Question de M. CHARON Pierre (Paris - Les Républicains) publiée le 17/09/2015
M. Pierre Charon interroge M. le ministre des affaires étrangères et du développement international sur la portée des récents propos de l'exécutif sur la crise syrienne. Il souhaiterait que les implications des nouvelles orientations annoncées le 7 septembre 2015 soient précisées. En effet, la France a annoncé des survols sur le territoire syrien qui, inévitablement, ne peuvent qu'ouvrir la voie à des frappes contre l'État islamique. Cette récente prise de position est clairement assimilée à un virage diplomatique majeur, si l'on prend en compte les analyses des divers commentateurs. Notre pays accepte donc de se joindre aux raids aériens menés par les Américains en Syrie depuis septembre 2014. S'il faut s'en réjouir, on ne peut que s'étonner que l'on ait attendu aussi longtemps, alors que l'urgence était criante. Malgré ce changement diplomatique et militaire, certains aspects ne sont pas précisés et laissent tout de même un grand flou. Tout en voulant exclure un quelconque blanc-seing à l'égard du régime syrien actuel, les interventions aériennes envisagées par la France peuvent difficilement se faire sans un minimum de coordination avec les autorités syriennes. La question d'un règlement du conflit syrien, dont il est reconnu qu'elle ne peut se faire qu'en prenant en compte les différents acteurs, est encore mal abordée car peu détaillée. Elle exclut, en tout cas, les solutions précipitées et inadéquates. D'autre part, les seules interventions aériennes s'avèrent, aux dires des observateurs, insuffisantes. Pourtant, la France est dépourvue de moyens et ses partenaires n'envisagent guère d'intervention au sol. À terme, les interventions aériennes ne pourront que déboucher sur un véritable dilemme, car la consolidation par une reconquête de terrain reste toujours posée. Ces aspects auraient mérité davantage de précisions. Il lui demande ce que la France envisage pour que les implications du changement de la politique française en Syrie soient mieux prises en compte.
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Transmise au Ministère des affaires étrangères et du développement international
Réponse du Ministère des affaires étrangères et du développement international publiée le 12/05/2016
Daech est le premier ennemi de la France, comme l'a rappelé le président de la République le 16 novembre 2015. C'est pourquoi la France a décidé d'engager son armée, en Irak puis en Syrie, afin de mener une campagne de frappes aériennes contre cette organisation. Cette initiative donne des résultats. Ces actions et celles des alliés ont déjà permis d'affaiblir significativement le groupe terroriste qui a perdu en Syrie environ vingt pour cent des territoires qu'il occupait. Au sol, la France peut s'appuyer sur l'opposition modérée, qui avance contre Daech au nord d'Alep, ainsi que sur les Forces démocratiques syriennes qui ont enregistré de nombreux succès ces derniers mois. C'est grâce à l'action renforcée de la coalition internationale et de la France que Daech recule. C'est dans ce contexte que le régime a réalisé des avancées, notamment à Palmyre. Il convient cependant de ne pas oublier qu'il lui avait opposé peu de résistance lors de la prise de la ville en mai 2015 et qu'il a longtemps évité l'affrontement avec le groupe terroriste. Au-delà de ces efforts militaires, la France est convaincue que la lutte contre le terrorisme ne sera pleinement efficace que si elle s'accompagne d'une transition politique. Le maintien au pouvoir de Bachar al-Assad, source de tensions et de divisions, alimente l'instabilité en Syrie et dans la région. Après 270 000 morts et la destruction de son pays, il ne fera jamais consensus parmi les Syriens, préalable à une lutte efficace contre le terrorisme. La France continue de soutenir une transition politique sur le fondement de la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Cette dernière appelle à la formation d'une autorité de transition, crédible et inclusive, puis à l'adoption d'une nouvelle constitution. La reprise fragile des pourparlers entre l'opposition et le régime à Genève est, à cet égard, un signe encourageant. La France travaille activement, avec ses partenaires, à la poursuite de ces négociations, notamment dans le cadre du Groupe internationale de soutien pour la Syrie.
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