Question de M. GROSDIDIER François (Moselle - UMP) publiée le 21/05/2015
M. François Grosdidier attire l'attention de Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur son projet de suppression des classes bi-langues et des classes européennes, dans le cadre de la réforme des collèges.
La suppression des classes bi-langues en sixième ne peut que nous interpeller et nous inquiéter. Ce sentiment est partagé par les professionnels de l'éducation et les familles franco-allemandes.
Les classes bi-langues œuvrent depuis plus de 10 ans à une coopération renforcée entre la France et l'Allemagne.
La multiplication des sections bi-langues et européennes (3 700 classes, 100 000 élèves) offre un apprentissage de l'anglais et l'allemand dès la sixième. Le résultat est tangible puisque l'apprentissage de l'allemand chez les collégiens français n'a eu de cesse de progresser.
Le système est également très ouvert puisque ces classes concernent plus de la moitié des collèges et qu'elles existent dans les établissements ruraux ou ceux implantés dans les zones d'éducation prioritaire (ZEP).
Plus inquiétant encore, cette réforme va non seulement nuire à l'apprentissage de l'allemand dans notre pays, mais également du français en Allemagne, où 20 % des élèves sont concernés.
La Sarre, vient d'ériger le français en langue co-officielle du Land. Et la France irait à contre-courant ?
Aussi, il ne peut que s'opposer à cette mesure et la prie de bien vouloir réviser son jugement relatif à la suppression évoquée des classes bi-langues et européennes.
- page 1172
Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 15/10/2015
L'amélioration des compétences en langues vivantes étrangères des élèves français est l'une des priorités essentielles de la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Les langues vivantes étrangères tiennent non seulement une place fondamentale dans la construction de la citoyenneté, dans l'enrichissement de la personnalité et dans l'ouverture au monde, mais sont également un atout dans l'insertion professionnelle des jeunes, en France comme à l'étranger. S'agissant de la langue vivante 1, l'introduction de son apprentissage dès le cours préparatoire à partir de la rentrée 2016 et le maintien des horaires au collège augmenteront l'exposition des élèves sur l'ensemble de la scolarité obligatoire. Cet enseignement continu tout au long de la scolarité obligatoire contribuera à élever le niveau des élèves français en langue vivante étrangère, à l'oral comme à l'écrit. Cette mesure profitera notamment aux jeunes qui étudient l'allemand à l'école. Le fléchage des postes de professeurs habilités à enseigner l'allemand dans les écoles et l'élaboration de nouvelles cartes académiques des langues assurant la continuité des parcours d'apprentissage des langues de l'école élémentaire au collège contribueront à une plus forte diversité linguistique. Par ailleurs, avec la réforme du collège, dont la mise en uvre sera effective à la rentrée scolaire 2016, les élèves ayant bénéficié à l'école élémentaire de l'enseignement d'une autre langue vivante étrangère que l'anglais pourront se voir proposer un enseignement dans cette langue à compter de la classe de sixième, ce qui contribuera à dynamiser la diversité linguistique dans le premier degré en encourageant en particulier l'apprentissage de l'allemand. Les réseaux d'éducation prioritaire (REP et REP+) constitueront une cible prioritaire pour le développement d'une offre linguistique diversifiée dans le premier degré et la mise en place de dispositifs bi-langues de continuité au collège. S'agissant de la seconde langue vivante, la réforme du collège avance d'un an son apprentissage, qui démarre désormais pour tous les élèves dès la classe de cinquième. Les élèves suivront deux heures et demie hebdomadaires de langue vivante 2 de la cinquième à la troisième, contre trois heures hebdomadaires en classe de quatrième et de troisième actuellement, soit 54 heures de plus de langue vivante 2 au cours de leur scolarité au collège. Tous bénéficieront par conséquent avec la réforme du collège de plus d'heures de cours en langues vivantes étrangères, quand moins de 11 % des élèves de troisième étaient aujourd'hui en section européenne. La réforme du collège offre de plus la possibilité d'un véritable renforcement linguistique avec la présence des langues vivantes étrangères dans les enseignements pratiques interdisciplinaires sur le modèle de la discipline non linguistique dans les sections européennes de lycée. La politique volontariste conduite en faveur du développement de l'apprentissage de l'allemand se traduit par une hausse importante des postes offerts au recrutement en allemand : 443 postes en 2014, 514 en 2015, contre 199 en 2010. Cette augmentation anticipe la hausse du nombre d'élèves pratiquant l'allemand au collège. Au-delà, la coopération franco-allemande reste une priorité de l'action internationale du ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. A notamment été lancé à la fin de l'année 2014 le réseau « écoles maternelles bilingues - Elysée 2020 » qui compte déjà plus de 110 établissements et qui permettra aux enfants de France et d'Allemagne d'apprendre la langue de l'autre dès le plus jeune âge. En parallèle, les jumelages entre établissements continuent à se développer et devront être amplifiés grâce au concours de l'Office franco-allemand pour la jeunesse. Les décisions en matière d'enseignement de l'allemand et de coopération éducative s'inscrivent ainsi dans le prolongement des engagements pris lors des sommets franco-allemands et dans le cadre du Traité de l'Elysée.
- page 2441
Page mise à jour le