Question de Mme LIENEMANN Marie-Noëlle (Paris - SOCR) publiée le 08/02/2018
Mme Marie-Noëlle Lienemann attire l'attention de Mme la ministre, auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports sur les projets de délocalisation en Inde des services informatiques d'Air France.
La direction d'Air France a annoncé le 30 janvier 2018 au comité d'entreprise de sa branche informatique la délocalisation des centaines d'emplois des développeurs-programmeurs (DEV) vers l'Inde. Cette décision scandaleuse s'inscrit dans une politique de l'entreprise qui, dans ce secteur clef pour ses activités, a depuis de nombreuses années recouru de plus en plus souvent à la sous-traitance, la tierce maintenance applicative ou les externalisations qui en découlaient !
Dans le transport aérien comme dans de nombreuses entreprises, les besoins en informatique ont explosé, cette tendance se poursuivra durablement. Mais, depuis dix ans, Air France a restreint sa politique d'embauches et n'envisage désormais qu'un nombre insuffisant de recrutements en 2018, très éloigné des besoins et en tout cas insuffisant pour rattraper le retard accumulé. En conséquence, le taux de sous-traitance n'a fait que croître, atteignant des niveaux records chaque nouvelle année pour atteindre actuellement 70 % parmi les DEV.
Aujourd'hui, prenant prétexte de cette situation qu'elle a elle-même engendrée, la direction de l'informatique (la DGSI) va connaître une véritable implosion.
Il est inacceptable que notre pays qui connaît un chômage massif accepte des délocalisations d'emplois en Inde, organisées par une entreprise dont l'État est actionnaire.
C'est d'autant plus injustifié que les organisations syndicales ont présenté des alternatives crédibles et fondées sur le renforcement des moyens internes de la direction de l'informatique de l'entreprise, à des coûts maîtrisés, tant par un plan d'embauches, que par l'intégration des apprentis, des mutations internes à l'entreprise ou encore l'intégration de prestataires externes.
La direction d'Air France semble justifier ces délocalisations par la difficulté à trouver des compétences en France pour le secteur concerné ! C'est un comble au moment où le Gouvernement veut renforcer la formation professionnelle et l'apprentissage.
Nul doute qu'une action volontariste en la matière permettra à Air France de se doter des compétences en programmateurs de développement dont elle a besoin !
Lors de la session du comité d'entreprise, la totalité des élus et représentants des salariés se sont opposés à ce projet et ont souligné que cette décision était contraire à des engagements pris antérieurement, intervenant par ailleurs à un moment où la compagnie va publier un bénéfice exceptionnel et où les « benchmarks » montrent le très bon rapport qualité-prix de son modèle d'informatique. Ils s'inquiètent d'une dégradation de l'efficacité du service informatique, induite par ce choix.
Elle lui demande d'exiger de la direction d'Air France l'abandon de cette délocalisation de centaines d'emplois en Inde.
Elle lui demande d'ouvrir des négociations avec les organisations syndicales de la société pour proposer un plan d'avenir, avec des emplois en France pour son secteur informatique.
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Réponse du Ministère auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargé des transports publiée le 03/05/2018
Les services informatiques d'Air France sont basés sur trois sites en France (Paris, Toulouse, Sophia-Antipolis) et représentent environ 1 400 collaborateurs. Dans le domaine du développement informatique, l'activité est pilotée sous la responsabilité de personnels de l'entreprise (soit environ 550 personnes), qui s'appuient par voie contractuelle sur des sociétés de services informatiques (SSII) en complément (soit environ 900 personnes). Pour faire face à la croissance de cette activité de développement informatique, la direction informatique d'Air France a décidé d'un plan de recrutement de 50 personnes en 2016, 53 en 2017 et 110 en 2018 couplé avec un plan de formation interne. Elle mène également une réorganisation des activités actuellement confiées à la sous-traitance. Ce chantier est devenu nécessaire par la volonté de s'adapter aux meilleures pratiques du marché et par la difficulté croissante de trouver les compétences adéquates et suffisantes à proximité des sites d'Air France. L'entreprise prévoit donc des contrats-cadres selon le modèle dit de « centre de service », couramment utilisés par d'autres entreprises comparables. Ce choix ne concerne que les activités sous-traitées et est sans impact sur les personnels d'Air France ; il prévoit le maintien d'une partie importante de l'activité sous-traitée sur les sites Air France et le repositionnement d'une autre partie dans les locaux des sociétés prestataires. Après concertation avec les partenaires sociaux, la direction de l'informatique d'Air France a annoncé suspendre un projet d'implantation en Inde et a confirmé lors du CE du 21 février 2018 que les centres de service ne seront mis en place que sur des sites du territoire national.
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