Question de Mme SAINT-PÉ Denise (Pyrénées-Atlantiques - UC) publiée le 16/02/2018
Question posée en séance publique le 15/02/2018
Mme Denise Saint-Pé. Ce soir, près de 2 000 Parisiens recenseront anonymement les personnes passant la nuit dans la capitale sans aucun abri, à l'occasion de la Nuit de la solidarité.
La vague de froid et les chutes de neige qui se sont abattues sur la France la semaine dernière ont multiplié les problèmes : réseaux ferroviaires et trafic aérien perturbés, routes impraticables, usagers immobilisés
Ces blocages, certes pénibles, ne doivent pas occulter la dure réalité vécue par les personnes sans abri, les plus touchées par ces conditions hivernales extrêmes.
Ainsi, trente-deux départements ont activé le plan Grand Froid afin d'ouvrir de nouvelles places d'hébergement, de renforcer les équipes du SAMU social, d'intensifier les maraudes et d'allonger les heures d'ouverture des accueils de jour et de nuit. Mais combien de personnes oubliées, seules face au froid glacial de la rue ? Combien de personnes non détectées par les maraudes ? Combien de personnes obligées de retourner à la rue dès que la remontée de la température mettra fin au plan d'alerte ?
Nous ne connaissons pas ces chiffres, mais il en est un qui est insoutenable : depuis le 1er janvier, 45 personnes sont décédées dans nos rues en France, et l'on a dénombré 403 morts en 2017 !
Si ces conditions climatiques exceptionnelles amènent la prise de mesures exceptionnelles et la mise à l'abri de personnes supplémentaires, des réponses durables doivent être apportées. Héberger une personne sans abri, au coup par coup, pour une nuit, et la laisser regagner la rue le lendemain ne me semble pas être une réponse à la hauteur de sa détresse.
M. le président. Votre question, chère collègue.
Mme Denise Saint-Pé. Monsieur le ministre de la cohésion des territoires, quelles mesures le Gouvernement compte-t-il prendre pour faire du logement un levier de réinsertion des personnes en difficulté ? Dans quelle mesure le lancement du plan quinquennal Logement d'abord va-t-il permettre d'honorer la promesse formulée par le chef de l'État l'été dernier : « Je ne veux plus d'ici la fin de l'année avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus » ? (Applaudissements sur des travées du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)
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Réponse du Ministère de la cohésion des territoires publiée le 16/02/2018
Réponse apportée en séance publique le 15/02/2018
M. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires. Madame la sénatrice Denise Saint-Pé, vous abordez un sujet grave. Ces drames quotidiens que nous connaissons sont malheureusement le lot de presque tous les pays dits développés, à l'exception peut-être de quelques pays nordiques.
Le Gouvernement a pris à bras-le-corps cette problématique, comme d'autres l'avaient fait avant lui, en faisant débuter la période hivernale dès le 1er novembre et en déclenchant le plan Grand Froid il y a une dizaine de jours dans trente-sept départements.
La première réponse, immédiate, consiste à ouvrir davantage de places. Nous l'avons fait en mettant à disposition 10 000 places de plus que l'année dernière, c'est-à-dire plus qu'il n'y en a jamais eu. Cela ne saurait pour autant constituer un motif de satisfaction : cet effort répond au constat des graves difficultés que nous connaissons dans notre pays en matière de solitude et de misère. Cette première réponse est efficace, même si l'on peut toujours considérer qu'elle est insuffisante.
La seconde réponse est le lancement du plan Logement d'abord, qui vise à permettre le passage de l'hébergement d'urgence à un logement pérenne. Ce plan, mis en uvre en collaboration avec les collectivités locales nous avons reçu plusieurs dizaines de demandes d'intercommunalités , permettra d'ouvrir 10 000 places en pension de famille supplémentaires et 40 000 places en intermédiation locative au cours du quinquennat. C'est comme cela que nous pourrons avancer tous ensemble !
Permettez-moi enfin de rappeler que la collectivité nationale consacre déjà 2 milliards d'euros à l'hébergement d'urgence. Certes, on peut toujours faire plus, sachez en tout cas que nous travaillons au quotidien pour apporter une réponse à un drame humain qui nous concerne tous. (Applaudissements sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe La République En Marche.)
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