Question de M. DAUDIGNY Yves (Aisne - Socialiste et républicain) publiée le 15/12/2016

M. Yves Daudigny attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur l'absence de prise en charge adaptée aux jeunes patients en psychiatrie, entre l'enfance et l'âge adulte.
Dans l'Aisne, les jeunes souffrant de troubles psychiatriques peuvent être accompagnés par une unité de pédopsychiatrie pour adolescent en cas d'hospitalisation à temps plein, par une des équipes du centre psychothérapeutique pour adolescents pour une hospitalisation de jour ou de liaison pour un suivi externe.
Selon son degré d'autonomie et d'avancement dans son parcours de soin, chaque jeune trouve une réponse adaptée à sa situation dans un délai raisonnable. Ces structures accueillent les patients jusque 16 ans.
À partir de 16 ans et 3 mois, les jeunes relèvent de la psychiatrie adulte. Alors que leurs maladies ne sont pas encore nécessairement installées et qu'ils apprennent à les appréhender, ils se trouvent en contact avec des patients adultes, à des stades différents de leurs maladies. Cette mixité pose problème tant dans la cohabitation des patients, néfaste pour les jeunes, que pour la prise en charge par le soignants, qui ne sont pas mesure d'adapter les actions de soin au public spécifique des jeunes.
Partant de ce constat, les soignants de l'établissement de santé mentale départemental de l'Aisne proposent la mise en place, à titre expérimental, d'une structure spécifique, adaptée aux jeunes de 16 à 25 ans, pour assurer une continuité dans leur parcours de vie et de soins. En évitant les ruptures de prise en charge à un moment déterminant dans la construction personnelle, des hospitalisations graves et onéreuses pourraient ainsi être évitées.
La structure envisagée devrait permettre d'accompagner le malade dans toutes les étapes, de la crise initiale à l'instauration d'un parcours de soin durable. Elle ferait le lien entre les nombreux partenaires que doit mobiliser un jeune adulte pour répondre à l'ensemble de ses problématiques.
Dans un département largement touché par les suicides, par l'alcoolisme et les addictions, sous doté en personnel médical, une telle structure pourrait être un outil de santé public pertinent.
Aussi, il lui demande quels moyens peuvent être mis en œuvre pour accompagner ce projet d'expérimentation d'une nouvelle structure d'accompagnement des troubles psychiatriques des 16-25 ans dans l'Aisne.

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère des affaires sociales et de la santé, chargé des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion publiée le 22/02/2017

Réponse apportée en séance publique le 21/02/2017

M. Yves Daudigny. Madame la secrétaire d'État, ma question a trait à la carence de prise en charge adaptée aux jeunes patients en psychiatrie, entre l'enfance et l'âge adulte.

Dans l'Aisne, les jeunes souffrant de troubles psychiatriques peuvent être accompagnés par une unité de pédopsychiatrie pour adolescent en cas d'hospitalisation à temps plein. Pour les hospitalisations de jour ou le suivi externe, cet accompagnement est réalisé par une des équipes du centre psychothérapeutique pour adolescents.

Selon son degré d'autonomie et d'avancement dans son parcours de soins, chaque jeune trouve une réponse adaptée à sa situation dans un délai raisonnable. Ces structures accueillent les patients jusqu'à l'âge de 16 ans.

À partir de 16 ans et 3 mois, les jeunes basculent vers la psychiatrie adulte. Alors que leurs maladies ne sont pas encore nécessairement installées et qu'ils apprennent à les appréhender, ils se trouvent en contact avec des patients adultes, à des stades différents de leurs maladies. Cette mixité pose problème tant dans la cohabitation des patients, néfaste pour les jeunes, que pour la prise en charge par les soignants, qui ne sont pas mesure d'adapter les actions de soin au public spécifique des jeunes.

Partant de ce constat, les soignants de l'établissement de santé mentale départemental de l'Aisne proposent la mise en place, à titre expérimental, d'une structure spécifique, adaptée aux jeunes de 16 ans à 25 ans, pour assurer une continuité dans leur parcours de vie et de soins. En évitant les ruptures de prise en charge à un moment déterminant dans la construction personnelle, des hospitalisations graves et onéreuses pourraient ainsi être évitées.

La structure envisagée devrait permettre d'accompagner le malade dans toutes les étapes, de la crise initiale à l'instauration d'un parcours de soin durable. Elle ferait le lien entre les nombreux partenaires que doit mobiliser un jeune adulte pour répondre à l'ensemble de ses problématiques.

