Question de Mme ÉMERY-DUMAS Anne (Nièvre - SOC) publiée le 16/01/2015

Question posée en séance publique le 15/01/2015

M. le président. La parole est à Mme Anne Emery-Dumas, pour le groupe socialiste.


Mme Anne Emery-Dumas. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.

Alors que l'attention des médias internationaux était focalisée sur les événements tragiques que notre pays a connus la semaine dernière, alors que la communauté internationale manifestait sa solidarité et dénonçait avec force les attentats terroristes dont la France a été victime, au nord du Nigeria, la secte Boko Haram commettait, dans ce qui pourrait passer pour de l'indifférence de notre part, l'offensive la plus sanglante et la plus destructrice jamais perpétrée depuis le début de ses exactions en 2009.

Pendant cinq jours, du 3 au 7 janvier, les terroristes de Boko Haram sont entrés dans la ville de Baga, qu'ils ont totalement détruite en quelques heures, massacrant sans distinction hommes, femmes et enfants dans des conditions effroyables et revendiquant ces atrocités au nom de l'établissement du califat islamique dans le nord-est du Nigeria.

Le bilan de cette attaque est terrible et continue de s'alourdir. Amnesty International estime à plus de 2 000 le nombre des victimes dans la région de Baga et à 20 000 le nombre d'habitants contraints à la fuite en direction du Tchad voisin.

Le peuple français, qui a su se réunir et se rassembler pour défendre les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité dans les rues de toutes nos villes dimanche dernier, ne peut être insensible au sort des populations du nord-Nigeria ni aux attaques terroristes dont fait l'objet l'État du Nigeria.

Monsieur le ministre des affaires étrangères, comment cette offensive de Boko Haram a-t-elle pu se développer dans des proportions aussi effroyables dans le silence de la communauté internationale ? Comment mettre fin à cette extension inquiétante de la zone d'influence de Boko Haram sur les rives du lac Tchad ? Quelle est l'action de la France sur le terrain, aux côtés des forces africaines engagées dans la lutte contre Boko Haram ? (Applaudissements.)

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Réponse du Ministère des affaires étrangères et du développement international publiée le 16/01/2015

Réponse apportée en séance publique le 15/01/2015

M. Laurent Fabius,ministre des affaires étrangères et du développement international. Madame la sénatrice, vos propos sont malheureusement tout à fait exacts. Ils appellent de ma part trois observations.

Premièrement, il est absolument impossible d'avoir l'indignation sélective et de pratiquer le « deux poids, deux mesures ».

Des drames épouvantables, des attaques ignobles surviennent dans le monde, et l'on a parfois le sentiment que, selon l'endroit où ils se produisent, l'écho est différent. Mais nous ne pouvons entrer dans cette logique : nous devons condamner avec la même sévérité les actes terroristes où qu'ils se produisent. Malheureusement, ce qui se passe au nord-est du Nigeria atteint le summum de l'atrocité.

Deuxièmement, depuis le début, la France apporte son appui à la lutte contre ce terrorisme de Boko Haram. Je rappelle que c'est à la demande du Nigeria que le Président de la République française a organisé le sommet de Paris en mai 2014. Jean-Yves Le Drian et moi-même y avions participé. Nous travaillons concrètement au renforcement de la concertation entre les chefs d'État et à une meilleure coopération régionale en matière de sécurité. Nous avons présenté un projet de mise sur pied d'une force régionale et la France contribue - je n'entrerai pas dans les détails, pour des raisons que chacun comprendra - à un dispositif de coordination entre les pays concernés. Nous faisons donc ce que nous devons faire.

Troisièmement, je veux souligner que le soutien de tous est nécessaire. Il faut être lucide : la France ne règlera pas à elle seule tous les problèmes du monde. Nous prenons notre part- certains disent même plus que notre part -, et c'est à notre honneur, mais la solution est européenne, internationale, africaine.

M. le président. Veuillez conclure, monsieur le ministre.

M. Laurent Fabius,ministre. Nous devons agir tous ensemble. La France apporte et continuera d'apporter sa pleine contribution, parce qu'il n'existe qu'une seule réponse à cette barbarie : la fermeté dans l'unité !(Applaudissements.)

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