Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE-R) publiée le 10/08/2017
M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur la hausse des démissions d'enseignants depuis 2012.
Un avis sur l'enseignement scolaire, présenté fin novembre 2016 au nom de la commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Sénat sur le projet de loi de finances pour 2017 (n°144, 2016-2017), met au jour une progression qualifiée d'inquiétante du nombre de démissions des enseignants stagiaires, notamment dans le premier degré. En effet, leur taux de démission a triplé dans le premier degré (1,08% à 3,18%) et doublé dans le second degré (1,14 % à 2,48 %) entre les années scolaires 2012-2013 et 2015-2016. Les titulaires sont également touchés, passant de 299 à 539 dans le premier degré, de 416 à 641 dans le second.
Même si ces chiffres demeurent raisonnables, ils pourraient signifier une crise des vocations enseignantes, c'est pourquoi il souhaiterait savoir quelles explications il leur donne et comment il compte remédier à cette situation.
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 18/01/2018
Les constats des départs des personnels enseignants font apparaître une augmentation des démissions depuis 2013, qui est à relativiser au regard, d'une part, de la proportion des effectifs enseignants qu'elle représente (0,2 % primaire et secondaire), d'autre part, de l'évolution à la hausse des recrutements de ces dernières années. S'agissant des titulaires, la crise de vocation n'est pas la raison invoquée par la grande majorité des enseignants qui démissionnent. C'est bien souvent le souhait de s'investir dans un nouveau projet d'ordre professionnel ou privé, qui les conduit à rompre de leur propre initiative le lien qui les unit à l'administration. Sur les cinq dernières années scolaires, une augmentation du nombre de démissions pour les motifs « création d'entreprise » et « projet personnel » a été constatée, en lien avec la mise en uvre du décret portant création de l'indemnité de départ volontaire (IDV) en 2008. La modification du décret intervenue en 2014 qui supprime le bénéfice de l'IDV dans le cadre d'un départ pour projet personnel a d'ailleurs provoqué une diminution des démissions avec IDV à partir de 2015. Pour autant, hors IDV, la part de démissions de titulaires reste peu significative au regard des effectifs enseignants. S'agissant des démissions de stagiaires, une évolution à la hausse a été constatée sur les trois dernières années. Toutefois, le volume des démissions est à rapprocher du volume des postes proposés aux concours chaque année. La part des démissions n'excède pas 2,2 % des recrutements dans le second degré en 2016. Ce taux est un peu plus élevé dans le premier degré avec 3,7 % en 2016. Il convient cependant de rappeler le décalage d'une partie des démissions, qui interviennent au cours d'un renouvellement de stage. La hausse constatée sur 2016 peut donc, pour partie, être mise au regard de la double session de recrutement en 2014 (43 550 postes ouverts dans l'enseignement public toutes voies de recrutement confondues). Concernant les motifs de démissions invoqués par les stagiaires, il s'agit, dans la plupart des situations, d'un décalage entre la représentation du métier d'enseignant et la réalité professionnelle et dans d'autres cas de la charge de travail liée aux productions croisées des préparations de classes et de réalisation du mémoire de recherche. En outre, concernant les stagiaires du premier degré, un autre motif peut être invoqué, celui de l'affectation dans un autre département que celui souhaité dans le cadre du concours académique. En outre, après une expérience professionnelle riche de plusieurs années, les personnels enseignants titulaires souhaitant faire évoluer leur carrière ou désirant se réorienter professionnellement ont la possibilité de concrétiser leur projet en réalisant une mobilité notamment par la voie du détachement sans recourir à la démission. Le ministère est particulièrement attentif au suivi des professeurs stagiaires et a d'ores et déjà pris des mesures, telles que le dédoublement des classes de CP en REP+, pour que le métier de professeur retrouve son attractivité auprès des jeunes étudiants. Enfin, le ministère travaille également à une entrée plus progressive dans le métier, grâce notamment au développement du pré-recrutement.
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