Question de M. GILLES Bruno (Bouches-du-Rhône - Les Républicains) publiée le 15/06/2016
Question posée en séance publique le 14/06/2016
M. Bruno Gilles. Ma question s'adresse également à M. le ministre de l'intérieur.
Monsieur le ministre, après mes deux collègues de Bouches-du-Rhône, qui vous ont interpellé sur les incidents à l'extérieur du stade, je voudrais évoquer les incidents, à mon avis encore plus graves, puisqu'ils ont mis en danger des familles et des enfants, qui ont eu lieu à l'intérieur du Stade Vélodrome, à la fin de la rencontre Angleterre-Russie.
Ce match, pourtant identifié comme à haut risque, a révélé de nombreuses défaillances dans le dispositif de sécurité.
Ainsi, le filtrage à l'entrée, mais également à l'intérieur du stade, réalisé par des sociétés de sécurité privées sous la responsabilité de l'UEFA, s'est révélé défaillant, avec notamment une mauvaise répartition des stadiers.
Comme tout le monde a pu le voir sur les images, des fumigènes et une fusée ont été introduits et tirés dans l'enceinte même du stade. Plus inquiétante encore, une bombe agricole a explosé à la fin de la rencontre.
Les supporters russes et anglais, situés dans le virage sud du stade, étaient uniquement séparés par une rangée de stadiers et une simple corde. Après le tir d'une fusée en direction des supporters anglais, les supporters russes ont très facilement franchi ce cordon de sécurité afin d'envahir les tribunes anglaises, au milieu de familles paniquées. Dans notre tête tournent encore les images de la détresse d'un père, portant son enfant dans les bras et assailli par des supporters.
Même si je tiens à mon tour, bien sûr, à saluer le travail de nos services de police, plus particulièrement lors des incidents dans le centre-ville, il faut se rendre à l'évidence : le dispositif de filtrage et de sécurité à l'entrée et à l'intérieur du stade était trop léger et inapproprié pour une telle rencontre, d'autant que nous avions pleinement connaissance de la haine réciproque de ces deux camps à la suite des affrontements qui avaient eu lieu la veille et l'après-midi même dans le centre-ville. (Exclamations sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste et républicain.)
M. le président. Il faut conclure, mon cher collègue.
M. Bruno Gilles. Il est donc quasiment miraculeux qu'il n'y ait pas eu d'incident plus dramatique impliquant des familles et des enfants.
Aussi, monsieur le ministre, je m'associe au sénateur-maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, pour vous interroger. Quelles conclusions comptez-vous tirer de cet épisode inquiétant ? Quelles mesures allez-vous demander à l'UEFA de prendre, afin que ces incidents ne se reproduisent plus aux abords de nos stades ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 15/06/2016
Réponse apportée en séance publique le 14/06/2016
M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur. Par souci de précision, je voudrais tout d'abord procéder à une correction de mes propos antérieurs : nous avons interpellé des supporters non pas turcs, mais russes ! Je ne voudrais pas ajouter aux difficultés intérieures du moment des problèmes diplomatiques (Sourires.), ce qui serait pour moi une faute désagréable. Je le répète, il s'agissait de supporters russes.
Monsieur Gilles, vous me parlez de la sécurité à l'intérieur du stade. Vous le savez, et vous l'avez rappelé à juste titre, la sécurité interne des stades relève, aux termes des documents contractuels signés avec les organisateurs, de la responsabilité de l'UEFA.
Cela étant, appliquant à cette répartition des responsabilités le proverbe, bien connu des sénateurs normands, selon lequel « une grande confiance ne doit pas exclure une petite méfiance »,...
M. Philippe Bas. C'est bien vrai ! (Sourires.)
M. Bernard Cazeneuve, ministre. ... j'ai procédé à une vérification de ces dispositifs. Et je puis vous dire que, s'il n'y a pas eu de drame, comme vous l'indiquez, cela n'est pas le fruit du hasard, mais bien parce que des unités de forces mobiles étaient positionnées dans le stade, à ma demande, afin de suppléer les agents de sécurité privée en cas de défaillance.
J'ai bien entendu pris contact immédiatement avec Jacques Lambert au terme de ces événements, pour lui rappeler la responsabilité de l'UEFA. À la suite de cet échange, les dispositifs de sécurité privée ont été renforcés.
Comme on ne peut pas vivre constamment dans le dénigrement des efforts faits par les uns et les autres pour réussir une grande épreuve sportive, je veux également dire que, après plus de dix matches, alors que beaucoup avaient prédit les pires catastrophes, il n'y a eu aucun autre dérapage grave, même si nous devons rester concentrés.
M. André Trillard. Restons prudents !
M. Bernard Cazeneuve, ministre. Cela ne veut pas dire qu'il ne se passera rien, mais que notre vigilance a permis d'éviter de tels événements pour l'instant. Bien entendu, celle-ci doit demeurer constante et même s'amplifier, compte tenu du contexte auquel nous sommes confrontés.
Monsieur le sénateur, nous faisons de notre mieux,...
M. le président. Il faut conclure, monsieur le ministre.
M. Bernard Cazeneuve, ministre. ... en améliorant constamment les dispositifs. Malheureusement, sur des sujets aussi complexes, même en faisant au mieux, on ne fait pas nécessairement aussi bien que l'on pourrait le souhaiter. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)
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