Question de M. RAFFARIN Jean-Pierre (Vienne - Les Républicains) publiée le 24/02/2017

Question posée en séance publique le 23/02/2017

M. Jean-Pierre Raffarin. Ma question s'adresse au Gouvernement. (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)

Ce quinquennat s'achève dans une situation internationale très préoccupante, à la fois complexe, confuse et dangereuse en termes d'équilibre international, mais aussi de sécurité et de défense.

En matière de sécurité et de défense, des progrès ont été accomplis ces dernières années dans notre pays. Je pense à l'inflexion des moyens, à la qualité des opérations extérieures, à un certain nombre d'actions essentielles, à l'instar du renforcement des services de renseignement, qui vient d'être évoqué. Mais mesurons bien la situation dans laquelle se trouve notre défense aujourd'hui : nous sommes au bord de la rupture, confrontés à des impasses et à des défis très lourds. Il faudra trouver plus de un milliard d'euros pour payer les soldats engagés dans l'opération Sentinelle ; bientôt, il nous faudra financer l'actualisation de la dissuasion nucléaire ; il nous faudra aussi, naturellement, mettre le matériel nécessaire à disposition de nos forces de l'ordre.

En matière de politique étrangère, dans un monde profondément troublé, où les conflits se multiplient, la France semble impuissante. On l'a vu par exemple à propos de l'Ukraine, après l'initiative du « format Normandie ». La situation au Levant est inextricable. Nous sommes partis la fleur au fusil contre Daech et contre Bachar el-Assad, et, aujourd'hui, nous ne sommes même pas présents à la table des négociations, au contraire de Bachar el-Assad… (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Tout se passe comme si nous avions trop suivi les États-Unis et ainsi perdu de vue nos priorités. À force de faire la guerre, nous oublions l'essentiel, à savoir la situation aux frontières méditerranéennes et au Maghreb. Que faisons-nous aujourd'hui pour aider ce pays frère qu'est la Tunisie ? Que faisons-nous pour promouvoir la solidarité internationale ? Si la situation devient explosive de l'autre côté de la Méditerranée, cela aura de graves conséquences chez nous ! Revenons à nos priorités : l'indépendance de la France, pour la paix ! (Applaudissements vifs et prolongés sur les travées du groupe Les Républicains et sur de nombreuses travées de l'UDI-UC. – M. Gilbert Barbier applaudit également.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère des affaires étrangères et du développement international, chargé des affaires européennes publiée le 24/02/2017

Réponse apportée en séance publique le 23/02/2017

M. Harlem Désir, secrétaire d'État auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé des affaires européennes. Depuis le début du quinquennat de François Hollande, la diplomatie française est engagée, respectée, responsable et indépendante. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) Tous nos partenaires internationaux le reconnaissent et nous en savent gré. La France est un pays dont la voix compte dans le monde, parce qu'elle est indépendante. Par ses initiatives, la France contribue à la paix et à la sécurité internationales.

Si la France était restée inactive, le Mali et la Centrafrique seraient tombés aux mains des terroristes ou auraient connu des massacres de masse. (Applaudissements sur certaines travées du groupe socialiste et républicain.) C'est le Président de la République qui a assumé, au nom de la France, la responsabilité d'intervenir.

À l'heure où les forces irakiennes mènent une offensive pour libérer la partie occidentale de Mossoul, la France est le pays le plus engagé aux côtés des États-Unis au sein de la coalition contre Daech. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes travées.) C'est grâce à l'appui de nos forces que le terrorisme et la barbarie reculent en Irak et en Syrie. Notre effort sera poursuivi.

En ce qui concerne la Syrie, la France a la conviction que seule une solution négociée, fondée sur une transition politique, édifiée sur la base du communiqué de Genève et de la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies, peut permettre de ramener la paix. Après les résultats en demi-teinte des réunions d'Astana, les discussions ont repris aujourd'hui à Genève. À cet égard, nous apportons notre plein soutien aux efforts de l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, M. Staffan de Mistura.

La France est également engagée au Proche-Orient pour tenter de relancer un processus politique. Dans le contexte actuel, l'initiative du ministre des affaires étrangères, qui a réuni plus de soixante-dix pays et organisations internationales à Paris, le 15 janvier, était non seulement utile, mais nécessaire, pour défendre la solution à deux États.

Oui, nous sommes engagés en Méditerranée ! Oui, nous avons fait en sorte que l'Europe s'engage aux côtés de la Tunisie et qu'elle se mobilise pour aider à élaborer une solution à la crise libyenne ! Oui, nous avons respecté nos engagements concernant la loi de programmation militaire ! Nous les avons même rehaussés, avec l'appui du Sénat ; nous pouvons en être fiers !

La voix de la France, c'est la voix de l'ensemble de la représentation nationale, qui s'élève pour faire respecter le droit international, promouvoir la résolution politique des conflits. Chacun devrait en être fier et souhaiter la poursuite de cet engagement, quels que soient les résultats des échéances électorales à venir ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et sur certaines travées du groupe écologiste. – M. Jacques Mézard applaudit également.)

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