Question de M. RAVIER Stéphane (Bouches-du-Rhône - NI) publiée le 18/09/2015

Question posée en séance publique le 17/09/2015

M. Stéphane Ravier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Elle porte sur un sujet qui a été abordé dans cet hémicycle hier soir, mais, ici comme à l'Assemblée nationale, aucun parlementaire du Front national n'a eu voix au chapitre. Pourtant, il a été beaucoup question du Front national dans la bouche de nos collègues de gauche et d'extrême gauche, l'un d'eux en profitant même pour calomnier le maire de Beaucaire, Julien Sanchez – il saura lui répondre le moment venu.

Vous aviez restreint le débat d'hier soir aux « réfugiés », mais c'est une hypocrisie de plus car, précisément, nul ne sait qui, dans ces foules immenses, mérite vraiment le statut de réfugié.

Il faut nommer les choses, dire aux Français que nous sommes face à un mouvement de fond et, pour reprendre l'expression d'un ancien président de la République, face à « une nouvelle invasion » (Honteux ! sur les travées du groupe socialiste et républicain.), que nul ne peut plus nier, sauf vous apparemment.

Quand d'autres États abandonnent l'idéologie pour la réalité et commencent à se défendre et à défendre l'intérêt de leurs compatriotes, que faites-vous à part ouvrir des numéros verts et dicter aux peuples d'Europe des « quotas permanents et obligatoires » de clandestins à se répartir ? (Protestations sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

M. Roland Courteau. La honte !

M. Stéphane Ravier. À Marseille, un habitant sur quatre, voire sur trois, vit sous le seuil de pauvreté, et 30 000 demandes de logements sociaux sont en souffrance. (M. Christian Cambon s'exclame.) La politique d'immigration massive menée tant par la droite que par la gauche a fracturé la ville au point d'en faire une place forte du salafisme.

Au niveau national, il y a déjà 150 000 SDF, 3 millions de mal-logés et 6 millions de chômeurs. Malgré ce bilan catastrophique, qui devrait vous convaincre d'agir pour nos compatriotes d'abord, vous vous obstinez à garantir aux clandestins une protection sociale gratuite et des logements prioritaires ! (Mme Marie-Noëlle Lienemann s'exclame.)

Vous contribuez ainsi largement, vous aussi, à faire du pays des droits de l'homme le pays des droits de l'autre ! (Protestations sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

Dans votre Europe, qui condamne-t-on ? Viktor Orban, parce qu'il défend l'intérêt de ses compatriotes qui passe par la défense des frontières de son pays ! C'est un « reproche » que l'on ne vous fera pas.

D'où mes questions, monsieur le ministre.

Quand allez-vous enfin agir sur les causes de ces flux, qui sont catastrophiques pour ces pays comme pour les nôtres ?

Quand allez-vous aider ces populations à vivre en paix chez elles, en commençant par éradiquer l'État islamique ?

Quand allez-vous enfin rétablir nos frontières et raccompagner aux frontières l'immense majorité de clandestins qui ne sont pas éligibles à l'asile ?

Bref, monsieur le ministre, quand allez-vous enfin agir en ministre de l'intérieur et non plus en ministre de l'extérieur ? (Huées sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 18/09/2015

Réponse apportée en séance publique le 17/09/2015

M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Ravier, merci de cette question qui est un modèle d'humanité, d'esprit de nuances, de finesse et de réalisme au regard du problème auquel nous sommes confrontés ! (Sourires sur plusieurs travées du groupe socialiste et républicain.)

Vous appelez le Gouvernement à prendre un certain nombre de décisions sur plusieurs sujets. Je vais vous répondre très clairement.

Il n'est qu'à voir la vidéo qui circule sur internet concernant la visite effectuée par le maire de Béziers dans des appartements où sont des étrangers venus de Syrie et d'Iraq et qui sont visiblement en besoin de protection pour comprendre que vous, vous ne faites pas de distinction entre les réfugiés et les migrants économiques irréguliers. Vous êtes simplement le parti de la haine, et vous mettez tous les étrangers dans la même approche, avec une volonté d'exclusion qui n'est pas celle de la majorité, pour ne pas dire de l'unanimité, de ceux qui sont ici, à l'exception de ce que vous êtes vous-même ! (M. Stéphane Ravier s'exclame.) Votre question l'a bien montré, vous êtes inspiré par un ressort et un seul : le rejet et la convocation des instincts.

M. Didier Guillaume. Très bien !

M. Bernard Cazeneuve, ministre. Nous sommes dans une situation particulière : des flux migratoires conduisent des femmes et des hommes victimes de persécutions abjectes de la part du califat de la haine à venir en Europe pour échapper à ces persécutions.

Je vous le dis les yeux dans les yeux, l'honneur de l'Europe, l'honneur de la France, conformément à la tradition multiséculaire de notre pays depuis 1793, c'est d'ouvrir ses portes à ces hommes et à ces femmes qui sont persécutés (Bravo ! et applaudissements prolongés sur les travées du groupe socialiste et républicain, du groupe CRC et sur plusieurs travées du RDSE. - MM. Jean-Vincent Placé, Gérard Roche et Loïc Hervé applaudissent également.), de ne pas tenir le discours que vous venez de proférer (M. Stéphane Ravier s'exclame.), de ne pas avoir le comportement abject de ces élus qui vont dans les appartements où sont ces réfugiés pour leur dire textuellement : « Vous n'êtes pas les bienvenus chez nous ».

Tant que ce gouvernement sera là et tant que la France sera la France dans le rassemblement de toutes les formations politiques républicaines qui sont présentes ici, elle ouvrira ses bras à ceux qui sont persécutés chez eux ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe CRC et sur quelques travées du RDSE. - M. Stéphane Ravier s'exclame.) Voilà ma première réponse !

Ma deuxième réponse est la suivante : lorsqu'il s'agit d'agir contre le terrorisme et contre ceux qui représentent un danger pour le pays, c'est sur nous qu'il faut compter, et non sur vous ! En effet, lorsque nous avons présenté la loi pour lutter contre le terrorisme (M. Stéphane Ravier s'exclame.), vous avez voté contre, tout comme vous avez voté contre l'interdiction administrative des sites internet, contre le PNR, contre la loi renseignement ! Chaque fois que nous proposons des solutions pour combattre le terrorisme, vous vous y opposez parce que ce qui vous intéresse, ce ne sont pas les solutions, ce sont les problèmes, parce qu'ils sont le terreau sur lequel vous prospérez ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et sur plusieurs travées du RDSE. - MM. Jean-Vincent Placé et Loïc Hervé applaudissent également.)

Nous, nous sommes républicains. Nous cherchons les solutions, nous combattons les terroristes, nous sommes dans la fermeté, mais nous continuerons à être dans l'humanité ! (Mmes et MM. les sénateurs du groupe socialiste et républicain se lèvent et applaudissent longuement. - Mmes et MM. les sénateurs du groupe CRC et du RDSE, quelques sénateurs du groupe Les Républicains, ainsi que MM. Gérard Roche et Jean-Vincent Placé applaudissent également.)

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