Question de M. GAY Fabien (Seine-Saint-Denis - CRCE) publiée le 16/11/2017
M. Fabien Gay interpelle Mme la ministre, auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports sur la situation des usagers du RER B.
Il lui indique que le 9 novembre 2017 encore le trafic du RER B était fortement perturbé à la suite d'un « problème voyageur en gare de Drancy ».
Usager quotidien de cette ligne, matin et soir, il est une nouvelle fois arrivé en retard à ses rendez-vous professionnels du fait de ces problèmes. Il s'interroge sur le nombre de personnes arrivant en retard à leur travail, leurs rendez-vous professionnels ou encore sur leur lieu d'études. Ces personnes sont des dizaines de milliers.
Il lui fait part des nombreux témoignages reçus dans le RER B, soulignant une mise en porte-à-faux vis-à-vis des employeurs, la crainte du licenciement, et la nécessité de partir plus tôt, jouant sur le temps consacré à la vie familiale.
Il considère qu'il n'est pas nécessaire de souligner les rames bondées, notamment le soir en heure de pointe, qui provoquent soit des malaises, soit des incidents entre voyageurs et qui sont un facteur de stress permanent pour des milliers d'usagers. Nombre d'entre eux se sentent obliger d'utiliser leur voiture pour se rendre à leur travail au détriment de la qualité de l'air et de l'intérêt environnemental.
Ces pannes ou incidents sont malheureusement devenus le quotidien des 900 000 usagers du RER B : pannes de signalisations, coupures électriques, pannes matérielles, ruptures de caténaires... Cette situation est le résultat de la vétusté du matériel, du manque d'investissements comme de personnel formé. Malheureusement, le plan RER B Nord + n'a pas apporté de réponse satisfaisante aux besoins des usagers quotidiens.
Il a connaissance des contraintes budgétaires, car ce sont celles qui sont opposées à chaque demande d'investissements.
Dans ce contexte, il s'interroge sur le fait que SNCF réseaux, déjà endettée, se voie autorisée à dépenser 250 millions d'euros en fonds propres.
Ce projet inutile, dont le financement reste à assurer, destiné à un public de 22 000 passagers par jour n'offre pas même de garanties de rentabilité. De plus, il rappelle que si un problème survient sur la ligne du Charles de Gaulle (CDG) express, cette liaison utilisera les voies du RER B.
Il insiste sur le fait qu'il s'agit d'une triple peine pour les usagers du RER B : pannes à répétition et retards récurrents, manque d'investissements pour répondre à leurs besoins, et pénalisation supplémentaire lorsque le CDG express empruntera leur ligne. Cette ligne, par ailleurs, ne leur profitera pas et sera inutilisable avec le pass navigo.
Il rappelle que de nombreuses améliorations restent à apporter dans l'intérêt général, environnemental et social, notamment concernant le quotidien des usagers de la ligne B : outre le doublement du tunnel en cours entre Châtelet et la gare du Nord, le rehaussement des ponts sur la partie sud de la ligne pour permettre la circulation de rames à deux étages, et l'investissement dans le matériel roulant, les infrastructures et la formation de personnels.
Il semblerait légitime que le syndicat des transports d'Île-de-France (STIF), en lien avec la SNCF, se consacre en premier lieu à ces chantiers.
Il souhaite donc que les nouvelles perturbations de novembre 2017 fassent enfin entendre la voix des usagers du RER B et celle des personnels.
Il souhaite également une réorientation des investissements pour les besoins du plus grand nombre.
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Réponse du Ministère auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargé des transports publiée le 22/03/2018
Le RER B transporte 860 000 passagers par jour de semaine. Cette ligne est la plus chargée du réseau francilien après le RER A. À ce titre, elle a bénéficié d'investissements conséquents ces dix dernières années au travers du schéma directeur (RER B « Nord + » et « Sud + ») financé par le contrat de plan État-région (CPER) Île-de-France. Par ailleurs, une direction de ligne unifiée a été mise en place au sein d'un centre de commandement unique de la ligne B, l'objectif étant d'améliorer la coordination entre les deux exploitants de la ligne. Tous ces efforts humains et matériels ont permis des progrès en termes de ponctualité. Entre 2009 et 2015, le taux de ponctualité est passé de 78 % à 90 %. En 2016, l'augmentation du nombre de colis suspects et la survenue d'incidents majeurs et exceptionnels ont terni ce bilan et ce taux a baissé pour s'établir à 88,5 %. En outre, la fréquentation poursuit sa progression à un rythme de 2 % par an expliquant en partie l'érosion constatée de la ponctualité depuis le pic de 2015. Pour ces raisons, un niveau important d'investissements doit être maintenu sur cette ligne essentielle aux transports du quotidien des franciliens. Ainsi, le RER B bénéficie pleinement de l'enveloppe de 1,3 Md prévue par les schémas directeurs au CPER : un montant de 215 M lui a ainsi été attribué entre 2015 et 2017. D'importants travaux sont par ailleurs programmés à partir de 2018 visant à régénérer la caténaire et à optimiser le découpage électrique de la partie nord de la ligne B. Le projet CDG Express assurera quant à lui la liaison entre l'aéroport Paris-Charles de Gaulle et la gare de l'Est en 20 minutes. Ce transport rapide, cadencé au quart d'heure entre Paris et la seconde plateforme aéroportuaire d'Europe, est financé grâce aux billets payés par ses usagers et par une taxe affectée payée par les voyageurs aériens hors transit. Il sera financé par des apports en capital de la société de projet mise en place entre SNCF Réseau et Aéroports de Paris pour sa réalisation et qui seront récupérés en fin d'amortissement, ainsi que par un prêt de l'État qui sera remboursé grace aux ressources comerciales. Sur ce dernier point, il diffère du RER B qui bénéficie de subventions. Par ailleurs, en situation nominale, les flux du RER B et du CDG Express seront séparés et donc sans incidences réciproques. En situation fortement perturbée, des études ont été engagées afin de s'assurer que les flux du CDG Express ne viennent pas impacter ceux du RER B. Ces études, menées en étroite concertation avec Île-de-France Mobilités et les opérateurs concernés, ont d'ores et déjà conduit à prévoir la réalisation, dans le cadre de ce projet, de 180 M de travaux dédiés au RER B pour renforcer sa capacité à faire face aux situations dégradées. En complément, certains travaux réalisés pour le CDG Express vont profiter aux circulations du Transilien K desservant le département de la Seine-Saint-Denis, notamment les travaux qui vont permettre le relèvement de la vitesse de pointe de 120 à 140 km/h entre la Plaine-Stade de France et Aulnay-sous-Bois. Dès lors, il n'y a pas lieu d'opposer ces deux ensembles de projets, qui sont complémentaires, les uns destinés aux transports du quotidien financés sur fonds publics et l'autre offrant, comme c'est le cas pour de nombreux aéroports internationaux, un transport adapté aux passagers aériens, payé à son coût complet par ces derniers.
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