Question de M. MÉDEVIELLE Pierre (Haute-Garonne - UDI-UC) publiée le 04/12/2014
M. Pierre Médevielle attire l'attention de Mme la secrétaire d'État, auprès du ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique, chargée du numérique sur l'absence totale d'accès à la téléphonie mobile pour une partie de la population.
À l'heure de l'annonce, par le Gouvernement, de programmes très ambitieux pour les années à venir, certains territoires ont des prétentions beaucoup moins élevées et se satisferaient déjà d'un accès normal à un réseau de téléphonie mobile.
Il est souhaitable que le Gouvernement fasse pression sur les opérateurs de téléphonie mobile, afin que l'on raisonne en pourcentage du territoire couvert et non en pourcentage de la population.
Ces communes, d'ores et déjà situées dans des territoires enclavés et éloignés des pôles d'activités, sont d'autant plus pénalisées que l'accès aux télécommunications est un facteur indispensable pour leur développement économique et touristique.
Par ailleurs, cette carence, inadmissible à notre époque, ne manque pas de poser de sérieux problèmes dans le domaine de l'organisation des secours et des soins médicaux d'urgence.
Aussi souhaite-t-il connaître les mesures que peut prendre le Gouvernement, afin de mettre en place une couverture intégrale du territoire français.
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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère de l'économie, de l'industrie et du numérique, chargé du numérique publiée le 04/02/2015
Réponse apportée en séance publique le 03/02/2015
M. Pierre Médevielle. Ma question porte sur un sujet qui n'est certes pas original, mais le problème est hélas ! récurrent : je veux parler du défaut de couverture en téléphonie mobile dans certains territoires, notamment dans mon département de la Haute-Garonne. Néanmoins, la question intéresse également tous les départements voisins, en particulier ceux du Sud-Ouest, voire certains départements du Sud-Est.
Nous avons écouté avec beaucoup d'intérêt les annonces faites au Sénat, en salle Médicis, par Mme la secrétaire d'État concernant l'avenir du numérique, avec des programmes très ambitieux- et qui le sont de plus en plus. Comme vous le savez, nos prétentions sont beaucoup plus modestes en la matière, car nous ne bénéficions même pas d'une couverture mobile correcte ! J'en ai récemment encore eu la preuve lors de la dernière campagne sénatoriale : dans le sud de mon département, comme dans les Hautes-Pyrénées, les Pyrénées-Atlantiques ou les Pyrénées-Orientales, il est quasiment impossible de bénéficier d'un accès normal à un réseau de téléphonie mobile.
Il est souhaitable que le Gouvernement fasse pression sur les opérateurs de téléphonie mobile afin que l'on réfléchisse en pourcentage du territoire couvert et non en pourcentage de la population. Il s'agirait d'un changement d'unité de mesure important, car on « trompe »en quelque sorte nos concitoyens en raisonnant en pourcentage de la population.
Nos communes, déjà situées dans des territoires enclavés et éloignés des pôles d'activités, sont d'autant plus pénalisées que l'accès aux télécommunications est un facteur indispensable pour leur développement économique et touristique dont nous avons en ce moment plus que jamais besoin.
Par ailleurs, cette carence ne manque pas de poser de sérieux problèmes dans le domaine de l'organisation des secours et des soins médicaux d'urgence, notamment en montagne. Je peux en témoigner en tant que professionnel de santé.
Madame la secrétaire d'État, quelles mesures pouvons-nous prendre, en concertation avec le Gouvernement, afin de pousser les opérateurs vers la mise en place d'une meilleure couverture du territoire français, à défaut d'une couverture intégrale, ce qui semblerait un projet un peu utopiste ?
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.
Mme Axelle Lemaire,secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique, chargée du numérique. Monsieur le sénateur Pierre Médevielle, vous l'avez souligné, avec le plan France Très Haut Débit, le Gouvernement s'est doté d'un instrument ambitieux de déploiement de nouveaux réseaux fixes - internet - dans les territoires.
