Question de M. JOLY Patrice (Nièvre - SOCR) publiée le 23/11/2017
M. Patrice Joly attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur le démantèlement des services publics de santé dans les territoires ruraux et, plus précisément, sur la possible centralisation du service d'aide médicale urgente (SAMU) à Dijon.
En effet, l'agence régionale de santé de Bourgogne Franche-Comté évoque, à l'occasion de l'élaboration de son projet régional de santé, la fermeture du centre 15 du SAMU de la Nièvre (58) pour le transférer au centre hospitalier universitaire de Dijon.
Cette annonce inquiète énormément la population qui craint que cela ait un impact direct sur la prise en charge des patients nivernais, alors même que la Nièvre est un département rural, touché par le vieillissement de sa population et victime d'une désertification médicale galopante.
Cette décision de transférer le SAMU de Nevers, si elle intervenait, nuirait considérablement à la prise en charge des patients en rendant plus longs les temps d'intervention. Elle romprait les liens de proximité tissés au fil des années avec certains personnels médicaux, notamment dans le Morvan et le centre nivernais. Enfin, elle poserait la question du devenir des assistants de régulation.
Plus généralement, la question de la présence médicale dans nos départements ruraux est devenue de plus en plus cruciale. De très nombreuses communes, dans la France entière, sont confrontées à un déficit dramatique de médecins et de spécialistes.
Dans les cinq ans à venir, le département de la Nièvre sera le département le plus touché par le départ en retraite de généralistes. S'ajoute aux carences constatées le manque criant de spécialistes dont le département souffre également : pédopsychiatres, psychomotriciens
Or, le droit d'être soigné constitue le premier des services que la collectivité doit rendre à ses concitoyens. L'égalité des soins constitue une des déclinaisons du principe d'égalité qui est l'un des piliers de notre devise républicaine.
Dans ce contexte, il est inimaginable d'envisager la disparition d'un service médical dans ce département. Une telle décision apparaîtrait comme un désengagement supplémentaire de l'État.
Aussi, il lui demande de bien vouloir lui indiquer les mesures qu'elle compte prendre pour répondre à la situation de l'urgence médicale dans le département de la Nièvre.
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Réponse du Secrétariat d'État auprès de la ministre des armées publiée le 17/01/2018
Réponse apportée en séance publique le 16/01/2018
M. Patrice Joly. Je souhaite appeler l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la délocalisation envisagée du centre de régulation des appels du SAMU 58 à Dijon. En effet, l'agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté évoque, à l'occasion de l'élaboration de son projet régional de santé, la fermeture du centre 15 du SAMU 58 pour le transférer au centre hospitalier universitaire de Dijon. Cette annonce inquiète énormément la population, qui craint que cette décision n'ait un impact direct sur la prise en charge des patients nivernais.
Je tiens à rappeler que la Nièvre est un département rural, touché par une désertification médicale galopante, alors même que sa population est particulièrement fragile en raison de son vieillissement.
Comme vous le savez, le centre 15 gère plusieurs missions : les urgences vitales, mais aussi les missions de conseil aux patients. Les conseils représentent d'ailleurs une part importante de l'activité, surtout pour les personnes isolées.
Du fait d'un plus grand nombre d'appels sur la plateforme régionale, qui, je vous le rappelle, devrait gérer huit départements, il y a de grands risques d'abandons d'appels sans pouvoir identifier les appelants ou encore un repli systématique des patients vers les structures d'urgence des hôpitaux déjà surchargées. Cette décision aurait également un impact sur les liens de proximité tissés au fil des années avec certains personnels médicaux, notamment dans le Morvan et le Nivernais central.
Au-delà de la situation propre aux médecins, ce transfert poserait la question du devenir des assistants de régulation, qui sont les premiers interlocuteurs des appelants.
Plus généralement, la question de la présence médicale dans nos départements ruraux devient de plus en plus cruciale. De très nombreuses communes, dans la France entière, sont confrontées à un déficit dramatique de médecins et de spécialistes, tant libéraux qu'hospitaliers.
Dans les cinq ans à venir, la Nièvre sera le département le plus touché par le départ à la retraite de généralistes. S'agissant des spécialistes, le département souffre également d'un manque criant de personnels dans certaines spécialités telles que la néonatologie, la pédopsychiatrie ou encore la psychomotricité. Or le droit d'être soigné constitue le premier des services que la collectivité doit rendre à ses concitoyens. L'égalité des soins constitue l'une des déclinaisons du principe d'égalité, qui est l'un des piliers de notre devise républicaine.
Dans ce contexte, il est inimaginable d'envisager la disparition d'un service médical dans ce département. Une telle décision apparaîtrait comme un désengagement supplémentaire de l'État. Aussi quelles mesures le Gouvernement compte-t-il prendre pour répondre à la situation de l'urgence médicale dans le département de la Nièvre ?
