Question de M. MASSON Jean Louis (Moselle - NI) publiée le 02/11/2017

Sa question écrite du 4 février 2016 n'ayant pas obtenu de réponse sous la précédente législature, M. Jean Louis Masson attire à nouveau l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur le fait qu'en 2015 le Gouvernement a annoncé la suppression des classes bilangues dans les collèges ce qui mettait par contrecoup en cause les sections européennes et les sections franco-allemandes ABIBAC. Cette décision répondant à une vision trop égalitariste de l'éducation nationale conduisait à un nivellement par le bas car elle portait atteinte à des filières d'excellence. Ainsi les sections ABIBAC donnent aux élèves une ouverture extraordinaire sur l'Allemagne et les élèves qui en sont diplômés réussissent encore mieux que ceux des sections européennes. La suppression des classes bilangues pénalisait tout particulièrement la langue allemande, ce qui amena le gouvernement allemand à protester auprès de la France. Cela fut également très mal ressenti dans le département frontalier de la Moselle où les communes et le département déploient des efforts importants en faveur du bilinguisme franco-allemand. Le ministère de l'éducation nationale s'est malgré tout obstiné pendant des mois mais il vient heureusement d'annoncer que certaines classes bilangues seraient maintenues ce qui prouve que la décision initiale de leur suppression n'était pas pertinente. Le maintien des classes bilangues n'étant cependant que très partiel, il lui demande s'il serait possible de donner la priorité aux départements frontaliers, qui ont beaucoup plus que les autres besoin d'offrir à leurs collégiens une bonne connaissance de la langue du pays voisin, que ce soit l'Espagne, l'Italie ou l'Allemagne. En ce qui concerne la langue allemande, il lui demande ce qu'il envisage de faire pour garantir le maintien et même le développement des filières franco-allemandes en Moselle, notamment les classes européennes et les classes ABIBAC. Dans le même ordre d'idée, il lui demande pourquoi son ministère s'obstine à refuser toute participation à des projets associant la Moselle, la Sarre et le Luxembourg comme par exemple celui du Schengenlyzeun de Perl. Cet établissement est situé en Allemagne à quelques kilomètres des frontières luxembourgeoise et française et accueille des lycéens et collégiens provenant des trois pays. Cependant, le refus du ministère de l'éducation nationale de participer aux frais de fonctionnement au prorata du nombre d'élèves français conduit à ce que ceux-ci n'y soient plus accueillis à l'avenir.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 23/08/2018