Ces nouveaux réseaux à très haut débit correspondent à une réelle attente de nos concitoyens et des entreprises installées en France. Leur déploiement rend plus évidents encore les défauts de couverture en téléphonie mobile. Or il ne faudrait pas que l'on oppose un type de réseau à un autre. L'heure est de plus en plus à la convergence des réseaux, y compris en matière d'offres commerciales proposées par les opérateurs de téléphonie. Il nous faut entendre la colère qu'expriment parfois nos concitoyens ne bénéficiant pas d'une bonne couverture mobile, notamment lorsqu'il s'agit pour eux de joindre les services d'urgence ou les services médicaux en cas de situation problématique.
J'estime donc qu'il faut construire un second pilier de l'action du Gouvernement en faveur de la couverture de nos territoires en infrastructures numériques afin qu'aucune zone ne soit oubliée et que la généralisation de l'accès à internet ne devienne pas une double peine pour les territoires ruraux.
En matière de mobile, nous disposons d'une couverture plutôt meilleure que celle de tous nos voisins européens. Les chiffres figurant sur le site de l'ANFR, l'Agence nationale des fréquences, sont clairs. Les opérateurs mobiles couvraient, fin 2013, en métropole, plus de 99,9 % de la population en téléphone mobile de deuxième génération, ou 2G - bas débit mobile -, et plus de 99 % de la population en téléphonie mobile de troisième génération, ou 3G- haut débit mobile. Seule une proportion de 1,5 % de la surface du territoire métropolitain n'est couverte par aucun opérateur en 2G.
Cependant, ces chiffres ne correspondent pas toujours au ressenti des utilisateurs, surtout lorsque les conversations téléphoniques sont coupées lors des déplacements. Le nouveau président de l'autorité de régulation sectorielle, l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes, l'ARCEP, récemment nommé par le Président de la République, a confirmé sa volonté de travailler à la définition d'indicateurs traduisant mieux la réalité vécue par nos concitoyens.
Mais changer le thermomètre ne modifie en rien l'état du malade. C'est pourquoi j'ai annoncé mon intention de reprendre l'initiative en matière de couverture mobile des zones rurales, qui n'ont plus fait l'objet d'intervention de l'État depuis 2008.
Des travaux sont désormais en cours pour définir un mécanisme qui exige la mobilisation des services de l'État et l'ensemble des acteurs concernés, avec trois objectifs.
Premièrement, il s'agit d'ouvrir les cent soixante-dix communes identifiées, au-delà des précédents programmes zones blanches, qui ne disposent d'aucune couverture mobile.
Deuxièmement, il s'agit de répondre à un manque évident des programmes précédents, qui ne permettaient pas d'assurer la couverture de l'ensemble de la population des communes puisqu'ils ne visaient que les centres-bourgs. Il faut en effet pouvoir répondre aux besoins des communes les plus mal couvertes.
Troisièmement, au-delà du service téléphonique de base, il convient de s'assurer que les territoires ruraux disposent de l'accès à l'internet mobile en 3G. Un programme de couverture en 3G de 3 900 communes par l'ensemble des opérateurs devait être achevé fin 2013. Or il ne l'a pas été. Le Gouvernement travaillera avec l'ARCEP pour que l'objectif de ce programme soit atteint, ce qui permettra aussi de limiter les zones grises de la 3G.
Nous sommes donc au travail et souhaitons aboutir le plus rapidement possible à une proposition. Cette dernière sera discutée avec les représentants des collectivités et les opérateurs afin que cette situation inacceptable ne se prolonge pas.
M. le président. La parole est à M. Pierre Médevielle.
M. Pierre Médevielle. Je suis ravi, madame la secrétaire d'État, que vous fassiez le distinguo entre les arguments commerciaux des opérateurs, qui annoncent une couverture en 2G, parfois en 3G, et le ressenti dans la réalité de nos concitoyens, car les deux ne coïncident pas. Il est important que le Gouvernement ait bien pris la mesure de ce problème, qui ne manque pas - j'insiste sur ce point - de poser de sérieuses difficultés pour l'organisation des secours et des gardes, nuisant à la qualité et à la proximité de l'offre de santé pour nos concitoyens.
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