Question de Mme PEROL-DUMONT Marie-Françoise (Haute-Vienne - SOCR) publiée le 01/02/2018
Mme Marie-Françoise Perol-Dumont attire l'attention de Mme la ministre, auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports sur les difficultés de transport rencontrées par près d'un quart des jeunes en France, ce qui constitue pour eux un frein à l'emploi.
Selon une étude de la direction de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative, 26 % des 18-30 ans ont dû en 2016 refuser une offre d'emploi parce qu'il leur était compliqué de se déplacer jusqu'au lieu de travail. Un sur cinq a dû abandonner un projet de formation, et plus de la moitié a dû restreindre sa vie sociale et ses activités, qu'il s'agisse de rendre visite à un proche, d'accéder à un loisir ou de partir en vacances, faute de moyens de transport adapté.
Or, les jeunes prennent davantage les transports en commun que les autres classes d'âge : il s'agit pour près d'un tiers d'entre eux (29 %) du principal mode de déplacement quotidien, contre 14 % en moyenne pour le reste de la population. Seule la moitié d'entre eux utilise en priorité la voiture pour se déplacer au quotidien. L'implication des collectivités locales pour aider les jeunes confrontés à ce type de problème trouve des limites dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint par les baisses de dotations auxquelles elles sont confrontées aussi.
Elle lui demande son opinion sur ce constat et comment elle entend y remédier.
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Réponse du Ministère auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargé des transports publiée le 02/08/2018
Le Gouvernement partage à la fois le diagnostic et l'importance liés aux enjeux de la mobilité des jeunes. Pour chaque Français, la mobilité est un puissant facteur d'insertion sociale, économique et professionnelle, elle est un préalable conditionnant l'accès à tous les autres droits. Mais pour chaque jeune, l'accès à cette mobilité prend une importance plus grande encore, notamment en matière d'accès à l'emploi. Dans ce contexte, le Gouvernement est résolu à apporter des réponses fortes et concrètes pour améliorer cet accès à la mobilité et porter une politique de mobilité plus inclusive, en particulier au sein du projet de loi d'orientation sur les mobilités en cours de finalisation. L'une des ambitions principales du projet de loi sera de couvrir l'ensemble du territoire d'une autorité en charge d'organiser la mobilité. Ce sont en effet aujourd'hui 40 % de Français qui résident dans des « zones blanches » de la mobilité où aucune solution ne leur est proposée en dehors de l'usage individuel de leur véhicule. En outre, conscient que le système actuel de gouvernance de la mobilité des plus fragiles n'est pas satisfaisant, le Gouvernement souhaite le décloisonner et permettre dans la future loi une articulation plus étroite entre les acteurs de la mobilité, de la sphère sociale et de celles de l'emploi et de l'insertion. Ces différentes parties prenantes devront à cette fin élaborer et mettre en uvre un plan d'action pluriannuel pour la mobilité des plus fragiles, dont le suivi et la coordination seront assurés chaque année. Ce plan aura comme principal objectif de permettre à tout demandeur d'emploi ou de formation de bénéficier à proximité de chez lui d'un conseil et d'un accompagnement individualisé en mobilité. Cette action plus coordonnée, plus lisible et donc plus efficace devrait ainsi être de nature à faciliter la réplication à plus grande échelle de solutions éprouvées sur le terrain. À cet égard, le modèle des structures de mobilité inclusive développé ces dernières années s'avère particulièrement encourageant : basé sur l'écoute et l'identification fine des freins à la mobilité, il permet de développer pour les publics fragiles des réponses adaptées, de différentes natures. Pour un jeune pris en charge, cette aide peut par exemple prendre la forme d'un apprentissage du vélo, d'une location de scooter électrique ou d'une aide au micro-crédit pour l'achat d'un véhicule. Le Gouvernement souhaite ainsi dans la loi permettre aux autorités organisatrices de la mobilité d'organiser par elles-mêmes ou de financer ce type de services, ou de verser des aides individuelles à la mobilité. Mais le projet de loi proposera également des solutions pour faciliter le développement des mobilités actives et partagées, solutions particulièrement bien adaptées aux plus jeunes. Le vélo, notamment, est aujourd'hui un mode de transport sous-utilisé dans notre pays, alors qu'il pourrait être une véritable solution de mobilité pour de nombreux trajets de courte et moyenne distances. Un plan vélo devrait ainsi être développé, permettant de créer les conditions favorables à l'essor de ce mode de transport (aménagements d'itinéraires, de bornes de recharge pour les vélos électriques, de parkings sécurisés, etc.). Enfin, au-delà du cadre législatif, le Gouvernement est attaché à la réduction des inégalités devant l'accès au permis de conduire. La possession du permis de conduire comme la motorisation des individus varient en effet fortement selon le niveau de qualification et de revenus. Pour les jeunes, particulièrement dans les territoires ruraux et les quartiers prioritaires de la politique de la ville, c'est souvent une situation de dépendance qui se crée. Le Gouvernement souhaite ainsi porter des mesures, notamment pour aider financièrement des jeunes sous conditions de ressources. Le Gouvernement est donc déterminé à agir pour réduire les inégalités devant l'accès à la mobilité en faveur de nos concitoyens les plus jeunes.
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