Question de Mme CAYEUX Caroline (Oise - Les Républicains) publiée le 15/02/2017

Question posée en séance publique le 14/02/2017

Mme Caroline Cayeux. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Dans la seule nuit de dimanche à lundi, le ministère de l'intérieur a recensé dans nos banlieues plus de cinquante « incidents », pour reprendre son expression.

Les forces de l'ordre ont été prises à partie, des véhicules incendiés, des bâtiments publics dégradés. Une patrouille a même dû se réfugier en toute hâte dans un commissariat. En effet, ce sont bien les policiers et tous ceux qui représentent l'État qui sont dans le collimateur des voyous. Je tiens d'ailleurs à saluer ici, à mon tour, la compétence et le dévouement des forces de l'ordre.

Voilà cinq ans que vous êtes au pouvoir. Deux ministres de l'intérieur sont devenus Premiers ministres, mais la situation n'a fait qu'empirer dans de nombreuses banlieues. Certaines abritent toujours des voyous qui vous défient, monsieur le ministre, et oscillent entre délinquance, trafic de stupéfiants et radicalisation. (Protestations sur les travées du groupe CRC.)


Mme Éliane Assassi. Ce n'est pas la jungle !


Mme Caroline Cayeux. Le Gouvernement donne le sentiment d'être perdu, comme si, pour lutter contre les violences, tout avait été essayé. Des milliards d'euros ont été déversés sans que rien ne change : on a tenté d'acheter la paix civile et l'État a renoncé à imposer son autorité.

Votre seule réponse, nous la connaissons : il faut des moyens, toujours plus de moyens, des effectifs, toujours plus d'effectifs !


Mme Éliane Assassi. Et vous, qu'avez-vous fait ?


Mme Caroline Cayeux. Or, des effectifs, vous en avez : plus de 10 000 policiers occupés à des tâches administratives ne demandent qu'à retourner sur le terrain. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe CRC.)

Monsieur le ministre, quand vous poserez-vous enfin les vraies questions, au lieu de vous contenter de pleurer sur les moyens perdus ou le manque de moyens à venir ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur certaines travées de l'UDI-UC.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 15/02/2017

Réponse apportée en séance publique le 14/02/2017

M. Bruno Le Roux, ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice, je ne pleure pas sur les moyens perdus, puisque cela fait cinq ans que nous avons rendu à la police ceux que vous aviez supprimés au cours des dix années précédentes ! (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Didier Guillaume applaudit.)

Peut-être avez-vous oublié votre incapacité à prendre la mesure des émeutes, en 2005, et à y répondre ? Elles ont duré plusieurs dizaines de jours sans que vous sachiez comment y mettre fin.

Je n'ai pas l'intention d'être le ministre de l'intérieur qui attise le feu, car personne n'a rien à gagner, dans les circonstances présentes, à de telles mises en cause. (M. Philippe Kaltenbach applaudit.)

On ne peut pas, comme vous le faites, saluer le vendredi le travail réalisé par les policiers chargés du renseignement en matière de lutte contre le terrorisme puis critiquer ces mêmes policiers, le lundi, parce qu'ils n'auraient pas prévu une manifestation ! (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) C'est une question de cohérence !

L'oratrice précédente a appelé à l'anticipation : anticiper, cela a consisté à faire en sorte que le renseignement, que vous aviez totalement désorganisé (Nouvelles protestations sur les travées du groupe Les Républicains.), soit de nouveau implanté au cœur de nos quartiers, et contribue à protéger notre territoire du risque terroriste comme des violences urbaines !

M. Alain Fouché. On voit le résultat !

M. Bruno Le Roux, ministre. J'attends vos propositions, mais reconnaissez que le niveau de la délinquance dans notre pays, quelle que soit la rubrique considérée, est aujourd'hui inférieur à ce qu'il était en 2012 (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.),…

MM. Roger Karoutchi et Bruno Retailleau. C'est faux !

M. Bruno Le Roux, ministre. … que la police et la gendarmerie disposent aujourd'hui de davantage de moyens qu'en 2012.

M. le président. Il faut conclure, monsieur le ministre !

M. Bruno Le Roux, ministre. La sécurité a changé de camp : vous en étiez les chantres il y a quelques années, vous en avez été malheureusement les fossoyeurs ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et sur certaines travées du RDSE.)

M. le président. La parole est à Mme Caroline Cayeux, pour la réplique.

Mme Caroline Cayeux. Monsieur le ministre, votre réponse sonne comme une fuite en avant face à la réalité. Elle témoigne surtout de l'échec de ce quinquennat ! (Protestations sur les travées du groupe socialiste et républicain.) On ne pourra régler la question des banlieues que si l'État change de logiciel, si l'école remplit son rôle, si un suivi judiciaire strict est systématiquement mis en œuvre,…

M. le président. Il faut conclure !

Mme Caroline Cayeux. … si une intégration intransigeante, refusant tout communautarisme, devient la règle ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur quelques travées de l'UDI-UC.)

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