Étape nouvelle à la rentrée 2017, l'assouplissement de la réforme du collège a permis de donner davantage de liberté, d'autonomie et de pouvoir aux équipes pédagogiques au sein des établissements, au plus près des réalités locales et des besoins des élèves. Elle a également permis d'enrichir l'offre éducative et de proposer une diversification des parcours des élèves, en particulier dans le champ des langues vivantes. Les classes bilangues ont été réouvertes pour permettre l'apprentissage de deux langues dès la classe de 6e. Dès la classe de 5e, un nouvel enseignement de langue et culture européennes a été créé pour renforcer l'apprentissage des langues vivantes, jusqu'à deux heures à chaque niveau. En outre, le début de l'apprentissage d'une seconde langue dès la 5e, pour tous les élèves, a été maintenu. L'ensemble de ces mesures a contribué à renforcer l'enseignement de l'allemand. Dans le premier degré, les effectifs d'élèves apprenant l'allemand sont en augmentation : le nombre d'élèves étudiant cette langue, dans l'enseignement public, était de 162 571 en 2015-2016 et est passé à 324 224 élèves. De même, au collège, 528 000 collégiens étudiaient l'allemand à la rentrée 2017 contre 487 000 en 2014-2015, soit une augmentation de plus de 8 %. Cet objectif a été atteint grâce à l'ouverture de classes d'allemand LV2. 15 % des élèves entrant en 5e ou en 4e à la rentrée 2017 ont choisi l'allemand contre 12,8 % précédemment. Le nombre d'élèves apprenant l'allemand au lycée (enseignement général et technologique) a également connu une augmentation avec 13 113 élèves de plus en 2017-2018 par rapport à 2015-2016. Ainsi, à la rentrée scolaire 2017, 894 695 élèves étudiaient l'allemand soit 15,9 % des élèves de l'enseignement secondaire, tous niveaux confondus. À titre de comparaison, ils étaient 15,3 % il y a dix ans. Plusieurs dispositifs spécifiques sont également présents sur le territoire pour assurer le dynamisme de l'enseignement de l'allemand. 82 établissements répartis dans 26 académies proposent une filière « Abibac ». Ces sections, créées par l'accord franco-allemand du 31 mai 1994, permettent aux élèves de préparer à la fois le baccalauréat et l'Abitur allemand, à partir de la classe de seconde, en France et en Allemagne. On compte actuellement 7 sections Abibac dans l'académie de Nancy-Metz, 21 dans l'académie de Strasbourg. Les départements frontaliers sont ainsi particulièrement concernés. Dans l'académie de Nancy-Metz, le nombre d'élèves apprenant l'allemand dans l'enseignement secondaire est en hausse constante depuis 3 ans, passant de 85 838 en 2014-2015 à 92 808 en 2017-2018. Les sections internationales allemandes font également partie des dispositifs offerts aux élèves qui souhaitent renforcer leurs compétences linguistiques. À l'occasion du conseil des ministres franco-allemand du 13 juillet 2017, la France et l'Allemagne ont souhaité donner un nouvel élan à leur coopération bilatérale en se fixant des objectifs ambitieux en matière d'apprentissage de la langue du partenaire et de la mobilité des jeunes. Le Conseil des ministres franco-allemand a décidé de promouvoir de manière encore plus intensive l'apprentissage de la langue du partenaire, de relancer les partenariats entre établissements scolaires et d'élargir les programmes Erasmus, notamment dans le domaine de la formation professionnelle. Pour promouvoir l'enseignement de l'allemand, une campagne de communication spécifique est menée, lors de la journée franco-allemande qui a lieu chaque année le 22 janvier. La brochure « L'allemand, un plus », conçue conjointement par l'Institut Goethe, le ministère de l'éducation nationale, l'Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ), l'Association pour le développement de l'enseignement de l'allemand en France et l'ambassade d'Allemagne en France, est diffusée dans toutes les académies et centres d'information et d'orientation. Cette brochure, destinée aux élèves et à leur famille, met notamment en avant les atouts de la langue allemande. La pratique de l'allemand se vit également au travers de nombreux partenariats entre écoles et établissements. Les Länder allemands sont les premiers partenaires des académies (18 % des accords, le deuxième étant le Royaume Uni avec 16 % des accords académiques). Ces nombreux partenariats sont propices à la mobilité des élèves et des enseignants, tout particulièrement dans le cadre des programmes mis en œuvre par l'OFAJ et le Secrétariat franco-allemand. S'agissant plus particulièrement de la voie professionnelle, le conseil des ministres franco-allemand de février 2014 avait mis l'accent sur la nécessité de développer de nouvelles filières au sein des établissements professionnels, dans des domaines à fort potentiel technologique et d'emploi. Plusieurs établissements proposent des filières franco-allemandes, notamment en partenariat avec le Land de Brême. Une nouvelle section franco-allemande entre la Sarre et la Lorraine a été ouverte au lycée professionnel André Citroën de Marly, près de Metz, dans le domaine de l'automobile. Quatre établissements sont impliqués dans les domaines de l'énergie et du développement durable dans une section franco-allemande qui a été créée dans l'académie de Dijon à la rentrée 2015. Trois nouvelles sections dans l'académie de Lyon dans les domaines de l'électronique numérisée et de la maintenance industrielle ont vu le jour à la rentrée 2016. L'académie de Besançon a quant à elle mit en place des sections franco-allemandes dans la filière bois. Par ailleurs, vingt Campus des métiers et des qualifications impliqués dans la transition énergétique tisseront des liens forts avec des établissements allemands. La France et l'Allemagne s'efforcent ainsi d'élargir la coopération franco-allemande dans le domaine de l'éducation. Elle repose sur des mesures ambitieuses pour promouvoir l'enseignement réciproque des langues, le développement des échanges et les projets communs, à l'échelle régionale et transfrontalière mais plus généralement sur l'ensemble de nos territoires.

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