Question de M. VAUGRENARD Yannick (Loire-Atlantique - SOCR) publiée le 18/10/2017

Question posée en séance publique le 17/10/2017

M. Yannick Vaugrenard. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Nous célébrons aujourd'hui, mardi 17 octobre, la Journée mondiale du refus de la misère.

La France, classée parmi les pays dits « riches », n'échappe cependant pas à la pauvreté, qui touche près de 9 millions de nos concitoyens.

Ce sont fréquemment les mêmes qui ont à supporter la double peine : être pauvres et stigmatisés. Trop souvent, la méfiance, voire la défiance, l'emporte sur la confiance. Trop souvent, il est question d'assistés, alors que nous devrions parler d'ayants droit de notre démocratie. Trop souvent, l'isolement est le compagnon de la misère. Trop souvent, enfin, les complexités administratives sont les causes du non-recours, estimé à près de 10 milliards d'euros par an.

Dans notre France des droits de l'homme, un enfant sur cinq est pauvre, et même un sur deux dans nos zones urbaines sensibles. Oui, ceci est condamnable ; oui, ceci est intolérable.

Quelques avancées nécessaires ont eu lieu, mais elles restent très insuffisantes face à l'ampleur du fléau. C'est d'un véritable plan de lutte pour l'éradication de la pauvreté dont notre société a besoin. C'est cela qu'il faut mettre en œuvre, en liaison étroite avec les associations caritatives et humanitaires.

Jamais la lutte contre la pauvreté ne doit servir de variable d'ajustement budgétaire.

Monsieur le Premier ministre, quelle est votre ambition sur cette question majeure, à la fois sociale et sociétale ? Quelles mesures comptez-vous prendre ?

Mes chers collègues, un de nos illustres prédécesseurs, Victor Hugo, écrivait : « L'homme est fait, non pas pour traîner des chaînes, mais pour ouvrir des ailes ». S'attaquer sans relâche à ce drame de la misère, c'est aussi ouvrir un peu plus les ailes de notre démocratie. Alors, faisons-le ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, du groupe communiste républicain citoyen et écologiste et du groupe La République En Marche.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement publiée le 18/10/2017

Réponse apportée en séance publique le 17/10/2017

M. Christophe Castaner, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement, porte-parole du Gouvernement. Voilà un accueil chaleureux, monsieur le président ! (Nouveaux sourires.)

Mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur Vaugrenard, quelle que soit notre place dans cet hémicycle, la lutte permanente contre la pauvreté nous rassemble tous.

Comme vous l'avez souligné, monsieur le sénateur, le constat est dramatique : 3 millions d'enfants, soit un enfant sur cinq, sont en situation de grande pauvreté ; 36 % des familles monoparentales sont touchées par la pauvreté – ce chiffre monte à 70 % dans le cas des mères isolées sans travail. Telle est la réalité dans notre pays.

En ce 17 octobre, nous célébrons un triste anniversaire, celui de la trentième journée internationale de lutte contre la pauvreté.

Vous avez raison, monsieur le sénateur : nous devons agir à tous les niveaux. C'est ce que le Gouvernement fait, en matière d'éducation, quand il décide d'investir massivement dans les quartiers les plus difficiles de notre République en dédoublant les classes dans les REP+.

Le Gouvernement agit aussi en matière de logement, à travers le programme « logement d'abord », qui s'adresse à celles et ceux qui, exclus du logement, sont notamment obligés de séjourner à l'hôtel. Nous sommes mobilisés pour ces personnes. (Exclamations sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste et du groupe socialiste et républicain.)

M. Roland Courteau. Et vous supprimez l'ISF !

M. Christophe Castaner, secrétaire d'État. Le Gouvernement agit aussi dans le cadre du projet de loi de finances pour 2018… (Exclamations redoublées sur les mêmes travées.)

Puisque vous évoquez l'ISF, je citerai à mon tour Victor Hugo en disant qu'« il faut savoir limiter la pauvreté sans limiter la richesse ». (Nouvelles exclamations sur les mêmes travées.)

Il y a celles et ceux qui considèrent que l'on peut dépenser ce que l'on n'a pas produit et il y a ceux qui pensent qu'il faut produire pour pouvoir dépenser, protéger et aider les femmes et les hommes dans cette grande difficulté.

C'est tout le sens de l'action que nous portons dans le projet de loi de finances, dont je ne doute pas que vous votiez les mesures de revalorisation de l'allocation aux adultes handicapés ou de minima sociaux qui, mesdames, messieurs les sénateurs, n'ont pas été augmentés depuis cinq ans. Voilà la réalité du projet de loi de finances !

Mais le Président de la République veut aller plus loin : il a réuni ce matin l'ensemble des acteurs de la lutte contre la grande pauvreté pour définir avec eux, et avec ceux qui sont concernés, un plan d'action qui doit tous nous mobiliser. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

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