Question de M. GUILLAUME Didier (Drôme - SOC) publiée le 12/12/2014
Question posée en séance publique le 11/12/2014
M. Didier Guillaume. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Monsieur le Premier ministre, nous le savons, et nous l'avons vu encore au travers de la question qui vient d'être posée, de trop nombreux Français souffrent parce qu'il y a encore beaucoup trop d'inégalités dans notre pays. Ces inégalités sont économiques, sociales et territoriales.
En deux ans, le Gouvernement a déjà fait beaucoup. (Protestations sur les travées de l'UMP.)
M. Roger Karoutchi. Qu'il en fasse moins !
M. Didier Guillaume. Toutefois, aujourd'hui, nous devons affirmer, comme vous l'avez fait hier dans un discours, monsieur le Premier ministre, que la lutte contre les inégalités doit être au cœur de la démarche du Gouvernement. Elle doit, en tout cas, être au cœur du mouvement de gauche dans ce pays.
Mme Éliane Assassi. Vraiment ?
M. Didier Guillaume. Vous avez souhaité placer la seconde partie du quinquennat sous le signe de la lutte contre les inégalités.
Nos concitoyens le constatent, M. le ministre de l'économie vient de le rappeler, la France est bloquée, figée. Dans un sondage CSA publié aujourd'hui dans un grand quotidien du soir, quelque 84 % des Français soutiennent l'idée de la réforme, du changement, de la rénovation de ce pays. (Protestations sur les travées du groupe CRC.)
Mme Éliane Assassi. Ils sont 57 % à vouloir faire la révolution !
M. Jackie Pierre. Ils veulent l'alternance !
M. Didier Guillaume. Ils sont prêts à accompagner les réformes,
Mme Éliane Assassi. Ils veulent la retraite à 60 ans !
M. Didier Guillaume.
à condition, je le pense, qu'elles soient justes et protectrices, qu'elles aient du sens et de la cohérence.
Aussi, monsieur le Premier ministre, pouvez-vous éclairer le Sénat sur la feuille de route de votre gouvernement pour la lutte contre les inégalités de cette seconde partie du quinquennat, afin que nos concitoyens aient des raisons objectives d'espérer et retrouvent confiance ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste. M. Alain Bertrand applaudit également.)
- page 10087
Réponse du Premier ministre publiée le 12/12/2014
Réponse apportée en séance publique le 11/12/2014
M. Manuel Valls,Premier ministre. Monsieur le sénateur, nous avons en effet présenté hier, avec le ministre de l'économie et tous les membres du Gouvernement concernés, les grandes orientations du projet de loi pour la croissance et l'activité.
Le ministre de l'économie vient de le souligner, ce texte veut donner la capacité à notre pays d'utiliser tous les leviers pour la croissance, la compétitivité et l'investissement ; s'il y a une inégalité dans notre pays, en effet, c'est bien celle qui est liée au chômage.
Il s'agit donc d'un texte pour l'emploi et le pouvoir d'achat. Je le dis très clairement ici, il n'a qu'un seul objectif : servir l'intérêt général et lever tous les blocages et les freins à la croissance, en libérant les énergies et en stimulant l'économie. Pour cela, il faut ouvrir un certain nombre de secteurs ; il faut simplifier de nombreuses procédures. Il faut donc permettre que des changements concrets aient lieu dans la vie quotidienne des Français.
Nous devons lutter contre les conservatismes et contre les phénomènes de rente. Je suis d'ailleurs étonné qu'ici même, dans la partie la plus à gauche de cet hémicycle, on privilégie la rente(Protestations sur les travées du groupe CRC.),...
Mme Brigitte Gonthier-Maurin. C'est honteux !
M. Manuel Valls,Premier ministre. ... alors que ce pays a besoin de libération, de changement, d'énergie.
M. Pierre Laurent. Où est la taxe Tobin ?
M. Manuel Valls,Premier ministre. Depuis l'élection de François Hollande, nous avons beaucoup agi, en luttant contre l'immobilisme.
Nous le faisons pour renforcer le pays, mais aussi pour l'égalité, cette belle idée française, cette valeur fondamentale de la République. C'est d'ailleurs le sens de l'action du Gouvernement : la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler tôt, le compte pénibilité (Exclamations sur les travées de l'UMP.), qui fait débat, la modulation des allocations familiales,...
M. Robert del Picchia. Oh là là !
M. Manuel Valls,Premier ministre. ... c'est aussi plus d'égalité !
Lorsque nous refondons l'école de la République, lorsque nous créons 60 000 postes d'enseignants, lorsque nous mettons en uvre la réforme des rythmes scolaires, c'est aussi plus d'égalité !(Mme Dominique Gillot et M. Jean-Louis Carrère applaudissent.)
Lorsque nous créons des postes de policiers, de gendarmes et de magistrats, détruits sous le quinquennat précédent, c'est encore plus d'égalité ! Nous le savons bien, en effet, l'insécurité et la délinquance frappent les plus faibles et les plus modestes de notre société.
Dans le même temps, il faut regarder les choses en face ; vous le faites, d'ailleurs, monsieur le sénateur. Notre pays fait front à une montée des inégalités, à des fractures sociales et territoriales. La ministre Najat Vallaud-Belkacem pourrait rappeler les chiffres du classement PISA. L'effondrement de notre pays dans ce classement au cours de ces dix dernières années est dû aussi à l'absence de moyens et au fait que l'école n'était pas érigée en priorité.
D'ailleurs, monsieur Laurent, quand vous ne votez pas le budget de la nation, lequel, pour la première fois, fait de l'école de la République le premier poste de dépense, je m'étonne que vous vouliez nous donner des leçons de républicanisme, de progrès et de gauche !(Applaudissementssur les travées du groupe socialiste. - Protestations sur les travées du groupe CRC.)
M. Pierre Laurent. Ce sont les enseignants qui manifestent !
M. Manuel Valls,Premier ministre. Il faut combattre les inégalités avant même qu'elles se créent, à la racine. C'est le travail que nous devons mener dans les domaines du logement, de la santé et de l'école, qui sont des priorités.
Demain, à l'occasion d'une réunion des ministres et des secrétaires d'État, je présenterai l'agenda des réformes pour les deux ans qui viennent, jusqu'à la fin du quinquennat, afin de mieux éclairer l'avenir.
Nous l'avons bien montré hier et, au fond, c'était un beau symbole : à midi, après le conseil des ministres, nous avons présenté le projet de loi qui vise à redonner de la force à la croissance ; le soir, je me suis exprimé sur l'égalité. La gauche, quand elle gouverne, marche sur ses deux jambes : elle soutient la compétitivité et fait tout pour l'égalité. C'est comme cela que nous retrouverons pleinement, je crois, la confiance des Français.(Applaudissementssur les travées du groupe socialiste. - M. Alain Bertrand applaudit également.)
Mme Éliane Assassi. Rendez-vous en mars prochain !
- page 10088
Page mise à jour le