Question de M. DÉRIOT Gérard (Allier - Les Républicains-R) publiée le 02/11/2017
M. Gérard Dériot attire l'attention de M. le secrétaire d'État, auprès du Premier ministre, chargé du numérique sur la question de la couverture internet et mobile en milieu rural.
De nos jours, l'accès à la téléphonie mobile et à internet sont devenus obligatoires pour développer une activité sociale et économique. Or, dans de nombreux départements, persiste la présence de « zones blanches » dans lesquelles la couverture en réseau mobile est absente ou insuffisante.
Dans ces zones, les administrés rencontrent au quotidien des difficultés qui les empêchent de vivre et de travailler correctement et se plaignent légitimement de payer des abonnements sans pouvoir accéder aux services souhaités.
Concernant la téléphonie mobile, la définition d'une « zone blanche » n'a pas évoluée ni été réactualisée depuis sa création en 2001 par l'État, alors que l'usage des mobiles a radicalement évolué. Or, les critères de définition sont aujourd'hui obsolètes et constituent le principal obstacle à un traitement efficace au manque de couverture mobile.
L'appel à projet dit de 800/1 300 sites, qui cible les zones hors centres bourgs où il y a une activité économique ou touristique sans couverture mobile, fait référence à des critères d'éligibilité qui sont également trop restrictifs pour refléter un usage quotidien, et écarte de fait un grand nombre de demandes non retenues.
Concernant internet, malgré les investissements réalisés par les collectivités locales afin de déployer la fibre optique et augmenter les débits dans ces territoires, force est de constater que de nombreux problèmes subsistent. La mixité technologique et un usage plus répandue des technologies mobiles pour pallier au manque de débit est primordial et la couverture en internet mobile revêt de ce fait une dimension encore plus stratégique.
Les critères d'éligibilité aux programmes de développement condamnant de fait l'investissement dans le numérique pour les populations rurales, il lui demande de préciser les dispositions que le Gouvernement prévoit de mettre en œuvre pour réduire la fracture numérique. Il lui rappelle qu'il est primordial d'agir vite : les particuliers et les professionnels fuient les zones non ou mal desservies en numérique, condamnant à court terme tout déploiement sur ces dernières.
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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du Premier ministre, chargé du numérique publiée le 05/04/2018
La résorption de la fracture numérique représente un défi majeur de la lutte contre la fracture territoriale qui est l'une des priorités du Président de la République. En effet, l'accès au numérique constitue un véritable vecteur de renouveau social, économique et industriel essentiel à la cohésion des territoires. Il permet de désenclaver des territoires en réduisant les distances, de lutter contre la désertification par l'accès à des services innovants comme le télétravail ou la télémédecine, de relancer l'économie en permettant l'implantation de nouvelles industries ou de nouveaux services. C'est pourquoi le Président de la République a fixé des objectif ambitieux pour résoudre la fracture numérique lors de la première Conférence Nationale des Territoires du 17 juillet 2017 : garantir l'accès de tous les citoyens au bon débit (> à 8Mbit/s), généraliser une couverture mobile de qualité dès 2020 et doter l'ensemble des territoires de la République de réseaux très haut débit (> à 30Mbit/s) d'ici 2022. Dès l'été, le Gouvernement a lancé un cycle de concertation avec l'ensemble des acteurs impliqués dans l'aménagement numérique des territoires collectivités territoriales, industriels, opérateurs de télécommunication afin de tirer un bilan des initiatives en cours et co-construire avec l'ensemble du secteur une feuille de route permettant de répondre aux objectifs présidentiels. Cette feuille de route a été présentée par le Premier ministre le 14 décembre 2017, lors de la deuxième Conférence Nationale des Territoires. Concernant l'accès à internet fixe, le Gouvernement entend s'appuyer prioritairement sur les opérateurs privés et les collectivités territoriales