Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UDI-UC) publiée le 10/03/2016
M. Yves Détraigne appelle l'attention de Mme la ministre des familles, de l'enfance et des droits des femmes sur l'enquête qui vient d'être rendue publique sur « Les Français et les représentations sur le viol ».
En effet, au vu des résultats de celle-ci, il semblerait malheureusement que, malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation, les témoignages poignants de victimes ne suffisent pas et que la société française n'ait toujours pas une représentation du viol aussi claire qu'on pourrait l'espérer.
La distinction entre viol, agression sexuelle et acte violent reste assez floue pour de nombreuses personnes interrogées même face à des situations pourtant sans ambigüité. Le sondage réalisé indique, ainsi, que pour 19 % des sondés, lorsqu'une femme dit non à une relation sexuelle, elle veut en fait dire oui.
De même, les personnes interrogées ont tendance à dédouaner l'agresseur dans diverses situations, estimant que la victime est en partie responsable du viol subi lorsqu'elle accepte d'aller, seule, chez un inconnu ou lorsqu'elle porte une tenue « sexy ».
Ces différents résultats démontrent, s'il en était besoin, que les citoyens manquent clairement de connaissances sur le sujet : un quart des sondés pense naïvement qu'on peut réduire les risques d'être victime d'un viol en respectant quelques règles de précaution
Ils en oublient que, dans 90 % des cas, la victime connaît son agresseur et que 58 % des viols se produisent, non pas dans l'espace public (rue, transports), mais bien dans la sphère familiale.
Considérant que les campagnes d'informations et de sensibilisation menées jusque-là sur le sujet n'ont pas eu l'effet escompté, il lui demande de quelle manière elle entend lutter contre ce phénomène de stéréotypes sexistes et de mise en cause des victimes, qui perdurent.
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Transmise au Ministère des familles, de l'enfance et des droits des femmes
Réponse du Ministère des familles, de l'enfance et des droits des femmes publiée le 02/03/2017
La lutte contre les comportements sexistes et les violences constitue un axe d'intervention majeur du Gouvernement qui s'est traduit par le lancement du plan de mobilisation contre le sexisme le 8 septembre 2016 et l'adoption du cinquième plan de mobilisation et de lutte contre les violences faites aux femmes 2017-2019. Ce dernier s'inscrit dans la continuité des dispositifs initiés par le quatrième plan de prévention et de lutte contre les violences (2014-2016) et vient amplifier l'action de l'État et des partenaires sur des publics encourant des risques spécifiques telles que les jeunes femmes victimes de violences. Différentes enquêtes en cours permettent de mieux rendre visibles les violences dont sont victimes ces jeunes filles. En premier lieu, l'enquête Violences et rapports de genre dite VIRAGE réalisée par l'institut national d'études démographiques (INED) et qui porte sur les violences subies tout au long de la vie et sur les douze derniers mois. Il ressort de ses premiers résultats qu'une femme sur sept et un homme sur vingt-cinq déclarent avoir vécu au moins une forme d'agression sexuelle (hors harcèlement et exhibition) au cours de leur vie : parmi les victimes de viol et de tentative de viol, la moitié des femmes et les trois quart des hommes l'ont été pour la première fois avant leur majorité, en premier lieu au sein de leur cercle familial ou proche. L'enquête complémentaire VIRAGE-Université réalisée par Internet en partenariat avec les observatoires de la vie étudiante viendra compléter l'analyse sur les violences subies par les jeunes étudiants. En direction des publics plus jeunes, le ministère de l'éducation nationale a lancé en 2014 la première enquête de victimation et de climat scolaire lycéenne, complétant l'enquête SIVIS qui permet de cerner les contours et les évolutions de la violence en milieu scolaire. Dans le champ plus précis du cyber sexisme, le centre Hubertine Auclert a réalisé une étude auprès de douze établissements franciliens dont les résultats ont été présentés dans le cadre d'un colloque en septembre 2016. Face à ces violences et ces différentes formes de violences, dix-sept actions sont prévues dans le cinquième plan pour mieux prendre en charge les jeunes femmes victimes de violences. Au-delà de la formation des professionnels en contact avec ce public (CROUS, intervenants de l'animation et du sport, acteurs des structures jeunesse ), il est notamment prévu le développement d'une application tchat du 3919 et la mobilisation des réseaux sociaux pour mieux informer les jeunes femmes victimes de violences sur les dispositifs d'écoute et d'orientation. Par ailleurs les actions visant à prévenir les comportements sexistes et les violences sexuelles et à promouvoir le respect mutuel dès le plus jeune âge sont également renforcées.
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