Question de M. MARSEILLE Hervé (Hauts-de-Seine - UC) publiée le 16/05/2018
Question posée en séance publique le 15/05/2018
M. Hervé Marseille. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mes chers collègues, il y a soixante-dix ans, David Ben Gourion proclamait la création de l'État d'Israël.
Pour celles et ceux qui avaient entendu Theodor Herzl théoriser l'« État des Juifs », cinquante ans auparavant, pour celles et ceux, peu nombreux, qui avaient échappé à la Shoah, ce fut ce jour-là un immense espoir, une délivrance et un accomplissement.
Nous aurions aimé retrouver cette atmosphère. Au lieu de cela, depuis hier, nous avons en mémoire des images difficiles de morts par dizaines et de blessés par milliers, au moment même où était inaugurée à Jérusalem l'ambassade des États-Unis.
Ces images succèdent à celles d'échanges de tirs de missiles et de contremissiles dans le ciel syrien, visant des cibles iraniennes ou des avions de Tsahal.
Après avoir reçu Benyamin Netanyahou en décembre dernier et le prince héritier saoudien il y a un mois, le Président de la République a rencontré Donald Trump, président des États-Unis, voilà quinze jours.
Le Président de la République a sans nul doute cherché à convaincre, à faire partager les préoccupations de la France. Il a sûrement été écouté, mais il n'a pas été entendu. Donald Trump a additionné provocation, décision unilatérale et menaces.
Pouvons-nous espérer, monsieur le Premier ministre, une parole européenne audible, alors même que l'Europe, engluée dans ses contradictions, a à peine soutenu notre pays quand il est intervenu en Syrie ?
Quelles initiatives la France peut-elle encore engager pour que cette région tourmentée, qui peut à tout moment s'embraser, retrouve le chemin de la paix ? (Applaudissements sur les travées du groupe Union Centriste et sur des travées du groupe Les Républicains. M. Jean-Marc Gabouty applaudit également.)
- page 4237
Réponse du Premier ministre publiée le 16/05/2018
Réponse apportée en séance publique le 15/05/2018
M. Édouard Philippe, Premier ministre. Monsieur le sénateur Marseille, la journée d'hier à Gaza a été la plus meurtrière depuis 2014, avec près de 60 morts, dont des mineurs, et près de 2 700 blessés, dont beaucoup par balles.
La France condamne évidemment et sans aucune ambiguïté ces violences. En effet, si nous sommes sans aucune ambiguïté attachés à la sécurité d'Israël, nous ne pouvons pas accepter un tel niveau de violence face au droit fondamental des Palestiniens à manifester pacifiquement.
La politique de la France est connue ; elle est ancienne. Elle a pour objectif la coexistence de deux États, Israël et la Palestine, vivant dans la paix et dans la sécurité au sein de frontières reconnues, avec Jérusalem pour capitale commune. C'est ce que dit le droit ; c'est la ligne défendue par la France.
Dès hier, le Président de la République et le ministre de l'Europe et des affaires étrangères ont rappelé la position de la France et multiplié les contacts avec le roi de Jordanie, avec le président Abbas et, aujourd'hui, avec le Premier ministre israélien.
Plus largement, le Président de la République, dans la continuité de ce qu'il défend constamment depuis son élection, souhaite discuter avec l'ensemble des parties pour essayer de faire prévaloir la ligne que je viens de rappeler, celle du droit, sur laquelle pourra se construire une solution durable. Le Conseil européen qui s'ouvrira ce soir à Sofia permettra de réaffirmer l'attachement non seulement de la France, mais de l'ensemble des pays de l'Union européenne, à cette ligne.
Vous le savez, c'est la décision unilatérale prise par les États-Unis de transférer leur ambassade à Jérusalem qui a déclenché ces événements. Nous sommes en complet désaccord avec cette décision, à la fois sur le fond, sur la méthode et sur l'opportunité. Nous considérons que cette décision n'apporte rien à la recherche de la solution durable que j'évoquais à l'instant.
Dans cette région traversée par des tensions très fortes peut-être plus encore qu'ailleurs, ce sont le respect du droit, la recherche du multilatéralisme, le souci de tenir une ligne politique ferme et prévisible par l'ensemble des parties qui doivent permettre d'avancer dans la direction que je viens de décrire. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste et du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen. M. Jean-Pierre Sueur applaudit également.)
- page 4237
Page mise à jour le