Question de Mme BOULAY-ESPÉRONNIER Céline (Paris - Les Républicains-R) publiée le 29/03/2018
Mme Céline Boulay-Espéronnier attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur la mise en place d'une véritable politique de lutte contre le harcèlement scolaire.
Selon les dernières données publiées par le ministère, 700 000 élèves sont aujourd'hui en prise aux mécanismes pervers d'intimidation, de torture psychologique et de violences physiques constituant ce fléau qu'est le harcèlement scolaire. Si l'enquête nationale de climat scolaire et de viciation relate une évolution positive, elle met également en évidence les insultes (subies par 51 % des collégiens), le vol de fournitures (48 %), les surnoms désagréables (46 %), les mises à l'écart (39 %) et les bousculades (34 %) demeurant le quotidien de nombre d'enfants.
Pire encore, de par l'évolution des nouveaux moyens de communication et notamment des réseaux sociaux, le harcèlement s'étend aujourd'hui par-delà les limites de la sphère scolaire pour s'immiscer dans chaque aspect de la vie des adolescents.
Il semble, par conséquent, indispensable de compléter le travail de prévention matérialisé par les guides pédagogiques en y associant un plan éducatif offrant aux victimes des outils de défense psychologiques et physiques concrets. Les psychologues s'accordent sur l'idée que le moyen le plus efficace de briser le cercle vicieux du harcèlement et d'en atténuer les traumatismes passés est de donner aux enfants les armes nécessaires à la sortie de l'état de terreur dans lequel les maintiennent les harceleurs.
Pour ce faire, il faudrait que les élèves puissent avoir accès aux psychologues de leur établissement. Malheureusement, force est de constater qu'il existe actuellement une pénurie de ces professionnels de l'éducation nationale. À Paris, la plupart des psychologues scolaires sont rattachés à plusieurs établissements, ce qui représente souvent plusieurs centaines d'élèves à suivre. Comment, dans ces conditions, espérer qu'ils puissent faire de la prévention, repérer les élèves en souffrance et les aider?
Il a fait part de sa volonté d'enrayer ce phénomène qui est source de souffrance pour les élèves français. En conséquence, elle l'interroge sur les mesures concrètes qu'il a l'intention de mettre en place pour atteindre cet objectif et, plus encore, sur les moyens qu'il entend développer afin de préparer aux mieux les enfants à répondre à ce type de situation.
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Transmise au Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse
Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 06/12/2018
Le harcèlement est un phénomène qui affecte encore un trop grand nombre d'enfants et d'adolescents dans notre pays. Toutefois, les efforts déployés depuis plusieurs années par le ministère de l'éducation nationale, les académies, les écoles et établissements commencent à porter leurs fruits. Selon une enquête internationale HBSC (Health behaviour in scholl-aged children), le harcèlement scolaire a diminué en France pour la première fois en 2016, avec une baisse de 15 %, entre 2010 et 2014, la diminution la plus importante concernant les élèves de sixième (- 33 %). La question du harcèlement reste au cur des préoccupations du ministère de l'éducation nationale. Les objectifs sont clairs : faire reculer ce phénomène à tous les niveaux de la scolarité du jeune, dans le premier degré comme dans le second degré ; inscrire notre action dans la durée par une approche globale du climat scolaire qui doit questionner l'ensemble de l'organisation de la structure scolaire et son fonctionnement afin que chaque personnel et élève puissent évoluer positivement. Ces actions d'envergure doivent permettre la détection encore plus précoce de ces situations et l'assurance d'une meilleure prise en compte. La lutte contre le harcèlement repose sur un travail collectif, fondé sur la confiance avec les familles et les partenaires de l'école afin de préparer une société fondée sur des relations sociales apaisées. Depuis plusieurs années, le ministère de l'éducation nationale s'est mobilisé et a mobilisé les académies, les écoles et les établissements contre le harcèlement. Sur un plan règlementaire, le code de l'éducation prévoit la mise en place d'un plan de prévention des violences incluant un programme d'actions contre toutes les formes de harcèlement dans les établissements (R. 421-20, D. 411-2). À ces plans de prévention s'ajoutent la définition de protocoles de prise en charge des situations de harcèlement. Le ministère a par ailleurs mis en place des plateformes d'appel : le 30 20, un numéro gratuit d'écoute, de conseil et, éventuellement, de prise en charge des situations (transmission des éléments au référent académique ou départemental concerné, grâce à un outil sécurisé et validé par la CNIL ; le référent a ensuite mission de prendre contact avec l'interlocuteur et avec l'établissement concerné pour résoudre la situation). Au regard des dernières études statistiques, la création de ce numéro simplifié, combinée à une plus grande amplitude horaire, semble avoir permis le traitement de davantage de situations sur les questions de cyberharcèlement, NetÉcoute (0800 200 000 ou www.netecoute.fr) offre écoute et conseils aux personnes qui le sollicite. La détection des élèves en souffrance ainsi que les activités de prévention et d'aide sont donc assurées par un travail collectif, impliquant, outre les psychologues de l'éducation nationale, l'ensemble de l'équipe pédagogique. C'est donc au sein d'une équipe pluridisciplinaire que les psychologues de l'éducation nationale (Psy-EN), interlocuteurs des enfants, des adolescents, des familles et des équipes enseignantes, exercent leur mission d'accueil, d'écoute, et d'information. Ils élaborent, avec les publics dont ils ont la charge, avec les équipes pédagogiques et éducatives et avec les familles, les modalités d'aide et de suivi individuelles ou collectives nécessaires. Ils partagent les éléments d'analyse de toute problématique et de remédiation avec les enfants, les adolescents, les jeunes adultes, les familles et les enseignants, et ils réalisent des entretiens approfondis afin de favoriser le développement psychologique et social des adolescents, la construction d'un rapport positif aux apprentissages et une projection ambitieuse dans l'avenir. Au 1er décembre 2017, les effectifs des Psy-EN se montent à près de 7 200 personnes, et 282 postes ont été ouverts au titre de la session 2018.
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