Question de Mme ROBERT Sylvie (Ille-et-Vilaine - Socialiste et républicain) publiée le 18/05/2016

Question posée en séance publique le 17/05/2016

Mme Sylvie Robert. Ma question s'adressait au ministre de l'intérieur, M. Bernard Cazeneuve.

Depuis plusieurs semaines, Rennes subit des violences en marge des manifestations syndicales contre la loi travail, tout comme sa voisine, Nantes.

Vendredi dernier, la tension est montée d'un cran, car ma ville a été la proie de casseurs ultra-violents venus de plusieurs villes françaises et étrangères. Ils s'étaient donné rendez-vous pour un rassemblement non autorisé par la préfecture le lendemain. Ce rassemblement à haut risque de 700 personnes a été encadré avec une grande maîtrise par les forces de l'ordre, tout comme l'a été l'évacuation, la veille, d'une salle occupée illégalement en plein cœur de la capitale bretonne. Je veux à ce moment les saluer, car elles ont fait preuve d'un grand professionnalisme.

Pourtant, cette nuit du vendredi a plongé Rennes dans la peur et dans l'incompréhension. Si manifester est un droit, casser est un délit.

La venue du ministre de l'intérieur dimanche matin a été le signe de la mobilisation de l'État et de la solidarité nationale à l'égard d'une ville qui vient de vivre des événements exceptionnels, d'une très grande gravité.

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous assurer de votre plus grande fermeté contre ces casseurs – il ne peut y avoir de sentiment d'impunité –, pouvez-vous nous confirmer l'annonce de renforts de police dans les prochains jours et pouvez-vous, enfin, préciser les modalités de l'indemnisation qui a été évoquée en faveur des acteurs économiques qui, dans le centre-ville, viennent de subir d'importants préjudices ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 18/05/2016

Réponse apportée en séance publique le 17/05/2016

M. Manuel Valls, Premier ministre. Madame Sylvie Robert, le ministre de l'intérieur et moi-même avons eu l'occasion d'exprimer notre très grande préoccupation il y a quelques instants à l'Assemblée nationale. En écho à votre question, j'ai notamment répondu à Mme Nathalie Appéré, députée et par ailleurs maire de Rennes.

Ce qui se passe à Rennes, à Nantes, à Paris au moment où nous parlons et dans d'autres villes est insupportable. Manifester est un droit, et nous nous battrons toujours pour le préserver, y compris dans le contexte de menace terroriste auquel nous faisons face et qui vous a conduit à voter la prolongation de l'état d'urgence. C'est précisément ce droit de manifester nos valeurs démocratiques qui a été attaqué en 2015.

Mais casser des commerces, du mobilier urbain, vouloir casser du policier ou du gendarme, quitte à mettre en danger la vie de ces hommes et de ces femmes soutenus par les Français et dont nous connaissons l'esprit de sacrifice face aux nombreuses responsabilités qui pèsent aujourd'hui sur leurs épaules - la menace terroriste, les troubles à l'ordre public, la maîtrise migratoire - est un délit, voire un crime.

Vous avez rappelé que le ministre de l'intérieur s'était rendu à Rennes dimanche matin. Au-delà des unités de forces mobiles qui ont été mobilisées pour faire face à cette violence, quatre-vingt-huit postes supplémentaires seront présents sur Rennes dans les prochaines semaines. Nous trouverons, le ministre de l'intérieur s'y est engagé, les dispositifs d'indemnisation nécessaires pour les commerçants qui ont été victimes de ces violences. Permettez-moi d'ailleurs de saluer l'engagement des maires de Rennes et de Nantes ainsi que de tous les élus qui font face à cette violence.

Je veux dire à tous ces casseurs, à ces Black Blocs et aux amis de M. Coupat, à toutes ces organisations qui au fond n'aiment pas la démocratie et qui en contestent les principes, qu'ils trouveront la plus grande détermination de l'État, de la police et de la justice.

M. Jean Bizet. Ce n'est pas suffisant !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Je n'ai pas besoin de rappeler, le Président de la République l'a fait ce matin, le nombre d'interpellations réalisées et de décisions de justice rendues.

Madame la sénatrice, j'en appelle comme vous à la responsabilité de chacun. Quand on organise une manifestation, il faut bien l'organiser. Il faut condamner avec la plus grande fermeté ceux qui s'en prennent aux policiers, aux gendarmes, aux commerçants et aux biens d'une ville comme Rennes. Il ne peut y avoir la moindre complaisance en la matière. Il faut dénoncer ces tracts insupportables de la CGT à l'égard des policiers, et de manière générale, tout mot, tout tract, tout écrit qui encourage ces événements alors qu'un texte a été adopté par l'Assemblée nationale.

Je veux le redire à la représentation nationale : le Gouvernement est déterminé à faire adopter cette loi et à la faire publier cet été, après le débat qui a eu lieu au Palais-Bourbon et celui qui viendra au Sénat.

Nous sommes dans une démocratie. J'ai été interrogé il y a quelques instants sur la question de l'État de droit et la cohérence de notre action. Au nom de cette cohérence, parce qu'il y a la violence, parce qu'il a la radicalité, parce qu'il peut y avoir des victimes du côté des policiers et des gendarmes comme des manifestants, ceux qui manifestent aujourd'hui tranquillement, il ne peut y avoir la moindre complaisance. Il ne suffit pas de condamner les casseurs, il faut aussi que chacun assume ses responsabilités dans un moment difficile pour notre pays.

Dans un État de droit, il ne peut y avoir la moindre complaisance envers ceux qui s'en prennent aux lois et aux valeurs de la République. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. - M. Alain Bertrand applaudit également.)

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