Question de M. FOURNIER Jean-Paul (Gard - UMP) publiée le 04/06/2015
M. Jean-Paul Fournier attire l'attention de Mme la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie sur les perspectives alarmantes de prolifération de l'ambroisie. Importée d'Amérique du Nord à la fin du dix-neuvième siècle, l'ambroisie est une espèce végétale particulièrement invasive qui s'étend progressivement sur tout le territoire français et dont le pollen est considéré comme l'un des plus allergisants. Il déclenche, en effet, des symptômes graves chez les personnes sensibilisées : rhinites allergiques, rhini-conjonctivite, asthme et trachéites, urticaire, eczéma. À titre d'exemple, quelque vingt millions d'euros ont ainsi été dépensés, en 2011, en frais de médicaments liés à cette plante allergisante.
Détectée dès 2003 dans le Nord du Gard, la cartographie nationale de l'implantation des plants d'ambroisie témoigne désormais de son extension à 87 départements du territoire. Or, l'arrachage des plants est actuellement la seule technique utilisée pour freiner son expansion. Si beaucoup d'efforts sont réalisés sur le terrain pour éviter à la France de se retrouver dans la situation hongroise, dans laquelle 50 % du territoire sont touchés par le pollen allergène, les clefs de la lutte contre l'ambroisie passent, à l'évidence, par une action concertée qui ne se cantonne pas au niveau d'une commune mais qui relève d'une approche territoriale, ainsi que le fait le Québec, au niveau de la province, ou la Suisse, au niveau fédéral.
Il lui demande, en conséquence, à l'heure même où une toute dernière étude publiée dans la revue « Nature climate change » affirme que la concentration en pollen pourrait quadrupler d'ici à 2050 à la faveur du réchauffement climatique et à l'approche de la vingt-et-unième conférence des parties (COP-21) à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, les mesures qui peuvent être prise pour lutter ce fléau.
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Transmise au Ministère des affaires sociales et de la santé
Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 13/10/2016
Conscient des effets sanitaires qu'engendre la prolifération de l'ambroisie ainsi que des coûts de santé associés, le ministère chargé de la santé a inscrit la lutte contre cette plante au pollen hautement allergisant parmi les objectifs des trois Plans nationaux Santé Environnement qui se sont succédé depuis 2004. Dans le cadre de ces plans, plusieurs actions ont été mises en place pour limiter l'expansion de cette espèce envahissante et prévenir ses effets sur la santé. Parmi elles, figure en particulier la création de l'observatoire des ambroisies, véritable centre de ressources de référence en France en matière d'ambroisie, et la réalisation de plusieurs cartographies nationales de présence de la plante qui mettent en évidence sa progression sur le territoire métropolitain. Récemment, il a été estimé dans le cadre du projet européen ATOPICA auquel plusieurs équipes scientifiques françaises ont participé, que les concentrations dans l'air du pollen d'ambroisie pourraient quadrupler en Europe à l'horizon 2050, en raison des activités humaines qui favorisent sa dispersion mais aussi du changement climatique qui favorise son développement. La conséquence serait un accroissement important du nombre d'européens allergiques ; ce nombre atteindrait au moins le double du nombre actuel. Il s'avère donc nécessaire de renforcer la lutte contre les ambroisies notamment en rendant cette lutte obligatoire à l'échelle nationale. C'est pourquoi, la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016 a créé, dans le code de la santé publique, un nouveau chapitre relatif à la lutte contre les espèces végétales et animales nuisibles à la santé humaine. Il est prévu de fixer prochainement par décret la liste des espèces concernées ainsi que les mesures de prévention et de lutte susceptibles d'être prises contre elles. Les ambroisies seront les espèces visées en premier lieu par ces dispositions. Il est également prévu dans la loi, la possibilité d'interdire ou de limiter, en tant que de besoin, l'introduction, le transport ou la mise sur le marché de certaines des espèces visées par le décret susmentionné. Outre les ambroisies, les dispositions inscrites dans la loi permettront, par la suite, de prendre des mesures de prévention et de lutte concernant d'autres espèces végétales, telles que la berce du Caucase, plante envahissante qui peut provoquer de graves brûlures après contact cutané et exposition aux rayonnements solaires, ou concernant des espèces animales telles que les chenilles processionnaires qui émettent des poils très urticants.
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