Question de M. ARNELL Guillaume (Saint-Martin - RDSE) publiée le 11/10/2017
Question posée en séance publique le 10/10/2017
M. Guillaume Arnell. Merci, mes chers collègues.
Monsieur le Premier ministre, le 6 septembre dernier, mon territoire, Saint-Martin, a été durement frappé, comme Saint-Barthélemy, par l'ouragan Irma, qui a laissé derrière lui des bâtiments dévastés et de nombreuses victimes.
Je profite de cet instant pour remercier l'ensemble des forces de secours qui se sont mobilisées pour intervenir et, dans le même temps, pour condamner les reproches qu'elles ont eu à souffrir quant à leur supposé manque de préparation et d'anticipation. Je le dis comme je le pense : quel qu'ait été leur prépositionnement, il n'aurait rien changé à l'ampleur du phénomène et aux dégâts occasionnés.
Lors de sa venue, le Président de la République a déclaré qu'il fallait faire vite, quitte à bousculer les règles. Ces paroles ne sont pas anodines, mais, comme dans toute situation difficile, le temps de réponse semble toujours trop long, alors que le travail reste colossal. Aussi, monsieur le Premier ministre, nous attendons non seulement des actions plus rapides sur la reconstruction et la réhabilitation des établissements et bâtiments publics, mais aussi des gestes forts en direction du monde économique et des populations les plus fragilisées.
Enfin, il me plairait, si vous en étiez d'accord, d'être associé, comme les autres représentants du territoire, aux comités interministériels qui travailleront à la reconstruction. C'est ensemble que nous devons appréhender les nouveaux choix, en collaboration étroite et en confiance.
Monsieur le Premier ministre, pouvez-vous aujourd'hui assurer aux habitants de Saint-Martin que la réponse de la France sera rapide et, surtout, proportionnelle à l'ampleur des dégâts subis ? (Applaudissements.)
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Réponse du Premier ministre publiée le 11/10/2017
Réponse apportée en séance publique le 10/10/2017
M. Édouard Philippe, Premier ministre. L'ouragan Irma a frappé les îles de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin avec une intensité et une ampleur jamais égalées. Les dégâts sont matériels ; ils sont aussi évidemment économiques. Je dirais qu'ils sont également psychologiques à certains égards, tellement l'ampleur de la destruction bouleverse la façon dont on voit l'endroit où l'on vit lorsque l'on a à subir un épisode climatique d'une telle intensité.
La phase d'urgence, en partie seulement, est derrière nous. Elle a vu l'intervention de plusieurs milliers d'agents de l'État, des collectivités territoriales,
Mme Cécile Cukierman. Ils sont bien utiles les fonctionnaires, non ?
M. Édouard Philippe, Premier ministre. de gendarmes, de militaires, de médecins, d'experts, qui sont venus le plus rapidement possible sur les deux îles afin d'apporter un soutien indispensable aux populations. Je vous remercie, monsieur le sénateur, de souligner le rôle exemplaire que ces renforts ont pu avoir. Je vous remercie également d'avoir indiqué que la réponse de l'État a été, dans l'urgence, à la hauteur des enjeux que connaissaient les deux îles.
Une fois la phase d'urgence passée, il faut reconquérir, d'une certaine façon, la vie quotidienne et revenir à une vie normale, pour autant que cela soit possible.
Les commerces et les services ont recommencé à fonctionner ; les liaisons aériennes et maritimes commerciales ont repris, même si la reprise du trafic à l'aéroport Princess Juliana est plus lente que ce que l'on imaginait initialement.
Les réseaux électriques et de télécommunications fonctionnent, eux, plus rapidement que ce que l'on redoutait initialement. Ils ont été réparés, pas complètement, mais à un rythme plus soutenu que ce que nous redoutions.
Un certain nombre d'enfants ont pu faire une rentrée, dans des conditions qui sont évidemment très éloignées de la normale, mais ils ont pu recommencer les cours. À cet égard, j'ai eu l'occasion d'indiquer que je me rendrai à Saint-Martin pour la rentrée de la Toussaint, afin de vérifier les conditions dans lesquelles le plus grand nombre d'enfants pourront reprendre une scolarité normale dès cette date. J'irai sur place avec M. le ministre de l'éducation nationale.
L'urgence, c'est l'eau. La production d'eau reste insuffisante, même si, là encore, elle a considérablement augmenté depuis la catastrophe. Pour autant, je le répète, elle reste encore insuffisante et nous devons veiller non seulement à la production d'eau, mais plus encore à la distribution, compte tenu de l'état dans lequel se trouvent aujourd'hui les réseaux de distribution.
L'urgence, c'est aussi, évidemment, la reprise des activités économiques. On pense au tourisme, mais il n'y a pas que cela. Il y a beaucoup d'activités économiques dont le fonctionnement est complètement perturbé par la catastrophe. Aujourd'hui, ce sont plus de 4 000 salariés, sur l'île de Saint-Martin et sur l'île de Saint-Barthélemy, qui bénéficient d'un régime de chômage partiel, lequel a été modifié par rapport au régime traditionnel pour tenir compte de la spécificité des salariés sur place.
Nous avons également mis en place un fonds d'urgence et mobilisons le réseau bancaire pour que les lignes de trésorerie des entreprises ne soient pas coupées et pour que ces dernières ne connaissent pas de difficultés bancaires.
Nous avons en outre mis en place un moratoire en matière fiscale et sociale pour éviter que les entreprises et le système productif des deux îles ne se retrouvent dans une situation trop pénible.
Nous devons maintenant penser et mettre en uvre la reconstruction. C'est la raison pour laquelle nous avons désigné un délégué interministériel, qui se tient en contact permanent avec l'exécutif de la collectivité territoriale.
Je réunirai demain un comité interministériel de la reconstruction. Ce sera le troisième depuis le début du mois de septembre. L'objectif est de voir dans quelles conditions nous pouvons reconstruire les équipements publics et les réseaux en ne faisant jamais comme si rien ne s'était passé. En effet, qu'il s'agisse des zonages ou des normes de construction, nous ne pouvons faire comme si ce qui s'est passé n'avait pas eu lieu. Nous devons tirer les conclusions de cette catastrophe, notamment en tenant compte de ce que nous disent les experts, lesquels nous annoncent une intensification des phénomènes climatiques auxquels nous aurons à faire face dans les années qui viennent.
Tel sera le sens du travail du comité interministériel de la reconstruction et tel est le sens des échanges que j'ai eus avec le président de la collectivité de Saint-Martin, M. Gibbes. Comptez sur le Gouvernement pour être extrêmement mobilisé sur ce sujet. La France, l'État doivent être à la hauteur de l'enjeu que vivent aujourd'hui Saint-Martin et Saint-Barthélemy ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République en marche, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste, du groupe Les Républicains et du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Guillaume Arnell, pour la réplique.
M. Guillaume Arnell. Je vous entends, monsieur le Premier ministre, mais il est toujours difficile de rassurer et de faire patienter celles et ceux qui ont été le plus impactés par le phénomène et qui s'inquiètent, à juste titre, de ce qui sera fait demain. (Applaudissements sur les travées du RDSE, ainsi que sur des travées du groupe socialiste et républicain.)
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