Question de M. DALLIER Philippe (Seine-Saint-Denis - Les Républicains) publiée le 09/11/2016
Question posée en séance publique le 08/11/2016
M. Philippe Dallier. Monsieur le Premier ministre, en mai dernier, je vous interrogeais ici même sur l'étrange et désolante position adoptée par la France lors du vote, à l'UNESCO, d'une résolution dont les termes plus qu'ambigus niaient une évidence historique, à savoir les liens millénaires entre le Mont du Temple, à Jérusalem, et le peuple juif.
Face à l'émotion suscitée par cette prise de position, vous aviez exprimé ici vos regrets c'était à quelques jours de votre déplacement en Israël et dans les territoires palestiniens. Le Président de la République avait également exprimé ses regrets, en ajoutant qu'il veillerait à ce que, lors d'un nouvel examen de cette résolution, les termes en soient modifiés.
Or, en octobre dernier, cette résolution a de nouveau été examinée par l'UNESCO. Certes, les termes en avaient été légèrement modifiés, mais pas sur les points essentiels. Pourtant, la France s'est abstenue. Vous me direz que c'est mieux que d'avoir approuvé la résolution, mais les États-Unis, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont voté contre.
Monsieur le Premier ministre, ma question est simple : pourquoi la France n'a-t-elle pas eu le courage de voter contre cette résolution ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur quelques travées de l'UDI-UC. M. André Gattolin applaudit également.)
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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère des affaires étrangères et du développement international, chargé des affaires européennes publiée le 09/11/2016
Réponse apportée en séance publique le 08/11/2016
M. Harlem Désir, secrétaire d'État auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé des affaires européennes. Monsieur le sénateur Philippe Dallier, la position de la France sur Jérusalem et sur le conflit israélo-palestinien est claire et immuable : la priorité est le maintien du statu quo à Jérusalem, ville fondamentale pour les trois grandes religions monothéistes. Juifs, chrétiens et musulmans doivent y voir leurs lieux saints respectés.
M. Michel Bouvard. Très bien !
M. Harlem Désir, secrétaire d'État. Jamais, dans le vote des résolutions à l'UNESCO, la France n'a accepté et n'acceptera que puissent être contestées la présence et l'histoire juive à Jérusalem. En effet, la France a veillé à ce que les formulations inacceptables de la précédente résolution soient retirées du texte soumis au vote, sur lequel plusieurs pays de l'Union européenne, comme l'Espagne ou la Suède, se sont également abstenus.
Permettez-moi d'insister sur un autre point : la France condamne la colonisation sous toutes ses formes, parce qu'elle est contraire au droit international, mais aussi parce qu'elle constitue un obstacle à la paix (Mme Nathalie Goulet opine.) et qu'elle sape les conditions d'une reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens. C'est en recherchant une solution négociée, la solution de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix, dans la sécurité, dans des frontières sûres et reconnues, que l'on trouvera l'apaisement dans cette région et que l'on combattra les extrémistes et ceux qui s'opposent à la paix.
C'est pourquoi, au-delà de toute polémique, nous devons ne pas perdre de vue l'objectif, à savoir la relance d'une mobilisation internationale pour cette solution négociée du conflit israélo-palestinien, la reprise d'un dialogue entre les parties. C'est pourquoi notre pays, comme vous le savez, a pris une initiative sur le processus de paix. La position de la France est constante, elle a toujours été maintenue par-delà les alternances et il faut qu'elle le demeure, car la voix de la France a toujours défendu la réconciliation, la paix indispensable au Proche-Orient et une solution à deux États ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe CRC ainsi que sur quelques travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Philippe Dallier, pour la réplique.
M. Philippe Dallier. Mes chers collègues, je ne savais pas qu'un tremblement de terre avait déplacé Jérusalem en Europe, puisque c'est le secrétaire d'État chargé des affaires européennes qui me répond, et non le Premier ministre (Rires et applaudissements sur plusieurs travées du groupe Les Républicains. M. Loïc Hervé applaudit également.)
M. Didier Guillaume. C'est un peu facile !
M. Philippe Dallier. Cela étant dit, l'UNESCO devrait d'abord s'occuper de culture et d'éducation, puisque ce sont d'excellents ponts entre les peuples, au-delà de la politique.
C'est bien le principal problème : je regrette que l'UNESCO, dont le siège est à Paris, joue effectivement un autre rôle que celui qui lui revient, et fasse de la politique étrangère. J'aurais souhaité que le gouvernement français rappelle l'UNESCO à l'ordre sur ce point.
Sur l'ensemble des travées de cette assemblée, nous sommes tous favorables à la recherche de la paix et nous espérons qu'à terme deux États, Israël et un État palestinien, pourront coexister. Ce n'est pas avec des résolutions de ce type, avec les termes qui ont été retenus, que vous ferez avancer le dossier ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. Mme Françoise Férat applaudit également.)
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