Question de Mme LOISIER Anne-Catherine (Côte-d'Or - UDI-UC-R) publiée le 07/05/2015
Mme Anne-Catherine Loisier attire l'attention de Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur les conséquences du plan de réforme des collèges applicable à la rentrée 2016, concernant l'apprentissage des langues vivantes étrangères et notamment l'allemand. Avec cette réforme en préparation, les parents d'élèves, les associations de développement de l'enseignement de l'allemand en France et les enseignants en langue allemande, craignent de voir cette matière sacrifiée conduisant à la disparition des classes bilangues actuelles.
L'apprentissage de la deuxième langue vivante (LV2) débute actuellement en classe de 4ème, sauf pour les classes bilangues qui le démarrent dès la 6ème. Ce dispositif créé en 2005 dans le cadre du plan de relance pour l'allemand propose d'apprendre en parallèle l'anglais et l'allemand dès l'entrée au collège. Il a permis de faire évoluer le nombre d'élèves germanistes de 14 000 en 2002 à 87 000 en 2013 et remporte l'adhésion des élèves et de leurs familles.
Dans 93 % des cas, l'anglais représente la première langue vivante étrangère étudiée dans les écoles primaires françaises. Les élèves ne débutent l'apprentissage de l'allemand qu'à leur entrée en 6ème. Le risque d'un recul important est réel avec la mise en application d'une telle réforme, qui condamne l'existence des classes bilangues mais aussi des sections européennes.
À l'heure où la maîtrise des langues est cruciale, non seulement pour l'emploi mais pour la construction d'une Europe plurilingue et fraternelle, la suppression de ces parcours de qualité bien identifiés constitue un véritable paradoxe.
Plutôt que de conforter et de généraliser dans sa nouvelle réforme ces dispositifs bilangues, qui ont fait la preuve de leur efficacité et de leur attractivité auprès des élèves, le Gouvernement s'oriente vers un saupoudrage d'heures d'enseignement des langues vivantes, dont le risque est de faire abaisser le niveau de compétences des élèves. L'acquisition des automatismes indispensables à une bonne maîtrise de la langue nécessite trois heures au minimum par semaine, que ce soit au collège ou au lycée. Elle se demande à quoi serviront les 2,5 heures allouées à l'enseignement de la LV2 pour les petits Français. Pour comparaison, leurs camarades allemands ont tous cinq heures de langue par semaine pendant les deux premières années puis trois heures au minimum ensuite.
Cette mort programmée de l'apprentissage de la langue allemande va à l'encontre des engagements franco-allemands pour la mobilisation de la jeunesse au cœur de la coopération européenne, réaffirmés le 22 janvier 2013 à l'occasion du cinquantième anniversaire du traité de l'Élysée à Berlin.
Elle juge indispensable qu'elle prenne en considération les attentes des acteurs concernés par le projet de réforme, qui ne doit pas appauvrir le niveau d'enseignement des langues vivantes, notamment de l'allemand, et garantir la pérennité des classes bilangues actuelles.
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 22/10/2015
L'amélioration des compétences en langues vivantes étrangères des élèves français est l'une des priorités essentielles de la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Les langues vivantes étrangères tiennent non seulement une place fondamentale dans la construction de la citoyenneté, dans l'enrichissement de la personnalité et dans l'ouverture au monde, mais sont également un atout dans l'insertion professionnelle des jeunes, en France comme à l'étranger. S'agissant de la langue vivante 1, l'introduction de son apprentissage dès le cours préparatoire à partir de la rentrée 2016 et le maintien des horaires au collège augmenteront l'exposition des élèves sur l'ensemble de la scolarité obligatoire. Cet enseignement continu tout au long de la scolarité obligatoire contribuera à élever le niveau des élèves français en langue vivante étrangère, à l'oral comme à l'écrit. Cette mesure profitera notamment aux jeunes qui étudient l'allemand à l'école. Le fléchage des postes de professeurs habilités à enseigner l'allemand dans les écoles et l'élaboration de nouvelles cartes académiques des langues assurant la continuité des parcours d'apprentissage des langues de l'école élémentaire au collège contribueront à une plus forte diversité linguistique. Par ailleurs, avec la réforme du collège, dont la mise en uvre sera effective à la rentrée scolaire 2016, les élèves ayant bénéficié à l'école élémentaire de l'enseignement d'une autre langue vivante étrangère que l'anglais pourront se voir proposer un enseignement dans cette langue à compter de la classe de sixième, ce qui contribuera à dynamiser la diversité linguistique dans le premier degré en encourageant en particulier l'apprentissage de l'allemand. S'agissant de la seconde langue vivante, la réforme du collège avance d'un an son apprentissage, qui démarre désormais pour tous les élèves dès la classe de cinquième. Les élèves suivront deux heures et demi hebdomadaires de langue vivante 2 de la cinquième à la troisième, contre trois heures hebdomadaires en classe de quatrième et de troisième actuellement, soit 54 heures de plus de langue vivante 2 au cours de leur scolarité au collège. Tous bénéficieront par conséquent avec la réforme du collège de plus d'heures de cours en langues vivantes étrangères, quand moins de 11 % des élèves de troisième étaient aujourd'hui en section européenne. La réforme du collège offre de plus la possibilité d'un véritable renforcement linguistique avec la présence des langues vivantes étrangères dans les enseignements pratiques interdisciplinaires sur le modèle de la discipline non linguistique dans les sections européennes de lycée. La politique volontariste conduite en faveur du développement de l'apprentissage de l'allemand se traduit par une hausse importante des postes offerts au recrutement en allemand : 443 postes en 2014, 514 en 2015, contre 199 en 2010. Cette augmentation anticipe la hausse du nombre d'élèves pratiquant l'allemand au collège. Au-delà, la coopération franco-allemande reste une priorité de l'action internationale du ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. A notamment été lancé à la fin de l'année 2014 le réseau « écoles maternelles bilingues - Elysée 2020 » qui compte déjà plus de 110 établissements et qui permettra aux enfants de France et d'Allemagne d'apprendre la langue de l'autre dès le plus jeune âge. En parallèle, les jumelages entre établissements continuent à se développer et devront être amplifiés grâce au concours de l'Office franco-allemand pour la jeunesse. Les décisions en matière d'enseignement de l'allemand et de coopération éducative s'inscrivent ainsi dans le prolongement des engagements pris lors des sommets franco-allemands et dans le cadre du Traité de l'Elysée.
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