Question de Mme JOISSAINS Sophie (Bouches-du-Rhône - UC) publiée le 24/11/2017
Question posée en séance publique le 23/11/2017
Mme Sophie Joissains. Madame la présidente, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.
Ces dernières semaines ont été tragiques pour les policiers et les gendarmes. Une vague de suicides a touché nos forces de sécurité, ce qui ne peut bien entendu pas nous laisser indifférents.
Après un pic en 2014, année noire au cours de laquelle cinquante-cinq policiers et une trentaine de gendarmes avaient mis fin à leurs jours, le taux de suicide parmi les forces de l'ordre a décru en 2015 et 2016. Cela ne sera malheureusement pas le cas cette année.
Le métier qu'exercent policiers et gendarmes au quotidien n'est pas un métier comme les autres, car ceux-ci sont évidemment régulièrement confrontés à la mort, à la violence, ainsi qu'à la misère humaine. Le stress que subissent nos forces de sécurité gendarmes et policiers confondus depuis la mise en place de l'état d'urgence a accru le malaise et parfois la détresse dans leurs rangs.
L'ampleur du risque terroriste, la violence quotidienne et, enfin, le manque de reconnaissance, voilà ce qui use policiers et gendarmes ! Il y a aussi, comme le pointe un syndicat, le manque d'effectifs : « 70 % des forces de police expliquent ne plus pouvoir faire face à leur charge de travail ». Le même syndicat dénonce aussi l'existence de formations parfois considérées comme inadaptées ou trop courtes.
En 2015, votre prédécesseur avait annoncé un plan de prévention qui prévoyait notamment le recrutement de psychologues ou la refonte des cycles de travail. Quasiment trois ans après, la situation se dégrade à nouveau dans de larges proportions : qu'en pensez-vous ? Ces mesures ont-elles été effectivement mises en œuvre ou se sont-elles révélées inefficaces ?
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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 24/11/2017
Réponse apportée en séance publique le 23/11/2017
Mme Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre d'État, ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice, chère Sophie Joissains, il est toujours difficile d'expliquer de tels gestes dont les raisons sont multiples, dont les causes sont complexes. Si ce sont souvent des raisons intimes, liées à la maladie ou à la vie personnelle, qui expliquent le passage à l'acte, il est incontestable qu'on ne peut pas éluder la dureté des tâches de nos policiers et de nos gendarmes. Ils doivent en effet maintenir l'ordre public, sont amenés à lutter contre le terrorisme, traquent les criminels et les délinquants, et sont donc confrontés à la violence, ainsi qu'à la part la plus sombre de notre société. Oui, cela peut mener à une tension et à un stress extrêmes.
C'est pourquoi, pour répondre précisément à votre question, nous avons renforcé le soutien psychologique par l'embauche de psychologues cliniciens, aussi bien dans la police nationale que dans la gendarmerie nationale.
Nous avons également développé une politique de sensibilisation personnalisée des élèves dans les écoles de gendarmerie et de police.
Je me suis moi-même personnellement rendue à la sous-direction de l'action sociale de la Direction des ressources et des compétences de la police nationale, la DRCPN, pour rencontrer les psychologues qui font un travail d'écoute et de soins absolument remarquable.
Enfin, nous allons renforcer les effectifs avec le recrutement de quelque 2 000 policiers et gendarmes supplémentaires dès 2018, comme l'a annoncé le Président de la République. Comme vous le savez, ce nombre atteindra les 10 000 avant la fin du quinquennat. Nous restituons ainsi leur capacité d'action à la police et à la gendarmerie nationales et nous les augmenterons en les modernisant !
Mme la présidente. La parole est à Mme Sophie Joissains, pour la réplique.
Mme Sophie Joissains. Je vous remercie, madame la ministre. Policiers et gendarmes espèrent et nous espérons également beaucoup !
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