afin d accélérer la couverture en très haut débit de l'ensemble des territoires. En ce sens, il a obtenu des opérateurs privés qu'ils prennent des engagements de déploiement de fibre optique jusqu'à l'abonné contraignants et opposables dans un cadre légal sur plus de 3 600 communes urbaines et péri-urbaines, représentant près de 60 % des locaux. Concernant les 40 % de locaux restants situés en zones rurales, le Gouvernement conforte l'action des collectivités territoriales qui portent des projets ambitieux de réseaux d'initiative publique. Ainsi, le Gouvernement a sécurisé dans la loi de finances 2018 l'enveloppe des 3,3 milliards d'euros dédiée au soutien et à l'accélération des réseaux d'initiative publique dans le cadre du Plan France Très Haut Débit. Poursuivant la même volonté d accélérer les déploiements, le Gouvernement donne également la possibilité aux collectivités territoriales porteuses de schémas directeurs territoriaux d'aménagement numérique (et/ou de réseaux d'initiative publique) de mobiliser davantage les investissements privés dans le cadre d engagements contraignants de déploiement, afin de compléter en cohérence et en complétude les projets existants sur les territoires de leurs choix. Malgré les dynamiques conjuguées des acteurs privés et publics, la fibre optique n'arrivera pas dans chaque logement ou chaque village d ici 2020. C est pourquoi il est nécessaire de veiller à ce que chaque citoyen bénéficie d'une solution d'accès à internet performante, alternative au réseau filaire (fibre optique ou réseau cuivre existant). C'est le sens du « Guichet cohésion numérique des territoires », doté de 100 millions d euros, qui sera lancé dès 2019 pour soutenir le raccordement à Internet par réseau hertzien (4G fixe, boucle locale radio ou satellite) pour les foyers qui ne disposeront pas de bon haut débit sur réseau filaire à horizon 2020. Concernant la couverture mobile du territoire, le Gouvernement, l'Arcep et les opérateurs sont parvenus à un nouvel équilibre visant à généraliser la couverture mobile de qualité pour tous les Français. De nouvelles obligations de couverture du territoire très ambitieuses ont ainsi été définies avec les opérateurs de téléphonie mobile et devraient permettre d'améliorer la vie quotidienne de tous les citoyens. Les nouveaux engagements des opérateurs se traduisent, en particulier, par la mise en place d un nouveau dispositif de couverture ciblée, à hauteur de 5 000 zones à couvrir en 4G par chaque opérateur (dont certaines zones pourront être mutualisées). Ce dispositif concernera les zones blanches et les zones grises : il vise à apporter une solution dans les situations, identifiées par les pouvoirs publics, où l'un ou plusieurs des opérateurs n'assurent pas une bonne couverture. L'effort de déploiement sera désormais financé par les opérateurs privés. Le rythme d'identification des 5 000 nouvelles zones par opérateur sera le suivant : 600 zones en 2018, 700 zones en 2019, 800 en 2020, 2021 et 2022 et 600 par an et par opérateur au-delà. Une fois ces zones transmises par le Gouvernement aux opérateurs, ceux-ci auront douze à vingt-quatre mois pour en assurer la couverture en 4G. Ce nouveau dispositif remplacera les programmes existants (zones blanches centres-bourgs, 800 sites stratégiques, France Mobile) qui prévoyaient un financement public et des conditions d'éligibilité plus strictes. Toutefois, le Gouvernement entend prendre en compte les cas où les collectivités souhaiteraient néanmoins poursuivre les déploiements engagés dans le cadre des programmes précédents (sous maîtrise d ouvrage publique). Dans ces cas, les engagements que l'État avait pris à l'égard des collectivités dans le cadre des anciens programmes continueront à s'appliquer. Ainsi, le Gouvernement est déterminé à mener une politique très volontariste pour apporter partout un bon débit d ici 2020 tout en gardant le cap du Plan France Très Haut que le Président de la République conforte pleinement. L'accès à un internet de qualité est un prérequis essentiel à la stratégie numérique que porte notre Gouvernement. Il le prie d'agréer l'expression de ses sentiments respectueux.
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