Question de Mme GRÉAUME Michelle (Nord - CRCE) publiée le 24/11/2017
Question posée en séance publique le 23/11/2017
Mme Michelle Gréaume. La France, avec d'autres pays européens, s'était donné l'objectif de construire « l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde » en augmentant ses dépenses en matière de recherche et d'enseignement supérieur. Le but était de rattraper notre retard structurel en profitant de l'effet de levier avéré des investissements dans ces domaines.
Près de vingt ans plus tard, ce grand dessein a été abandonné, et notre pays demeure toujours dans le bas des classements des dépenses par étudiant et de proportion de titulaires de doctorats.
La démographie relativement dynamique de notre pays va accroître le nombre de bacheliers d'environ 35 000 pendant une dizaine d'années. Cet apport précieux aurait pu être mis à profit par le Gouvernement pour tenter de redresser notre situation dans le domaine de la connaissance. Malheureusement, obnubilés par le dogme de la réduction de la dépense publique, vous ne concevez cette masse supplémentaire d'étudiants que comme un trop-plein fâcheux qu'il faut administrer sans frais supplémentaires. Vous avez donc décidé de détourner une partie de ce flot des universités en donnant à celles-ci la possibilité de le filtrer.
Dans notre pays, seule la moitié des formations est librement accessible. Vous venez de prendre la grave décision de diminuer encore cette proportion, au risque de jeter sur le marché de l'emploi de nombreux jeunes sans formation.
Ce terrible choix, vous ne l'assumez pas directement, vous le reportez sur les universités dans des conditions d'impréparation qui inquiètent élèves, parents et professeurs ; les risques sont grands d'aboutir à une rentrée universitaire encore plus chaotique que la précédente
Alors qu'il en est encore temps, nous vous le disons solennellement : renoncez à votre projet, ayez confiance en notre jeunesse et donnez-lui les chances de sa réussite ! (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 24/11/2017
Réponse apportée en séance publique le 23/11/2017
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale. Madame la sénatrice Michelle Gréaume, je suis un peu étonné par la teneur de votre question, parce que ce que vous venez de décrire correspond bien plus au passé, à un passé très récent, qu'au futur.
Ce passé très récent, c'est la situation que nous avons trouvée (Vifs applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, du groupe Les Indépendants République et Territoires, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.) : une situation d'inégalités très graves, où la sélection se faisait par le hasard, par le tirage au sort. Cette situation avait été créée au nom d'une pseudo-égalité, qui était en réalité de l'uniformité, et elle a abouti à ce que vous décrivez. (Mêmes mouvements sur les mêmes travées.)
M. David Assouline. C'est la droite qui applaudit !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Vous pouvez applaudir aussi, c'est ouvert ! Vous avez tous le droit d'applaudir, mesdames, messieurs les sénateurs, si vous êtes contre les inégalités, puisque 60 % des jeunes sont en échec en licence à cause de ce que nous avons trouvé. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)
Si la vérité vous dérange, il faut le dire ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, du groupe Les Indépendants République et Territoires, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)
M. Roger Karoutchi. Et voilà !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Ce que nous avons d'abord fait, Mme Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, et moi-même, a été de mettre en place une concertation. Cette concertation a permis de préparer un système qui est beaucoup plus humain maintenant que ne l'était le précédent
Mme Esther Benbassa. Mais oui, la situation est très humaine, c'est sûr !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Ce système permet ainsi d'avoir, dès maintenant, un conseil personnalisé. Dès maintenant je viens de le constater ce matin dans un lycée de Nancy , chaque classe de terminale a deux professeurs principaux. Dès maintenant, les conseils de classe conseillent les élèves. Dès maintenant, le site terminales2017-2018.fr, qui existe, donne les bons conseils. Dès maintenant, nous programmons, au travers du projet de loi de finances pour 2018, la création de nouveaux BTS, qui permettront à des bacheliers professionnels de réussir leur insertion professionnelle au lieu d'être en échec.
Il y a ainsi, à la fois, une vision et des moyens nouveaux pour l'université, puisque, en outre, 1 milliard d'euros y sont consacrés. Nous allons donc vers plus d'égalité, mais vers la véritable égalité. (Vifs applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, du groupe Les Indépendants République et Territoires, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)
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