Dans l'Aisne, département largement touché par les suicides, par l'alcoolisme et les addictions, sous-doté en personnel médical, plus particulièrement en psychiatrie, une telle structure pourrait être un outil de santé publique pertinent. Il permettrait de corriger les inégalités de moyens constatées entre les établissements d'autres départements et ceux de l'Aisne, au bénéfice de patients déjà fragilisés par une situation sociale difficile et un personnel soignant en grande tension.

C'est pourquoi j'ai souhaité appeler votre attention, madame la secrétaire d'État, sur ce projet d'expérimentation d'une nouvelle structure d'accompagnement des troubles psychiatriques des 16-25 ans dans le département l'Aisne qui, je l'espère, obtiendra votre entier soutien.

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Ségolène Neuville, secrétaire d'État auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion. Monsieur le sénateur, la question de l'extension de la psychiatrie infanto-juvénile jusqu'à l'âge de 18 ans a fait l'objet de préconisations dans le cadre de récents rapports – celui de Michel Laforcade sur la santé mentale et celui de Marie-Rose Moro et Jean-Louis Brison sur le bien-être et la santé des jeunes – pour éviter une rupture trop brutale entre l'enfance et l'âge adulte, comme vous l'avez souligné.

Le Comité de pilotage de la psychiatrie, mis en place le 17 janvier 2017 sous la coprésidence du docteur Yvan Halimi et de la directrice générale de l'offre de soins, a identifié parmi ses thèmes de travail prioritaires la psychiatrie infanto-juvénile. Une réflexion approfondie sur la meilleure articulation entre la pédopsychiatrie et la psychiatrie adulte sera donc menée dans ce cadre dans les mois à venir, en tenant compte de la démographie des professionnels.

Sous l'impulsion constante du ministère des affaires sociales et de la santé, un maillage complet du territoire national en maisons des adolescents a été mis en place, pour accueillir les jeunes de 11 ans à 25 ans.

La circulaire du Premier ministre du 28 novembre dernier relative à l'actualisation du cahier des charges des maisons des adolescents vise à renforcer davantage encore ce dispositif, qui a fait les preuves de son efficacité.

Par ailleurs, de nombreux établissements ont mis en place des unités spécialisées pour adolescents et jeunes adultes qui permettent d'offrir une réponse au besoin d'hospitalisation dans un cadre moins stigmatisant qu'une unité d'hospitalisation traditionnelle et mieux adapté aux spécificités cliniques de l'entrée dans l'âge adulte. En 2014, on recensait 209 équipes spécialisées dans la prise en charge des adolescents.

Le projet développé par l'établissement de santé mentale départemental de l'Aisne, sur lequel vous appelez l'attention de Marisol Touraine, vise à assurer aux jeunes de 16 ans à 25 ans présentant des troubles psychiques des parcours de santé et de vie de qualité, sécurisés et sans rupture. Mme la ministre demandera donc à l'agence régionale de santé des Hauts-de-France d'apprécier la faisabilité technique de cette expérimentation, qui paraît tout à fait intéressante, et d'étudier les modalités éventuelles d'un accompagnement financier sur des crédits du fonds d'intervention régional.

M. le président. La parole est à M. Yves Daudigny.

M. Yves Daudigny. Madame la secrétaire d'État, je vous remercie de ces éléments d'information.

Il n'est pas utile d'insister entre nous sur la nécessité de maintenir la pédopsychiatrie et le lien de celle-ci avec la psychiatrie adulte au centre des préoccupations de santé publique. Le Sénat a d'ailleurs constitué une mission d'information sur la psychiatrie des mineurs.

Je voudrais également citer un ouvrage récemment publié Je suis ado et j'appelle mon psy, rédigé par Thierry Delcourt, pédopsychiatre qui exerce dans un département voisin du département de l'Aisne.

Permettez-moi enfin d'insister, madame la secrétaire d'État, sur les paradoxes et les contrastes que vit mon département, territoire de réussite, économique ou culturelle, mais aussi de grande souffrance humaine, dont les jeunes sont les premières victimes. Le projet que je vous ai présenté vise un double objectif : apporter la réponse la plus efficace à ces jeunes de 16 ans à 25 ans et prévenir la détérioration de leur santé, afin d'éviter à l'avenir des prises en charge et des hospitalisations coûteuses.

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