Question de M. BARGETON Julien (Paris - LaREM) publiée le 28/03/2018
Question posée en séance publique le 27/03/2018
M. Julien Bargeton. Ma question s'adresse à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.
Elle s'appelait Mireille Knoll. Elle avait quatre-vingt-cinq ans. Elle était française et de confession juive. Elle avait échappé de justesse à la rafle du Vel' d'Hiv au mois de juillet 1942, en s'enfuyant de Paris avec sa mère. Vendredi dernier, le corps sans vie de cette octogénaire, mère de deux enfants, a été retrouvé en partie carbonisé et lacéré de onze coups de couteau dans son appartement du XIe arrondissement de Paris. Le parquet de Paris a ouvert hier une information judiciaire pour assassinat à raison de l'appartenance de la victime à une religion, retenant ainsi le caractère antisémite de l'agression.
Face à cet acte ignoble, une conclusion s'impose : non, la France n'en a pas terminé avec l'antisémitisme.
Une chose est sûre : la douleur est aujourd'hui nationale. Chaque fois qu'un citoyen est agressé en raison de ce qu'il est, c'est toute la République que l'on agresse. Au-delà de Paris, c'est toute la France qui est meurtrie. Nous serons nombreux, je l'espère, demain, à la marche blanche en hommage à Mireille Knoll.
Souvenons-nous d'Ilan Halimi et du « gang des barbares » en 2006, de l'attaque de l'école Ozar Hatorah à Toulouse en 2012, du meurtre de Sarah Halimi l'an dernier, de cet enfant de huit ans sauvagement agressé à Sarcelles et, bien sûr, des victimes de l'Hyper Cacher en 2015.
Face à la forte montée de l'antisémitisme depuis les années quatre-vingt, la reconquête des esprits, le combat contre les ennemis de la République, la défense de la vision française de la laïcité sont plus que jamais des impératifs.
Il nous faut aussi lutter contre les éducations culturellement « ségréguées » dans certains territoires. Avec internet, la haine n'a pas trouvé un outil de régulation ; elle a trouvé un nouvel horizon.
Monsieur le ministre d'État, pouvez-nous nous préciser les moyens mis en œuvre par le Gouvernement pour lutter contre l'antisémitisme et contre toutes les formes de racisme et de xénophobie, notamment sur internet, qui menacent notre « commun républicain » ? (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et sur des travées du groupe socialiste et républicain et du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)
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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 28/03/2018
Réponse apportée en séance publique le 27/03/2018
M. Gérard Collomb, ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Julien Bargeton, vous avez raison : pendant toute une période, on a cru que l'antisémitisme appartenait au passé, que la Shoah, qui avait vu des millions de juifs périr en Europe hommes, femmes, enfants , c'était définitivement passé. Nous voyons aujourd'hui que renaît un antisémitisme extrêmement fort et nous ne pouvons le laisser se développer.
Il faut que, les uns et les autres, dans cet hémicycle, quelle que soit notre sensibilité, nous menions la lutte contre l'antisémitisme, nous ne laissions aucun coin d'ombre, nous soyons toujours au premier rang dans cette lutte.
Vous avez parlé des contenus qui peuvent se diffuser sur internet pour appeler à la haine. Avec le Président de la République, nous sommes en train de mener un combat à l'échelon européen, pour que tous les contenus haineux, antisémites, racistes puissent être très vite retirés. Nous avons dit ensemble que, si nous n'obtenions pas des grandes plateformes le retrait dans les meilleurs délais de ces contenus, la Commission européenne prendrait un certain nombre de résolutions pour obliger ces dernières à les retirer. Si cela n'allait pas assez vite, nous ferions comme en Allemagne : nous prendrions une loi spécifique pour qu'en France cela ne se passe plus. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et sur des travées du groupe socialiste et républicain et du groupe Union Centriste.)
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