Question de Mme MORHET-RICHAUD Patricia (Hautes-Alpes - Les Républicains-A) publiée le 04/02/2016
Mme Patricia Morhet-Richaud attire l'attention de Mme la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie sur la mise en danger des randonneurs par les chiens de protection des troupeaux. L'absence de régulation efficace du loup conduit à des constats toujours plus alarmants, au fil des années, et à des situations de très grande détresse chez les éleveurs mais aussi chez les élus locaux démunis face à des attaques de loup qui se répètent et s'amplifient sans que les pouvoirs publics ne soient en mesure d'apporter une réponse à la hauteur des enjeux.
Dans son seul département, celui des Hautes-Alpes, pour l'année 2014 on dénombre 57 % de victimes de plus qu'en 2013.
Depuis le début de l'année 2015, les attaques se multiplient, des Écrins aux Baronnies provençales, sans que les tirs réglementaires prévus dans le cadre du plan loup ne diminuent le nombre d'attaques du prédateur sur le cheptel, sans réduire les effets dévastateurs du loup sur l'élevage !
En 2014, 2,5 millions d'euros ont été dépensés en France pour indemniser les éleveurs sans pour autant rendre possible la coexistence du canidé et du pastoralisme ! Pire, les mesures mises en œuvre pour assurer le maintien de l'activité pastorale et une meilleure protection des troupeaux conduisent à des situations de mise en danger de la vie d'autrui. En effet, les attaques de chiens de protection des troupeaux se multiplient sur les territoires alors que dans le même temps l'achat et l'entretien de ces chiens sont recommandés et financés par l'État dans le cadre de la politique française d'accompagnement du retour du loup.
Les tests de comportement effectués sur les chiens sont aléatoires mais les attaques sur les promeneurs sont bien réelles ! Que doivent répondre les maires de nos communes de montagne aux randonneurs qui portent plainte après avoir été attaqués par un chien de protection d'un troupeau qui fait l'objet d'attaques récurrentes ? Quelle attitude doivent-ils adopter face à des parents dont l'enfant a été agressé par un « patou » de plus de 50 Kg ? Comment peuvent-ils concilier d'un côté fréquentation touristique et de l'autre protection des troupeaux ?
Dans quelques jours, la saison estivale débutera et, avec elle, des milliers de randonneurs rejoindront la montagne pour se dépayser, des milliers de promeneurs choisiront la campagne pour se ressourcer. Elle demande ce que le Gouvernement compte faire pour mettre un terme à ces situations conflictuelles entre randonneurs et chiens de protection et quelles dispositions seront prises pour accompagner le maire, principal responsable de la sécurité sur le territoire de sa commune.
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Transmise au Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt
Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère des affaires sociales et de la santé, chargé des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion publiée le 22/06/2016
Réponse apportée en séance publique le 21/06/2016
Mme Patricia Morhet-Richaud. Depuis de nombreuses années, l'absence de régulation du loup conduit à des constats toujours plus alarmants et à des situations de très grande détresse, pour les éleveurs, bien sûr, mais aussi pour les maires des communes concernées, toujours plus nombreuses, où les attaques du loup se répètent et s'amplifient, sans que les pouvoirs publics soient capables d'apporter une réponse permettant d'enrayer ce fléau, qui met en danger la survie de l'agriculture de montagne.
Dans mon département, les Hautes-Alpes, le nombre de victimes a augmenté de 57 % entre 2013 et 2014 et de 10 % en 2016, par rapport à la même période en 2015.
Les tirs réglementaires du plan d'action national loup sont totalement inefficaces, puisque le nombre d'attaques du prédateur augmente. Chaque année, 2,5 millions d'euros sont dépensés pour indemniser les éleveurs, sans pour autant rendre possible la coexistence du canidé et du pastoralisme !
Pis, les mesures mises en uvre pour assurer le maintien de l'activité pastorale et une meilleure protection des troupeaux conduisent à des situations où la vie d'autrui est mise en danger. Il est malheureusement impossible de partager l'espace entre promeneurs et chiens de protection. Ce sont pourtant les services de l'État qui demandent la mise en place d'un tel dispositif !
Madame la secrétaire d'État, que doivent répondre les maires de nos communes aux randonneurs qui portent plainte après avoir été attaqués par un chien de protection des troupeaux ?
