Question de M. MANABLE Christian (Somme - SOC) publiée le 29/05/2015
Question posée en séance publique le 28/05/2015
Concerne le thème : La réforme du collège
M. Christian Manable. Merci, monsieur le président. Madame la ministre, au moment où certains s'interrogent sur les débats, la réflexion et la concertation qui entourent la réforme du collège les questions posées par nos collègues siégeant à la droite de cet hémicycle en témoignent , il me paraît opportun de rappeler toute l'ambition et la portée de la loi de refondation de l'école, défendue initialement par Vincent Peillon.
En effet, dans le rapport annexé à la loi promulguée en 2013, et qui vise à présenter l'ensemble des orientations et des chantiers engagés au service de la réussite de ce grand dessein éducatif, les objectifs fixés par la Nation sont très clairs : une école à la fois juste pour tous et exigeante pour chacun. La refondation de l'école doit en priorité permettre une élévation générale du niveau de tous les élèves. Et l'ensemble des composantes du système éducatif, notamment le premier et le second degré, doivent se mobiliser pour la réalisation de ces objectifs.
Ainsi, Jean-Paul Delahaye, l'un de ceux qui ont contribué à cette loi, écrivait encore récemment : « La refondation concerne bien sûr tous les élèves, et il n'est pas question de réduire les écarts en baissant le niveau des meilleurs. Refonder l'école, ce n'est pas niveler par le bas, c'est élever le niveau de tous en centrant l'attention du système éducatif en priorité en direction des plus fragiles, ceux dont les destins scolaires sont liés à leur origine sociale. »
Je souhaiterais donc, madame la ministre, que vous puissiez préciser la place du collège dans la démarche de refondation de l'école et mettre ainsi en perspective la réforme qui nous préoccupe aujourd'hui.
Pour illustrer cette nécessité d'agir sur l'ensemble du continuum éducatif, je souhaiterais également vous interroger sur l'un des engagements de la loi de refondation, à savoir le développement des compétences numériques et sa traduction dans la réforme du collège.
M. le président. Il faut conclure, mon cher collègue !
M. Christian Manable. En effet, le collège doit être en phase avec les usages du numérique d'aujourd'hui. Nous devons apprendre aux collégiens, qui s'en servent par ailleurs quotidiennement, à utiliser, maîtriser et comprendre ces outils.
M. le président. Votre temps est écoulé, monsieur Manable !
M. Christian Manable. Certes, mais comme vous êtes un républicain soucieux d'égalité, monsieur le président,
M. le président. Attendez deux jours ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP. Sourires.)
M. Christian Manable.
je vous demande de pouvoir disposer du même temps de dépassement que les orateurs qui m'ont précédé.
Quel est le rôle des collectivités territoriales dans ce « service public du numérique éducatif » ?
M. Jean-Claude Lenoir. Il faut payer !
M. Christian Manable. Pouvez-vous, madame la ministre, nous préciser les mesures et engagements pris en la matière, lesquels s'inscrivent dans la réforme du collège et le plan numérique annoncé par le Président de la République voilà quelques semaines ?
M. le président. Monsieur Manable, vous avez consommé le temps qui vous était imparti pour la réplique !
La parole est à Mme la ministre.
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 29/05/2015
Réponse apportée en séance publique le 28/05/2015
Mme Najat Vallaud-Belkacem,ministre.Monsieur le sénateur Christian Manable, je vous remercie d'avoir posé cette question (Exclamations amusées sur les travées de l'UMP.), et d'avoir fait allusion à l'excellent rapport de Jean-Paul Delahaye, travail qui a eu pour vertu de remettre dans le paysage public le million d'enfants pauvres qui fréquentent nos écoles, nos collèges et nos lycées (Mme Maryvonne Blondin opine.), et dont on parle rarement. Sont ainsi décrites les difficultés que ces enfants éprouvent au quotidien pour s'alimenter, s'habiller et se concentrer sur leurs devoirs, de même que la façon dont ils en viennent à décrocher très vite, parce que leurs familles sont malheureusement elles-mêmes dans une instabilité économique qui ne leur permet pas de suivre les progrès de leurs enfants. Ce rapport était essentiel également pour rappeler l'objectif premier de la refondation de l'école. Celle-ci s'intéresse aussi à ces enfants-là, pour veiller à lutter contre l'autocensure qui les guette parfois, lorsqu'ils ne croient plus la réussite possible pour eux. Nous voulons être à leurs côtés pour les aider à développer le meilleur d'eux-mêmes.
J'en profite pour compléter ma réponse sur le latin et le grec. Non, ces matières ne sont pas supprimées dans la réforme du collège ; elles sont offertes à tous les collégiens,...
M. Didier Guillaume. Eh oui !
Mme Najat Vallaud-Belkacem,ministre.... là où elles ne bénéficiaient jusqu'à présent qu'à 18 % d'entre eux.
Pourquoi certains collégiens, parce qu'ils ne connaissent pas les codes, parce que leurs familles ne sont pas informées, parce qu'ils n'ont pas, à leur arrivée en classe de sixième, des performances scolaires optimales n'auraient-ils pas la possibilité de s'élever par la pratique du latin et du grec ? C'est précisément ce qu'offre cette réforme du collège, qui a vocation aussi à moderniser nos enseignements.
L'utilisation du numérique constitue à cet égard un formidable potentiel, une formidable opportunité.
M. le président. Il faut conclure, madame la ministre !
Mme Najat Vallaud-Belkacem,ministre.Même si l'annonce est passée quelque peu inaperçue, le Président de la République a annoncé voilà dix jours un plan de 1 milliard d'euros sur trois ans pour permettre d'équiper tous les collèges et de former les enseignants.
M. le président. Il faut vraiment conclure, madame la ministre !
Mme Najat Vallaud-Belkacem,ministre.Nous voulons que les élèves connaissent les outils, les utilisent et apprennent aussi la civilité numérique, qui constitue, comme vous le savez, un enjeu majeur.
M. le président. Monsieur Manable, vous avez presque consommé vos « arrêts de jeu » ; deux mots !
M. Jean-Pierre Raffarin. Merci !(Rires.)
Plusieurs sénateurs du groupe UMP. Oui, merci !
M. Christian Manable. Merci, madame la ministre ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP.) Ces mots viennent de m'être soufflés par mes collègues.
Cette réponse d'une ancienne Amiénoise à un actuel Amiénois me convient parfaitement ! Au-delà de ce dénominateur commun géographique, je voudrais insister sur l'importance des infrastructures sur la question du numérique.
M. le président. Le temps est largement écoulé, monsieur Manable ! Votre horloge aussi est picarde ! (Sourires.)
M. Christian Manable. Car pour rester parfaitement « connecté », il faut des« tuyaux ». La décision prise par le Président de la République et le Gouvernement va dans le bon sens. J'insiste toutefois sur le fait que l'intervention publique reste indispensable en zone rurale, où, nous le savons, les opérateurs privés rechignent à investir.
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