Question de M. FALCO Hubert (Var - Les Républicains) publiée le 22/10/2015

M. Hubert Falco attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes sur les méfaits de l'usage précoce des tablettes numériques chez les jeunes enfants. En effet, dès 18 mois, de plus en plus d'enfants ont leur propre mini écran, spécialement conçu pour eux et présenté dans les catalogues de jouets. Ces « baby tablettes » séduisent les parents car elles sont présentées comme un outil éducatif. Toutefois, ces tablettes ou autres « smartphones » nuisent au bon développement de l'enfant quand elles sont utilisées trop fréquemment et sans encadrement parental car il est démontré par de nombreuses études scientifiques qu'avant deux ans, les écrans ont un effet négatif : surpoids, déficit d'attention, retard de langage, attitude passive face au monde. Un enfant apprend en manipulant et en reproduisant ce qu'il nous voit faire or la tablette fixe son cerveau et l'empêche de se développer dans sa relation à l'autre.
Aussi, il souhaite savoir si le Gouvernement va mettre en place une campagne d'information à l'intention des parents afin de les mettre en garde sur les risques d'une utilisation non encadrée des tablettes pour leurs enfants. Et il lui demande s'il ne faudrait pas limiter les publicités de ces « baby tablettes ».

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Réponse du Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes publiée le 21/01/2016

En janvier 2013, l'Académie des sciences a publié un avis sur « l'enfant et les écrans »,  à la suite d'un travail de plusieurs mois mené par des chercheurs qui se sont interrogés sur la construction des fonctions cérébrales au regard des sollicitations extérieures sensorielles, affectives et culturelles,  dont l'exposition aux écrans numériques.  Cet avisintègre les données scientifiques les plus récentes de la neurobiologie, de la psychologie et des sciences cognitives, de la psychiatrie et de la médecine ainsi que la réalité rapidement évolutive des technologies et de leur utilisation. L'avis met en garde contre une utilisation trop précoce et une sur-utilisation des écrans qui ont des conséquences délétères durables sur la santé. Cet avis est assorti de 26 recommandations sur les effets de l'utilisation des technologies par les enfants. Ces recommandations esquissent les bonnes pratiques d'une éducation progressive, adaptée à chaque âge (avant 2 ans, entre 2 et 6 ans, entre 6 et 12 ans), pour préparer les adolescents (après 12 ans) à autoréguler leur rapport au monde numérique. Toutes les études montrent que les écrans non interactifs (télévision et DVD) devant lesquels le bébé est passif n'ont aucun effet positif mais qu'ils peuvent avoir des effets négatifs. Les tablettes visuelles et tactiles peuvent être utiles au développement sensori-moteur du jeune enfant, même si elles présentent aussi le risque de l'écarter d'autres activités physiques et socio-émotionnelles indispensables à cet âge. De 2 à 3 ans, l'exposition passive et prolongée des enfants à la télévision, sans présence humaine, interactive et éducative, est déconseillée. À partir de 3 ans, le développement des diverses formes de jeux symboliques invitant l'enfant à « faire semblant » l'éduque à distinguer le réel du virtuel. Et à partir de 4 ans, les ordinateurs et consoles de salon peuvent être un support occasionnel de jeu en famille, voire d'apprentissages accompagnés. Les recommandations d'utilisation rendues récemment par l'Académie des sciences incitent donc à une pédagogie différenciée selon les âges et selon les différents types d'écrans. L'institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) a soutenu l'action d'e-enfance (www.e-enfance.org), association reconnue d'utilité publique créée en 2005. E-enfance, tout en ayant un rôle de sensibilisation sur les risques d'Internet vis-à-vis des enfants, a aussi pour vocation de conseiller les parents afin de leur permettre d'exercer une autorité en tant que « cyber parent ».

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