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État auprès de la ministre des armées.
Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des armées. Monsieur Patrice Joly, vous interpellez Mme la ministre des solidarités et de la santé sur le problème de l'accès aux soins. Cette question est, vous le savez, l'une des priorités de Mme Buzyn, qui a annoncé, le 13 octobre dernier, aux côtés du Premier ministre, un plan pour renforcer l'accès territorial aux soins.
Dans le cadre des plans régionaux de santé, nous souhaitons améliorer l'accès aux soins de différentes façons.
Votre question porte plus particulièrement sur le département de la Nièvre, notamment sur le transfert du centre 15 de la Nièvre, qui est en effet prévu dans le futur plan régional de santé. J'insiste sur le fait qu'il s'agit juste de la régulation des appels, le personnel et le matériel restant sur place, dans la Nièvre.
La région a une solide expérience. Cette organisation est d'ores et déjà en place en Franche-Comté où le centre 15 du CHU de Dijon assure avec efficacité la régulation des appels du 15 des quatre départements franc-comtois : le Doubs, le Jura, la Haute-Saône et le Territoire de Belfort. Cette régulation téléphonique au travers d'une plateforme unique nous permet de redéployer sur le terrain les urgentistes, ressource particulièrement rare dans la Nièvre, dans les services des urgences du territoire, donc auprès des malades.
Aussi, je tiens à vous rassurer, sur l'ensemble des sites, il restera un SMUR H 24, un service mobile d'urgence et de réanimation fonctionnant vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Se pose uniquement la question de l'organisation en nuit profonde, de vingt-deux heures à neuf heures du matin, des services d'urgence, avec une fermeture éventuelle sur un créneau à déterminer selon la réalité de l'activité de chaque site.
Le ministère des solidarités et de la santé soutient la demande du préfet concernant le besoin d'un hélicoptère civil. Vos inquiétudes sont parfaitement légitimes. Actuellement, l'ARS travaille à améliorer globalement la desserte en transports sanitaires héliportés de toute la région.
Nous souhaitons intensifier le recours aux moyens héliportés actuellement disponibles sur le territoire régional, et ce afin de libérer du temps pour les équipes médicales au sol. Cela passera par la définition d'une doctrine régionale d'emploi des moyens héliportés et une gestion mutualisée des appareils disponibles pour que ce soit bien, à chaque instant, l'appareil le mieux placé qui intervienne indépendamment de son site de rattachement.
Monsieur le sénateur, j'espère avoir pu lever certaines de vos inquiétudes ; Mme la ministre des solidarités et de la santé pourra vous rassurer sur l'ensemble des points évoqués lors de sa visite dans votre département au début du mois de février pour les états généraux de la santé.
M. le président. La parole est à M. Patrice Joly.
M. Patrice Joly. Madame la secrétaire d'État, je vous remercie de votre réponse.
Permettez-moi de vous proposer une solution alternative qui consiste à centraliser le centre de régulation des appels de Dijon à Nevers. Cette solution techniquement possible permettrait de renforcer l'attractivité du centre hospitalier de Nevers et constituerait de ce fait un élément de réponse à la difficulté de recruter des médecins. Aujourd'hui, il manque plus de cinquante médecins dans les effectifs de l'hôpital.
Par ailleurs, permettez-moi d'insister encore sur les grandes difficultés dans lesquelles se trouvent les Nivernais pour accéder à certains services indispensables.
Prenons l'exemple des femmes enceintes. Au mois de décembre dernier, la population a vu la fermeture précipitée de la maternité de Cosne-sur-Loire après celle des maternités de Decize et de Clamecy. Aujourd'hui, sur un département de plus de 7 000 kilomètres carrés, nous n'avons qu'une maternité. Nous sommes loin des objectifs de garantir à la population un accès, en moins de trente minutes, à une structure d'urgence.
Le projet de suppression des urgences de nuit au centre hospitalier de Clamecy dans la période horaire dite de nuit profonde, que vous avez évoqué, madame la secrétaire d'État, est une menace supplémentaire à la permanence des soins. Cette suppression créera en outre un transfert de charges insupportable vers les services d'incendie et de secours déjà très fortement sollicités. Les pompiers constituent souvent le dernier recours sur nos territoires.
Il paraît donc essentiel, au regard de notre démographie médicale déficitaire, de mettre rapidement en place une étude identifiant les risques de n'avoir personne sur certaines zones géographiques.
Enfin, il faut tenir compte de la spécificité des territoires ruraux auxquels appartient le département de la Nièvre pour définir d'autres critères que ceux qui sont habituellement exigés par l'agence régionale de santé en vue de maintenir des activités de soins. Nous avons plus que jamais besoin d'un service de santé organisé autour des hôpitaux de proximité.
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