Question de Mme BLONDIN Maryvonne (Finistère - SOC) publiée le 22/05/2015
Question posée en séance publique le 21/05/2015
Mme Maryvonne Blondin. Ma question s'adresse à Mme la ministre de la culture et de la communication.
« La Culture n'est pas un luxe, c'est une nécessité », disait le prix Nobel de littérature de 2000, Gao Xingjian.
Le Premier ministre vient d'affirmer haut et fort la sanctuarisation du budget de la culture jusqu'à la fin du quinquennat, qui était tant attendue par le monde de la culture, et l'attachement du Gouvernement à la culture.
Il s'agit là, il faut le souligner, d'un engagement tout à fait exceptionnel, d'un acte de confiance et de reconnaissance envers un secteur fragilisé en cette période difficile d'effort collectif pour redresser l'économie de notre pays. Le budget de la culture a pris sa part à cet effort, la baisse de ses crédits portant essentiellement sur les grands opérateurs de l'État, plutôt que sur la création, la production et la diffusion culturelle et l'éducation artistique.
Favoriser le développement de la création, des pratiques culturelles, lutter contre les inégalités, permettre à tous d'accéder à la culture est dans l'ADN de la gauche. L'article 27 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de l'UNESCO, qui érige les droits culturels en droits fondamentaux, ne dit d'ailleurs pas autre chose.
M. Jean-Pierre Raffarin. Les droits de l'homme, c'est républicain !
Mme Maryvonne Blondin. Je me réjouis donc de cette nouvelle étape, qui réaffirme la place essentielle de la culture dans notre société et l'importance de son apport au lien social et à l'économie de nos territoires.
Néanmoins, force est de constater que ce secteur a fait l'objet de coupes claires dans les derniers budgets des collectivités territoriales, alors que celles-ci en sont certes les principaux financeurs, mais aussi les principaux bénéficiaires.
C'est pourquoi je me félicite, madame la ministre, que vous ayez proposé la conclusion de « pactes » prévoyant le maintien des crédits de l'État destinés aux territoires pour les trois prochaines années, à condition que les collectivités territoriales acceptent, elles aussi, de stabiliser leurs financements du secteur culturel. Hier, à Matignon, plus d'une trentaine d'élus, de droite comme de gauche, qui tous croient en la culture, ont signé de tels pactes.
Madame la ministre, quels moyens allez-vous mettre en œuvre pour permettre la généralisation et la pérennisation de ces politiques culturelles conjointes de l'État et des collectivités, d'une part, et pour assurer une progression durable des moyens de votre ministère, d'autre part ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)
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Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 22/05/2015
Réponse apportée en séance publique le 21/05/2015
Mme Fleur Pellerin,ministre de la culture et de la communication. Madame la sénatrice, des choix courageux ont été faits en 2012 pour redresser nos comptes publics. Le budget de la culture a pris une part importante à cet effort, mais jamais les marqueurs auxquels nous sommes attachés n'ont été affectés : la création, la diffusion culturelle, l'éducation artistique et culturelle ont été protégées dans tous les budgets depuis 2012.
Pour autant, est-ce suffisant ? Bien sûr que non, et je comprends que le monde de la culture manifeste des signes d'impatience. Madame la sénatrice, nous ouvrons actuellement une page nouvelle du quinquennat en matière culturelle.
Ce n'est pas qu'une question budgétaire, un budget n'étant jamais qu'un moyen au service d'un projet, et un arbitrage budgétaire une décision prise sur la base de celui-ci ; c'est une offensive culturelle globale que je souhaite lancer.
Cette offensive culturelle consiste d'abord à signer dans toute la France des pactes culturels qui engagent l'État pour trois ans aux côtés des villes et des agglomérations faisant le choix de préserver leur budget de la culture. Ainsi, trente-cinq villes ont signé hier un tel pacte avec l'État, en présence du Premier ministre. Avant l'été, une soixantaine auront répondu à cet appel. Compte tenu de la réforme territoriale en cours, il faut amplifier et approfondir cette démarche partenariale.
Cette offensive culturelle exige ensuite d'écouter ce qui remonte des territoires, concernant par exemple les conservatoires de musique. J'ai ainsi décidé de réengager l'État auprès des conservatoires, pour en faire de véritables instruments de démocratisation. Il faut faire évoluer les pratiques pédagogiques, mettre l'accent sur les cours collectifs, faire entrer de nouvelles esthétiques dans les conservatoires, les ouvrir aux adultes.
Cette offensive culturelle consiste également à sécuriser et à pérenniser le statut des intermittents dans le projet de loi relatif au dialogue social et à l'emploi, porté par François Rebsamen. Sans les intermittents, il n'y aurait pas de singularité culturelle française, pas de culture au sens où nous l'entendons.
Cette offensive culturelle se concrétisera enfin par la présentation en conseil des ministres, dans le courant du mois de juin, d'un projet de loi ambitieux en faveur de la liberté de création, de l'architecture et du patrimoine. Ce texte, qui rappellera l'attachement de la nation à la création artistique, sera bâti sur le triptyque liberté, protection et partage.
Madame la sénatrice, vous avez cité Gao Xingjian ; c'est vrai, la culture n'est pas un luxe, elle est une nécessité. Les budgets de la culture seront en hausse en 2016 et en 2017. Ils soutiendront cette offensive culturelle à laquelle je vous invite à participer.(Applaudissementssur les travées du groupe socialiste.)
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