Question de M. DUFAUT Alain (Vaucluse - Les Républicains) publiée le 03/07/2015
Question posée en séance publique le 02/07/2015
M. Alain Dufaut. Ma question s'adresse à Mme la ministre de la culture et de la communication.
À l'occasion d'un colloque au dernier Festival de Cannes, le 17 mai dernier, le Premier ministre a estimé que la baisse du budget de la culture au cours des deux premières années du mandat de François Hollande était un « signe négatif ». Madame la ministre, le lendemain sur France Info, votre prédécesseur, Mme Aurélie Filipetti, n'a pas manqué de commenter cette réaction de Manuel Valls en précisant : « Je me suis battue pendant deux ans pour lutter contre cette baisse. Je n'ai pas du tout été écoutée. Une baisse de 6 % sur deux ans, c'était du jamais vu, même sous la droite ! ». (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Daniel Raoul. C'est dire ! (Sourires sur les travées du groupe socialiste et républicain.)
M. Alain Dufaut. Même si la remarque du Premier ministre peut paraître désobligeante à l'égard de son prédécesseur à Matignon, il n'empêche que les réductions drastiques du budget culturel, conjuguées aux réductions des dotations de l'État aux collectivités territoriales, rendent l'équation budgétaire culturelle totalement insoluble pour les élus locaux.
Force est de constater, sur le terrain, que l'austérité est de rigueur dans le domaine culturel et qu'elle signe le décès des festivals, adossés désormais aux seules subventions municipales.
Prenons l'exemple de mon département, où Olivier Py, directeur du festival d'Avignon, qui débute samedi prochain, vient de raccourcir de deux jours la durée du festival, car la subvention municipale a été réduite de 500 000 euros par le maire socialiste d'Avignon. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Christian Cambon. Voilà !
M. Alain Dufaut. Je reconnais néanmoins qu'il ne pouvait pas faire autrement. (Nouvelles exclamations sur les mêmes travées.)
M. Christian Cambon. Très bien !
M. Alain Dufaut. Vous le savez, madame la ministre, quelque 2 000 festivals sont organisés chaque année en France, et malgré l'appel que vous avez récemment lancé aux collectivités locales, vous ne pouvez pas exiger que celles-ci stabilisent leurs financements culturels, car elles se trouvent confrontées à des choix budgétaires très difficiles.
En effet, eu égard au contexte financier contraint, les élus locaux sont dans l'obligation de procéder à un tour de vis sur les subventions accordées aux associations à caractère culturel, en particulier, pour les festivals de nos départements.
Aussi, madame la ministre, à l'heure où, plus que jamais j'y insiste , notre pays a un besoin évident de culture, quelles démarches comptez-vous entreprendre pour sauver ces festivals de province, qu'ils soient théâtraux ou musicaux, qui, jusqu'à ce jour, trouvaient la majorité de leur financement à hauteur de 70 % environ auprès des collectivités territoriales ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC.)
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Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 03/07/2015
Réponse apportée en séance publique le 02/07/2015
Mme Fleur Pellerin,ministre de la culture et de la communication. Monsieur le sénateur, je vous remercie de cette question. Ce sujet me préoccupe moi aussi. C'est la raison pour laquelle je voudrais apporter un certain nombre de précisions.
Tout d'abord, je ne reviendrai pas sur le passé et je ne commenterai pas le bilan de la ministre qui m'a précédée, car ce serait discourtois.
Ensuite, vous le savez très bien et vous avez rappelé les chiffres : il existe entre 2 000 et 3 000 festivals en France, et le ministère de la culture n'est partenaire financier que d'une centaine d'entre eux, dont une dizaine de très grands festivals à rayonnement international.
Or, sur ces cent festivals, l'engagement financier de l'État n'a pas varié au cours des trois dernières années. Le Gouvernement n'a pas sacrifié sa participation aux côtés des festivals qu'il avait pour tradition d'accompagner. Comme vous l'avez dit, le choix de la culture est un choix politique. Or le Gouvernement, qui réalise 50 milliards d'euros d'économies, a fait le choix budgétaire de maintenir et même d'augmenter le budget du ministère de la culture.
M. Jacques Legendre. Non !
Mme Fleur Pellerin,ministre.Vous me demandez également ce que nous comptons faire. Tout d'abord, monsieur le sénateur, je considère qu'un budget, ce sont toujours des crédits au service d'un projet. Par conséquent, je ne suis pas dans une logique incrémentale, selon laquelle je demanderais toujours plus d'argent. (Marques d'ironie sur les travées du groupe Les Républicains.)
Je souhaite proposer un certain nombre de projets. J'ai des priorités, telles que le soutien à la jeune création et la transmission des savoirs, l'éducation artistique et culturelle.
C'est pour financer ces projets que je me bats, auprès du Premier ministre ou auprès de mon collègue secrétaire d'État chargé du budget, dans le cadre des discussions budgétaires que nous tenons actuellement.(Sourires.)
M. Bruno Retailleau.Qu'en pense-t-il ? Nous pourrions le lui demander !
Mme Fleur Pellerin,ministre.Je m'attache donc à défendre d'abord un projet, et ensuite un budget qui soit au service de ce dernier.
Le Gouvernement a donc fait le choix politique de maintenir le budget du ministère de la culture alors que, par ailleurs, nous réalisons d'importantes économies, témoignant ainsi que nous sommes responsables sur le plan budgétaire.
Nous travaillons ainsi à réduire le déficit public de notre pays, que nous avons effectivement diminué depuis deux ans, alors que vous-mêmes n'en aviez rien fait.(Protestations sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC.)
J'ai confié une mission sur les festivals à Pierre Cohen, l'ancien maire de Toulouse, afin d'établir objectivement quelle est la situation. Vous dites que les festivals ont été annulés, mais telle est la vie des festivals : certains se créent et d'autres disparaissent. Cinquante festivals ont ainsi été créés l'an dernier.
La mission confiée à Pierre Cohen vise donc à aider le ministère de la culture et les élus à comprendre les raisons des difficultés des festivals. Mesdames, messieurs les sénateurs, je ne manquerai pas de vous en tenir informés.(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)
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