Question de Mme EUSTACHE-BRINIO Jacqueline (Val-d'Oise - Les Républicains) publiée le 16/05/2018
Question posée en séance publique le 15/05/2018
Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Dimanche, la barbarie islamiste a volé sa vie à un jeune homme de vingt-neuf ans. L'horreur se répète : un attentat de plus, qui a donné lieu à de grandes et belles phrases. Un philosophe a parlé de « sidération rituelle ». La consternation et les indignations légitimes ne sont plus suffisantes. On a le sentiment que l'accoutumance au terrorisme islamiste nous guette. Or il y a pire que l'horreur : l'accoutumance à l'horreur !
Les réponses au terrorisme sont, bien sûr, techniques. La qualité du travail des forces de l'ordre et des services de renseignement mérite d'être saluée. Mais, si l'on veut agir à long terme, une véritable réponse passe aussi, et surtout, par un réarmement moral et culturel de notre pays. Elle passe par la désignation claire et sans ambiguïté des causes et des racines du mal.
Nous ne gagnerons la guerre contre l'État islamique, contre l'islam radical, contre l'islam politique, que si nous avons la volonté et le courage d'imposer partout et toujours nos valeurs républicaines ! Nous ne réglerons pas la question des attentats si nous laissons des quartiers entiers de notre territoire échapper aux lois de la République.
L'urgence est de lutter avec une fermeté sans faille contre une certaine police de la pensée qui entrave notre liberté et conduit certains esprits vers l'islam radical. Monsieur le Premier ministre, ne pensez-vous pas qu'il est temps pour la France de déclarer l'état d'urgence culturelle et morale ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 16/05/2018
Réponse apportée en séance publique le 15/05/2018
M. Gérard Collomb, ministre d'État, ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice, oui, samedi dernier, la barbarie a encore frappé. Elle a tué un jeune homme de vingt-neuf ans. Elle a fait plusieurs blessés. Sans la réaction immédiate de nos policiers, qui sont intervenus en moins de neuf minutes, nous aurions probablement déploré plus de morts et de blessés. Je veux d'abord saluer le sang-froid des policiers. Il y avait parmi eux ce jour-là un jeune homme qui n'était encore qu'adjoint de sécurité voilà un an ; aujourd'hui gardien de la paix, c'est lui qui a abattu le terroriste.
Je suis d'accord avec vous, on peut lutter contre le terrorisme au moyen d'un certain nombre d'idées. Oui, il faut combattre idéologiquement ce terrorisme, cet islamisme radical qui amènent à tuer dans notre pays ! Il faut faire en sorte qu'il n'y ait pas, dans nos grandes villes, à la fois des quartiers prospères et des quartiers qui se paupérisent, se ghettoïsent ; en effet, à force de vivre côte à côte, on finit par vivre face à face.
Oui, la lutte doit être menée sur tous les plans, par l'action policière et, en même temps, par l'action culturelle et la bataille intellectuelle ! C'est tous ensemble que nous la gagnerons ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et du groupe Les Indépendants République et Territoires, ainsi que sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe Union Centriste.)
M. le président. La parole est à Mme Jacqueline Eustache-Brinio, pour la réplique.
Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Monsieur le ministre d'État, lorsque Mme la secrétaire d'État Marlène Schiappa déclare que l'absence de femmes dans les cafés de certains quartiers est une manifestation du machisme, elle refuse de voir la réalité ! De même, le fait que le Président de la République, dans son tweet, ne parle pas d'attentat islamiste, m'interpelle. C'est pourtant bien l'islam radical qui impose sa loi. Aucun accommodement avec la radicalisation islamiste ne doit être toléré, mais encore faut-il avoir le courage de la nommer ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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