Question de M. DESPLAN Félix (Guadeloupe - SOC) publiée le 18/06/2015

M. Félix Desplan attire l'attention de Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur l'effet qu'aura la réforme du collège sur l'apprentissage du créole, au moment-même où le président de la République a annoncé qu'il allait demander au Parlement de réviser la Constitution pour permettre la ratification par la France de la Charte européenne des langues régionales. La réforme n'abroge pas les textes relatifs aux langues régionales et maintient l'enseignement en LV2 et dans les sections « langues régionales ». Toutefois, en Guadeloupe, la très grande majorité des élèves étudie le créole dans le cadre des « enseignements facultatifs ». Or ceux-ci seront supprimés et intégrés à un « enseignement pratique interdisciplinaire » (EPI) qui conditionnera lui-même la mise en place d'un « enseignement de complément ». Cela suscite plusieurs interrogations : au détriment de quels enseignements l'EPI et l'enseignement de complément seront-il assurés? Les élèves, qui doivent avoir bénéficié de six EPI sur huit à la fin de la 3ème, pourront-ils conserver chaque année un EPI en langue régionale ? Les élèves avaient la faculté de choisir le créole en option dès la 6ème alors que l'EPI débutera en 5ème : devront-ils alors perdre un an alors qu'ils ont étudié le créole dès l'école primaire ? Il semble en outre que le total des heures dispensées dans le cadre d'un EPI avec un enseignement de complément sera inférieur à celui des heures dispensées dans le régime précédent. Le créole est une langue utilisée quotidiennement par les Antillais, elle est un des socles de leur culture. Son apprentissage scolaire ne saurait être considéré comme le foyer d'une filière élitiste étrangère à la réussite de tous les jeunes guadeloupéens. Aussi lui est-il demandé de répondre à l'inquiétude des familles et des enseignants sur une apparente concurrence des horaires et des moyens entre les langues régionales et les autres disciplines et enseignements et de clarifier le cadre dans lequel créole pourra prendre toute sa place au sein de la réforme des collèges et dans la ligne de la prochaine modification constitutionnelle.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 31/12/2015

L'objectif de la réforme du collège est de renforcer l'acquisition des savoirs fondamentaux dans toutes les matières et de développer de nouvelles compétences indispensables au futur parcours de formation des collégiens. Assurer un même niveau d'exigence pour que tous les élèves acquièrent le socle commun de connaissances, de compétences et de culture - dont le premier domaine intègre l'apprentissage des langues régionales - par une priorité centrale donnée à la maîtrise des savoirs fondamentaux est un impératif. C'est dans ce cadre que la réforme du collège contribue à développer l'enseignement des langues régionales. L'enseignement des langues vivantes régionales au collège reste régi par la circulaire n°  2001-166 du 5 septembre 2001 sur le développement de l'enseignement des langues et cultures régionales à l'école, au collège et au lycée. S'agissant spécifiquement de l'enseignement bilingue d'une langue régionale, celui-ci reste organisé d'après les instructions pédagogiques figurant dans l'arrêté du 12 mai 2003 « Enseignement bilingue en langues régionales à parité horaire dans les écoles et les sections « langues régionales » des collèges et des lycées ». La réforme du collège ne remet en cause ni les dispositions de cette circulaire ni celles de cet arrêté. Sont donc garanties l'existence des sections bilingues en langue régionale, l'existence des dispositifs bi-langues de continuité en classe de 6ème et l'existence des enseignements d'initiation et de sensibilisation en classe de 6ème. Par ailleurs, au même titre que la deuxième langue vivante, les élèves pourront apprendre une langue régionale dès la 5ème et non plus à partir de la 4ème comme c'est le cas aujourd'hui. Le volume des heures hebdomadaires dédié à cet enseignement sera également augmenté pour les élèves qui auront désormais, tout au long de leur scolarité au collège, 54 heures supplémentaires, soit 25 % supplémentaires. En faisant figurer les langues régionales parmi les huit enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI), la réforme du collège crée les conditions concrètes de l'utilisation d'éléments des langues régionales et des cultures qui leurs sont associées dans le socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Chaque collège définira les thèmes de travail qui seront proposés aux élèves, ces derniers devant être amenés à travailler sur au moins deux thèmes différents par an et au moins six thèmes différents de la 5ème à la 3ème. Il sera donc possible dans ce cadre, pour un grand nombre d'élèves, de découvrir une ou plusieurs langues régionales ainsi que les cultures qui leurs sont liées, mais aussi de s'initier à leur pratique, d'en réaliser une approche comparative et d'élaborer des projets visant à les valoriser. Cet enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et cultures régionales » pourra être offert dès la classe de 5ème. Les élèves qui le souhaiteront pourront suivre un enseignement de complément en langue régionale de la 5ème à la 3ème. Dans la ligne de la prochaine modification constitutionnelle souhaitée par le président de la République, l'enseignement des langues et cultures régionales, dont la langue créole, est donc préservé et soutenu par la réforme des enseignements dans les classes de collège, qui sera mise en œuvre à la rentrée 2016.

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