Question de M. MAZUIR Rachel (Ain - Socialiste et républicain) publiée le 03/08/2017
M. Rachel Mazuir appelle l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la présence insidieuse des nanoparticules de dioxyde de titane (TiO2), dans l'alimentation.
Selon l'OCDE, plus de 1 300 produits de consommation courante, notamment alimentaires, contiennent aujourd'hui des nanoparticules de TiO2, sans que le consommateur en soit averti par un étiquetage spécifique, pourtant requis par la règlementation.
Ces nanoparticules qui mesurent un milliardième de mètre, sont présentes dans l'E171, le dioxyde de titane, un additif que l'on trouve dans les médicaments, les cosmétiques, les produits de construction mais également très utilisé dans l'agroalimentaire et tout particulièrement dans les confiseries. Pour les industriels, l'E171 a en effet la vertu d'augmenter la blancheur ou la brillance des aliments, ou encore de modifier les teintes d'autres colorants.
Or depuis 2006, le Centre international de recherche sur le cancer a classé l'E171 « cancérigène probable pour l'homme » lorsqu'il est inhalé. Il reste malgré tout autorisé. L'Autorité européenne de sécurité des aliments en a d'ailleurs renouvelé l'autorisation en septembre 2016.
En janvier 2017, des chercheurs français de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), ont montré pour la première fois, dans une étude menée sur des rats, que des nanoparticules de l'E171 pénètrent la paroi de l'intestin et se retrouvent dans l'organisme. Elles provoquent des troubles du système immunitaire et génèrent des effets cancérogènes.
Sans attendre, le Gouvernement avait alors saisi l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). Dans les conclusions des travaux menés, l'Anses souligne la nécessité de conduire, selon des modalités et un calendrier à définir, différentes études nécessaires à la parfaite caractérisation du danger associé au E171.
Aussi, compte tenu de l'enjeu sanitaire qui concerne au premier chef les enfants, grands consommateurs de confiseries, il souhaite donc savoir quelles mesures entend prendre le Gouvernement sur cette problématique.
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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 21/12/2017
Les nanomatériaux, substances à l'échelle du milliardième de mètre, présentent des propriétés différentes de celles des substances chimiques « conventionnelles », ce qui peut se traduire par une toxicité potentielle plus importante du fait de leur taille et de leur capacité de pénétration dans l'organisme. Aujourd'hui, de nombreux produits contenant des nanomatériaux sont disponibles dans des secteurs tels que l'industrie agro-alimentaire, l'automobile, le bâtiment, les produits cosmétiques et la pharmacologie. Les pouvoirs publics sont très attentifs à l'évaluation des risques sanitaires liés aux nanomatériaux, et en particulier au dioxyde de titane (TiO2) utilisé en tant qu'additif alimentaire (E171). Consécutivement aux conclusions d'une nouvelle étude de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) menée sur des animaux publiée le 20 janvier 2017 qui montre que l'exposition orale au TiO2 est susceptible d'entraîner des effets sur la santé chez des animaux, les ministères chargés de l'économie, de la santé et de l'agriculture ont décidé de saisir conjointement l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) afin de déterminer si l'additif alimentaire E171 présente un éventuel danger pour les consommateurs. Cette saisine s'inscrit dans le cadre des travaux de l'agence déjà engagés à la demande du Gouvernement, le 17 octobre 2016, sur l'impact potentiel sur la santé des nanomatériaux présents dans l'alimentation de manière plus générale. L'ANSES a publié son avis en avril 2017 et conclut que l'étude de l'INRA, à elle seule, ne permet pas de remettre en cause l'avis de l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) sur les risques liés à l'utilisation du TiO2 en tant qu'additif alimentaire. Pour parfaire la caractérisation du danger associé au TiO2 (notamment les effets promoteurs de la cancérogénèse), il est nécessaire de réaliser des études complémentaires. L'ANSES précise que dans le cadre du Programme national de recherche Environnement-Santé-Travail (PNREST), d'autres études devraient être publiées prochainement sur des effets potentiels du TiO2. De plus, la Commission européenne a également lancé un appel à données sur le dioxyde de titane en 2017, duquel il est ressorti que des études sur la taille et des études de toxicité étaient actuellement en cours par des industriels. L'ensemble de ces résultats devra faire l'objet d'un réexamen par l'EFSA dans le cadre de son évaluation des additifs alimentaires. L'évaluation du TiO2 sous toutes ses formes est également prévue au programme de travail de l'ANSES pour 2018 dans le cadre du règlement européen REACH. Les premiers résultats des travaux de l'ANSES dans le cadre de la saisine générale sur les nanomatériaux dans l'alimentation sont prévus en juin 2018 et un avis final est attendu pour décembre 2018. À l'échelle européenne, des réglementations sectorielles prévoient des dispositions concernant l'identification de la présence de nanomatériaux et la nécessité d'en informer les consommateurs via un étiquetage « nano » sur les produits en contenant (cosmétiques, biocides et denrées alimentaires). Le ministère chargé de l'économie (DGCCRF) a lancé plusieurs analyses concernant la présence de nano-ingrédients dans les denrées alimentaires dont les premiers résultats ont été présentés lors des États généraux de l'alimentation et seront également présentés à la Commission européenne. La DGCCRF poursuivra en 2018 ses contrôles concernant l'étiquetage des nano-ingrédients. Le service commun des laboratoires (SCL) de la DGCCRF travaille dans le cadre d'un projet européen sur la mise au point d'une méthode d'analyses harmonisée des nanoparticules pour début 2018.
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