Quelle attitude doivent-ils adopter face à des parents dont le jeune enfant a été agressé par un patou de plus de cinquante kilos ?
Comment les maires peuvent-ils concilier la fréquentation touristique, essentielle à la vie économique de leur territoire, et la protection des troupeaux, tout aussi indispensable au dynamisme local ?
Que comptez-vous faire pour mettre un terme aux situations conflictuelles entre randonneurs et chiens de protection ?
Je vous remercie de bien vouloir m'indiquer quelles dispositions ont été prises pour accompagner le maire, principal responsable de la sécurité sur le territoire de sa commune.
Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.
Mme Ségolène Neuville, secrétaire d'État auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion. Madame la sénatrice, je vous prie de bien vouloir excuser l'absence de Stéphane Le Foll, qui est retenu ce matin et m'a chargée de vous répondre.
En réalité, vous posez la question suivante : comment organiser le bon usage de la montagne entre l'ensemble des personnes qui y vivent et celles qui y séjournent dans le cadre de leurs vacances, plus spécifiquement entre les éleveurs et les randonneurs ?
Au préalable, il est important de réaffirmer que le recours à des chiens pour la protection des troupeaux domestiques est reconnu comme très efficace. En effet, il permet de réduire le nombre d'attaques et le nombre de victimes par attaque. Pour cette raison, il est cofinancé par l'État et par le Fonds européen agricole pour le développement rural, le FEADER. Ce poste a représenté 18 % des dépenses consacrées à la protection des troupeaux en 2014.
Une campagne de communication et de sensibilisation a été mise en place depuis plusieurs années, en partenariat avec les acteurs des communes concernées. Elle vise l'information des usagers de la montagne sur la conduite appropriée aux abords des troupeaux, notamment grâce à des panneaux signalant la présence d'un troupeau gardé par des chiens de protection, et permet de rappeler les réflexes à adopter. Des documentaires et des plaquettes sont également mis à disposition du public, et une sensibilisation en milieu scolaire est organisée. Bien évidemment, une telle information est encore plus importante pour les enfants, qui n'ont pas toujours les réflexes que peuvent avoir les adultes.
Depuis 2008, des guides à l'usage des maires intitulés Le Chien de protection, gardien de troupeau au pâturage sont diffusés par les directions départementales des territoires concernés. Ce document technique apporte toutes les indications nécessaires concernant l'information du public, le rôle et la responsabilité du maire, la procédure à suivre en cas de morsure d'une personne par un chien de protection des troupeaux, la réglementation en la matière, les courriers et formulaires de recueil des circonstances d'une morsure et la liste des coordonnées utiles propres au département.
Toutefois, vous avez raison, il convient d'améliorer la prévention des incidents et accidents parfois graves qui se produisent avec des tiers. C'est pourquoi la prévention des incidents et l'amélioration de la protection des troupeaux sont désormais des axes prioritaires du plan national d'action loup mis en uvre pour la période 2013-2017.
Des travaux pilotés par l'État, en concertation avec l'ensemble des acteurs concernés, sont en cours pour sécuriser l'emploi des chiens et rendre ceux-ci plus performants en termes de protection : il convient en effet de mieux former les détenteurs de chiens, de renforcer les tests de comportement des chiens de protection et d'améliorer leur traçage génétique pour prévenir les comportements dangereux.
En tout état de cause, pour éviter les accidents, ce dispositif de protection reposant sur un animal doit être combiné avec du gardiennage ou des clôtures.
Mme la présidente. La parole est à Mme Patricia Morhet-Richaud.
Mme Patricia Morhet-Richaud. Madame la secrétaire d'État, je vous remercie de vos propos. Dans cet hémicycle, à Paris, il est facile de faire ce genre de déclarations. Mais croyez-vous sincèrement qu'elles puissent satisfaire les maires confrontés à ces situations ?
Le week-end dernier, dix-sept génisses ont péri à cause du loup. Les éleveurs sont à bout, de même que les élus. Les mesures de protection ne sont pas toujours adaptées, surtout pour les bovins. Les ânes de Provence, meilleur moyen de protéger ceux-ci, ne sont pas pris en charge dans le cadre du dispositif. La convention de Berne de 1979 n'est plus adaptée à la réalité, pas plus que le nombre de canidés à prélever. Nous devons avancer s'agissant de la gestion du plan national d'action loup.
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