Question de M. REQUIER Jean-Claude (Lot - RDSE) publiée le 07/07/2017

Question posée en séance publique le 06/07/2017

M. Jean-Claude Requier. Ma question s'adresse à Mme la ministre des solidarités et de la santé.

Madame la ministre, vous accédez à une fonction qui fut, à deux reprises, occupée par une grande dame à laquelle nous avons rendu hommage hier. Je sais qu'elle sera pour vous un exemple et un guide dans l'exercice de la charge qui est aujourd'hui la vôtre.

Lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a annoncé que vous prépariez « pour le mois de septembre prochain un plan de lutte contre les déserts médicaux, en bonne intelligence avec les collectivités territoriales et les acteurs du monde de la santé ».

Je ne peux que m'en réjouir ! En effet, au vu des chiffres publiés par l'Ordre des médecins, le nombre de médecins en France n'a jamais été aussi élevé, alors que la désertification médicale n'a cessé de s'aggraver pendant la dernière décennie, qu'il s'agisse des généralistes ou des spécialistes. Et les divers plans mis en œuvre n'ont malheureusement pas permis d'endiguer ce phénomène ! Maintenir une offre de soins de qualité égale sur l'ensemble de notre territoire est aujourd'hui une nécessité. Proximité doit rimer avec qualité, ce qui n'a pas toujours été le cas. Il vous faut, dans cette perspective, renouer le dialogue avec l'ensemble des professionnels de la santé, qui ont été profondément déçus par votre prédécesseur.

Garantir l'accès aux soins implique également que vous vous penchiez sur le problème de la pénurie de certains médicaments. L'arrêt de la commercialisation de molécules anciennes pourtant efficaces est un réel problème pour les malades, qui ne peuvent plus bénéficier de traitements appropriés. La directrice des recommandations et du médicament à l'Institut national du cancer dénonce d'ailleurs un phénomène dont l'ampleur est inquiétante en termes d'accès aux médicaments essentiels.

Madame la ministre, ma question est simple : quelles réponses concrètes comptez-vous apporter à ces problèmes cruciaux pour l'avenir de notre système de santé ? (MM. Gilbert Barbier et Robert Hue applaudissent.)

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 07/07/2017

Réponse apportée en séance publique le 06/07/2017

Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le sénateur, comme vous l'avez remarqué, la lutte contre la désertification médicale a été affirmée comme l'une de mes priorités depuis mon arrivée au ministère. Je remercie M. le Premier ministre de m'avoir demandé de lui remettre un plan d'urgence en septembre prochain.

Beaucoup de choses ont été faites par mes prédécesseurs mais, à l'évidence, cela n'a pas remédié à la diminution de la démographie des professionnels de santé, qu'ils soient généralistes ou spécialistes. Ce problème risque de s'aggraver encore dans les dix années qui viennent.

Il est donc nécessaire de mobiliser toutes les bonnes volontés sur les territoires, en associant les agences régionales de santé, les collectivités territoriales et les professionnels de santé, qui s'engagent à mes côtés pour répondre aux attentes légitimes de nos concitoyens. Les Français sont inquiets, les maires sont inquiets, de même que les médecins, qui craignent de ne pas pouvoir partir à la retraite.

J'ai entendu cet appel. Aujourd'hui, je propose plusieurs solutions, car il ne peut y en avoir une seule ; elles doivent être diversifiées et adaptées aux territoires. La création de maisons de santé pluriprofessionnelles en est une, parmi d'autres. Nous développerons la télémédecine, en libérant les énergies et en facilitant le financement. Nous permettrons également des pratiques avancées de professionnels paramédicaux. Nous souhaitons aussi libérer l'exercice pluriel des professionnels de santé hospitaliers afin qu'ils puissent, en délégation, se rendre une ou deux journées par semaine dans un territoire désertifié. Dans le même esprit, j'ai d'ores et déjà commencé à discuter avec les grands syndicats médicaux pour que les professionnels de santé libéraux des territoires s'engagent à mes côtés dans l'exercice de cette responsabilité territoriale.

Comme vous le voyez, la démarche est en cours. Nous produirons en concertation et en coconstruction un plan qui visera à coordonner tous les acteurs, en vue de répondre aux besoins des territoires. Par ailleurs, un financement dédié à ces modalités d'exercice et d'organisation innovantes sera inscrit dans le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale.

Enfin, vous connaissez ma vigilance s'agissant de l'accès aux médicaments anticancéreux. Je travaillerai évidemment avec les professionnels concernés, notamment les industriels du médicament, pour couvrir les besoins. (Applaudissements sur les travées du groupe La République en marche, ainsi que sur plusieurs travées du RDSE, du groupe socialiste et républicain, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. Jean-Claude Requier, pour la réplique.

M. Jean-Claude Requier. Le bien le plus précieux est la santé, disait déjà Socrate au Ve siècle avant Jésus-Christ… Le problème des déserts médicaux inquiète fortement les territoires ruraux et certains territoires urbains, qui ont besoin de professionnels de santé, surtout pour traiter les cas d'urgence. Je me fais ici l'écho du cri d'alerte qui monte de nos campagnes et de beaucoup de nos territoires ! (Applaudissements sur les travées du RDSE, ainsi que sur quelques travées du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains. – M. Ronan Dantec applaudit également.)

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