones de « non-droit » ne puissent s'installer à La Réunion, comme cela peut malheureusement survenir dans d'autres départements de la France métropolitaine ou d'Outre-Mer. Pour éviter une telle situation, les syndicats de policiers, unanimes, réclament plus de moyens et de reconnaissance.

Actuellement, La Réunion compte 826 gardiens de la paix et 113 adjoints de sécurité. Selon les syndicats, 80 fonctionnaires de police supplémentaires seraient nécessaires, permettant d'avoir de deux à trois effectifs de plus par brigade de police secours, et donc un véhicule de police supplémentaire de jour comme de nuit.

Elle souhaite connaître quelles mesures il entend prendre pour garantir la sécurité des forces de l'ordre basées à La Réunion, et, par voie de conséquence, pour garantir la sécurité de la population.

- page 2131


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 23/08/2018

Les territoires d'outre-mer sont confrontés à des problèmes sécuritaires majeurs et complexes. Il en résulte un fort sentiment d'insécurité et de fortes attentes de la population en la matière. Face à cette situation, une action résolue de l'État est indispensable. Un engagement de tous les acteurs locaux est également nécessaire (collectivités territoriales, société civile, etc.), dans un objectif partagé de prévention et de lutte contre toutes les formes de délinquance. En juin 2016, le précédent Gouvernement avait lancé le « plan sécurité outre-mer » destiné, en particulier, à renforcer les effectifs et les moyens des forces de l'ordre, à réformer leur gouvernance et à développer une véritable coproduction de sécurité. La mise en œuvre du plan a effectivement permis des avancées significatives. Il en est ainsi en particulier pour La Réunion, qui a bénéficié d'importants moyens humains supplémentaires. Les effectifs nets de la police nationale dans le département ont en effet fortement augmenté, tous services de police confondus, depuis fin 2012. Alors que la police nationale comptait, fin décembre 2012, 1 102 agents, cet effectif s'élevait fin mai 2018 à 1 180 agents. Les moyens vont encore être renforcés et la police nationale devrait disposer d'ici fin novembre 2018 de 1 210 agents dans le département. Sur le plan immobilier, important pour les conditions de travail des policiers mais aussi d'accueil des usages et victimes, le relogement du commissariat de Saint-André devrait être effectif au premier semestre 2019. La mobilisation de l'État se poursuit et s'intensifie dans le cadre de la mise en œuvre de la police de sécurité du quotidien (PSQ), qui monte en puissance outre-mer comme dans tout le territoire national, et qui permet en particulier des actions adaptées aux spécificités et enjeux de chaque territoire. Il convient également de souligner que, dans le cadre en particulier de la PSQ et plus généralement du Livre bleu sur l'outre-mer, la police nationale s'attache à renforcer et densifier ses actions de prévention. Elle s'investit ainsi activement dans des projets de partenariats concrets, avec les collectivités locales, les associations et les bailleurs, mais aussi ses partenaires institutionnels et notamment l'éducation nationale. Plus largement, la police nationale se mobilise pour accroître son travail de terrain au profit de la population et intensifier ses relations avec les mairies. Au terme des Assises de l'outre-mer, auxquelles la société civile a été associée, le Livre bleu sur l'outre-mer remis en juin 2018 au Président de la République marque une nouvelle étape importante pour l'Etat et les territoires d'outre-mer. L'un de ses objectifs est de promouvoir un « élan collectif pour la sécurité outre-mer ». Comme partout sur le territoire national, mais plus encore outre-mer, il convient enfin de souligner qu'il ne saurait y avoir de politique de sécurité efficace sans des mesures de long terme pour porter des perspectives positives sur le plan de l'emploi, de la croissance et de l'éducation.

- page 4374

Page mise à jour le