Question de M. de LEGGE Dominique (Ille-et-Vilaine - Les Républicains) publiée le 22/03/2018

M. Dominique de Legge attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, sur le problème que pose sur nos rivières la « continuité écologique » qui conduit à la destruction de nombreux sites : moulins, étangs, forges, barrages, plans d'eau, et à des dépenses incontrôlées. Les retenues et réservoirs, les canaux et les biefs sont considérés comme des zones humides aux termes de la convention de Ramsar, et répondent également à la définition des zones humides selon la loi française. Or l'on constate que trop souvent les opérations de continuité écologique s'y déroulent sans inventaire complet de la biodiversité, ni évaluation du bilan global des opérations. L'impact de la modification ou de la destruction des ouvrages sur les oiseaux, les amphibiens et les végétaux qui s'y trouvent, devrait obligatoirement faire l'objet d'études. Il souhaite savoir comment il pourrait faire évoluer les pratiques sur ce point, en particulier celles de l'agence française pour la biodiversité, qui doit tenir compte de l'ensemble du vivant aquatique et fournir aux gestionnaires des grilles d'interprétation. Il lui demande par ailleurs pourquoi l'énergie hydraulique est si peu exploitée, alors qu'existe la formidable source d'énergie de nos rivières, équipées de nombreuses structures de génie civil tels les chutes des moulins, les forges, les étangs, les barrages, les anciennes usines hydro-électrique. La politique actuelle tend à favoriser la destruction de ces sites potentiellement exploitables, alors même qu'il faudrait simplifier la conduite des projets hydro-électriques et garantir la protection écologique des eco-systèmes.

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Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire publiée le 21/06/2018

La restauration de la continuité écologique des cours d'eau (libre circulation des poissons et des sédiments) est une composante essentielle de l'atteinte du bon état des masses d'eau conformément à la directive cadre sur l'eau. Cette continuité est essentiellement impactée par les seuils et barrages qui sont sur les cours d'eau. Ils empêchent plus ou moins fortement le déplacement des poissons vers leurs habitats, refuges et frayères, ennoient certains de ces mêmes éléments et stockent les sédiments. Pour réduire ces effets, la loi a prévu des classements de cours d'eau qui rendent obligatoire pour les ouvrages existants en lit mineur, d'assurer la circulation piscicole et le transport sédimentaire là où cet enjeu est fort. Cette préoccupation est ancienne puisque la première loi prévoyant d'imposer le franchissement des ouvrages par les poissons date de 1865 avant les grands barrages et avant la pollution du 20ème siècle. La mise en œuvre de la continuité écologique nécessite la conciliation de plusieurs enjeux importants tels que la qualité de l'eau,  l'hydroélectricité, le patrimoine et la préservation de la biodiversité. Certains acteurs concernés manifestent de vives réactions. Pour autant, la restauration de la continuité n'a en aucun cas pour objectif et conséquence, la destruction des moulins puisqu'elle ne s'intéresse qu'aux seuils dans le lit mineur des cours d'eau et que différentes solutions d'aménagement existent. Afin d'apaiser les choses, un groupe de travail a été constitué au sein du comité national de l'eau (CNE). Les fédérations de défense des moulins et l'association des riverains de France y sont pleinement associées. Composé de représentants de l'ensemble des acteurs concernés, ce groupe de travail se sera réuni cinq fois entre octobre 2017 et juin 2018. Il s'est vu confier par le CNE une mission d'écoute, d'analyse et de synthèse formulées sous forme d'un projet de plan d'action pour améliorer la mise en œuvre de la continuité écologique sur le terrain. Le comité national de l'eau rendra un avis sur ce projet de plan qui sera adressé au ministre de la transition écologique et solidaire. On ne doute pas, au regard des travaux du groupe, que ceux-ci permettront de prendre les dispositions nécessaires pour faciliter une mise en œuvre plus apaisée de la continuité écologique dans le respect des différentes parties, des différents enjeux et de la réglementation européenne.

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